Difficilement joignable pour cause de calendrier chargé, nous avons profité de la conférence de presse des ex-pensionnaires du centre Planète Champions, le jeudi 5 juin 2014, pour lui arracher quelques mots. Lui, c’est l’un des éléments clefs de l’équipe nationale senior. Dans cet entretien, le sociétaire du FC Lorient, Alain Sibiri Traoré, évidemment, revient sur son rôle dans l’équipe de Paul Put, son absence lors du dernier match amical contre le Sénégal, ses rapports avec les autres membres de l’équipe, sa saison, ses blessures à répétition, le départ de son entraineur, Christian Gourcuff, l’ascension de son frère, ses ambitions, les éliminatoires de la CAN 2015, le Ballon d’Or africain… interview !
Le Quotidien : La saison est maintenant terminée dans l’Hexagone, notamment dans le championnat français où tu évolues avec ton club du FC Lorient. Comment décris-tu ta saison ?
Alain Traoré : Ma saison a été en dents de scie. Il y a eu des hauts et des bas. Et c’est logique par rapport à mes soucis de blessures de début de saison. J’ai énormément travaillé pour revenir à la hauteur des autres et ce n’était pas évident. Il fallait digérer cette grosse préparation, retrouver le rythme, la forme… Voilà, il y avait beaucoup d’aspects à prendre en compte. Je crois que je m’en suis bien sorti. Au final, j’ai joué tous les matches de la phase retour, sans problème, sans inquiétude, même si je n’ai pas été flamboyant comme on a l’habitude de me voir en championnat. Mais, c’est ainsi et ça fait partie de la carrière d’un footballeur.
Christian Gourcuff, qui est à la base de ta venue au FC Lorient, a quitté le club. Alain Traoré a-t-il des envies de départ?
Bien sûr, c’est lui qui m’a fait venir à Lorient. Mais, notre avenir n’est pas scellé. Il a sa carrière et moi j’ai la mienne à défendre. Même s’il est pratiquement en fin de carrière, moi je viens de débuter. C’est à moi de me prendre en main, de savoir me comporter et de prouver à tout le monde que ce n’est pas le coach qui m’a fait. J’ai des qualités, j’ai le talent. C’est à moi de prouver que je peux progresser et évoluer sans lui, au FC Lorient. Maintenant, on est en période de mercato et tout peut bouger très vite. C’est le football. Si j’ai une bonne proposition, on peut l’analyser. Mais pour l’instant, je suis toujours sous contrat avec le FCL (FC Lorient, ndlr).
Y a-t-il déjà des offres sur votre table?
Il y a toujours des offres quand tu es un joueur qui a la cote, qui a du talent, même si je n’aime pas le dire. Il y a toujours des équipes qui sont intéressées, toujours des présidents de clubs qui vous appellent. Pour le moment, rien n’est concret, encore moins définitif. Il faut patienter, car le mercato dure jusqu’en septembre et on verra bien ce qui peut se passer. Pour l’instant, je suis sous contrat avec mon club et je l’aime bien.
Quels sont les clubs qui ont fait des offres ?
C’est encore trop tôt pour se prononcer. Il faut encore attendre. On sera fixé dès le mois de juillet. Ça va commencer à sortir dans la presse ; on va commencer à en parler. On verra bien.
Un constat général se pose à ton sujet, depuis quelques saisons. Chaque début de saison, tu es flamboyant et quelques mois plus tard tu te blesses. Qu’est-ce qui explique cela ?
Si jamais je le savais ! On m’a beaucoup reproché d’être souvent blessé. Mais, j’ai très bien joué toute la deuxième partie de saison, sans me blesser. Les gens ont même dit qu’ils ne m’avaient jamais vu aussi brillant en deuxième partie de saison. On va essayer de travailler pour éviter tout cela et essayer d’être au top, pendant les neuf mois de compétition…
Pour revenir aux Etalons, Alain Traoré est un élément clef du dispositif de Paul Put. Peut-on dire que tu as pris une nouvelle dimension avec l’arrivée du nouveau sélectionneur ?
Bien sûr. Vers la fin du contrat de Duarte, j’ai commencé à m’imposer, dans le milieu de terrain. Quand Paul Put a pris la succession, il m’a tout de suite dit qu’il me faisait confiance et m’a dit qu’il allait me donner la clef de son système de jeu. Il a dit que c’était à moi d’être intelligent, de savoir gérer cette pression car, il y avait beaucoup d’attente autour de moi. Il m’a aussi dit que je n’étais plus le jeune joueur que les gens ont connu et que je suis devenu un homme. Il a également dit que je devais prendre mes responsabilités, en étant un leader technique sur le terrain. Non pas un leader qui va porter la voix, qui va gueuler. Mais, un leader qui va tirer toute l’équipe vers le haut, quand ça ne va pas. C’est ce que j’ai essayé de faire depuis qu’il est arrivé, et tant mieux pour moi et pour lui. Ça a bien marché jusqu’à ce qu’on arrive en finale de Coupe d’Afrique. Chose qui était improbable, il y a des mois de cela. Maintenant, il faut continuer à travailler, car on a encore beaucoup de challenges à relever, surtout la qualification pour la Coupe d’Afrique des nations 2015.
Justement, dans le cadre de la préparation des éliminatoires de cette CAN, tu as été convoqué par le sélectionneur national pour le match contre le Sénégal, plus d’une semaine à l’avance. Mais, tu n’as pas donné signe de vie.
C’est certainement un malentendu. C’est une mauvaise manière de communication entre le coach et la presse. Avant le match, le coach était un peu sous pression parce qu’on n’a plus gagné un match depuis la défaite à la finale de la Coupe d’Afrique des nations. On a fait que des matches nuls et une défaite en amical. C’était donc un peu tendu, surtout qu’on jouait à domicile. Avec la forte pression des journalistes, il a dû oublier. Sinon, il était prévu que je me repose après la longue saison que j’ai eue, car j’étais fatigué. Il était au courant, ainsi que le président de la Fédération (FBF, ndlr) et le ministre (des Sports et des Loisirs, ndlr). Mais voilà, pour ne pas déstabiliser tout le monde, on a décidé de garder le secret jusqu’après le match.
Quels sont vos rapports avec les autres membres de l’équipe nationale, notamment les ex-pensionnaires de Planète Champion, comme Pitroïpa et les anciens de l’équipe nationale ?
Il y a une très bonne ambiance. Il n’y a pas de problème d’égo, comme on peut le constater dans certains pays. On est humble, on essaie de s’entraider, de faire le maximum pour s’entendre. Je pense que c’est l’un des groupes qui vit le mieux possible sur notre continent. On a pu apercevoir cela, lors de la CAN en Afrique du Sud. Quand on rentrait dans notre camp d’entrainement, on sentait la joie de vivre. Nos voisins ivoiriens ont fait pleins de pubs de notre équipe, dans leur pays. On montrait nos images, on sentait qu’on s’aimait, qu’on était content de se retrouver. Et cela se payait sur le terrain. On voyait aussi comment on se battait tous ensemble pour le même but. C’est la force de notre équipe nationale aujourd’hui.
Votre jeune frère Bertrand est en train de se faire une place de choix au sein des Etalons senior. Comment analyses-tu cette ascension fulgurante ?
Cela ne me surprend pas. J’ai dit depuis 2012 qu’il pouvait jouer, qu’il avait sa place. C’est un talent, le futur du Burkina. Il faut donc l’aider et que tout le monde soit conscient de cela. C’est l’un des futurs meilleurs joueurs du Burkina et d’Afrique. Il a besoin de protection, il ne faut pas être trop dur avec lui. C’est surtout la presse qui doit l’épauler et tolérer certaines choses parce qu’on oublie vite son âge, au regard de ce qu’il montre sur le terrain. Il est très jeune, il monte et n’a peur de rien. Avec sa fougue de jeunesse, il veut tout casser. Il veut montrer qu’il est aussi fort que son frère (rires). C’est bien et je suis vraiment très content. Je suis fier parce que tout le monde se rend compte de ce que je disais il y a deux ans.
Quels sont tes rapports avec ton jeune frère ?
Bien sûr que nous nous fréquentons. Il est venu me voir jouer contre Montpellier et moi je suis allé voir son avant dernier match, avant les play-offs, à Vitesse. C’est mon petit frère, il vient passer les week-ends avec moi à Lorient. Pour ma part, j’ai un calendrier plus compliqué que lui. Je suis allé le voir, une fois, aux Pays-Bas, et deux ou trois fois, à Londres, pour lui rendre visite. C’est mon petit frère et on a un lien de famille très fort. Dès qu’il a le temps, il vient chez moi car, chez moi, c’est aussi chez lui. Il peut donc faire tout ce qu’il veut. C’est cela la famille.
T’arrives-t-il de lui donner des conseils, en tant qu’ainé ?
Bien sûr, on se donne des conseils et on essaie de faire avec. Pour l’instant, on a la tête sur les épaules. Tout ce qui est autour du foot ne nous perturbe pas. On essaie de se concentrer. On sait ce qu’on veut. Inch Allah, on va relever
le défi, tous ensemble.
Les Etalons partagent le même groupe que l’Angola et le Gabon, dans le cadre des éliminatoires de la CAN Maroc 2015, un commentaire ?
Je pense que ça va être très compliqué. Mais, il nous appartient de rendre cela facile. On doit être persuadé qu’on a du talent, qu’on est maintenant l’équipe à battre, comme la Côte d’Ivoire, il y a quelques années. On est vice-champion d’Afrique, ce qui fait qu’on commence à parler du Burkina un peu partout. Le Burkina, ce sont de jeunes joueurs talentueux qui veulent tout casser. Les équipes vont nous attendre et essayer de sortir le grand jeu face à nous. Ce sera à nous de montrer qu’on mérite notre statut.
Comment te vois-tu dans 4 ou 5 ans ?
Je vais toujours continuer à progresser et faire ce que je sais faire. Essayer d’aller titiller les grands joueurs africains pour faire parler de mon pays, dans la fameuse liste des très grands joueurs africains.
Fais-tu allusion au Ballon d’or africain?
Etant ambitieux, j’y pense. Mais, si je ne suis pas un jour Ballon d’or, je pense que Bertrand le sera. Et si Bertrand est un jour Ballon d’or, c’est la famille Traoré qui sera Ballon d’or. C’est mon objectif (rires). Et pour cela, il faut beaucoup de travail, étant donné que le chemin est très long. Il y a deux ans de cela, je n’étais d’ailleurs pas très loin de ce titre, car je faisais partie des dix meilleurs joueurs africains. Maintenant, il faut recommencer tout le travail. Inch Allah, ça ira.
Quel championnat te correspondrait le mieux ?
En tant que professionnel, il faut s’habituer à tous les championnats. Il faut un temps d’adaptation à l’endroit où j’irai. Il faudra me laisser le temps de m’adapter et par la suite, j’essaierai de montrer tout mon talent. Pour l’instant, je n’ai pas de choix à faire. Je suis en France, je dois continuer à travailler pour atterrir dans un grand club…
Tu n’as donc pas de préférence ?
Pas du tout. Il faut juste s’adapter à tous les challenges.
Quel est ton club préféré ?
J’aime le beau jeu. Certains supportent le Real et ne peuvent pas aimer le Barça. Mais moi, j’aime les deux équipes. J’aime le Bayern, l’AC Milan, Manchester United, Chelsea… Ce sont de grandes équipes et j’aime les voir jouer. Je regarde aussi le style des entraineurs. C’est surtout ça la beauté du football.
Au niveau local…
J’aime le RCB (Racing club de Bobo, ndlr), l’ASFA-Y (Association sportive du Faso Yennenga , ndlr), l’EFO (Etoile filante de Ouagadougou, ndlr) qui sont les grandes équipes du Burkina.
Tu ne veux apparemment pas te mouiller !
Pas du tout ! Je ne veux pas me prononcer sur une équipe. Car après, cela va me créer des problèmes (rires).
Autre chose à ajouter ?
Je remercie tous nos supporters et leur demande de continuer à nous soutenir. Car, c’est grâce à eux qu’on devient de grands joueurs .
Entretien réalisé par Philippe Bouélé BATIONO
Le Quotidien : La saison est maintenant terminée dans l’Hexagone, notamment dans le championnat français où tu évolues avec ton club du FC Lorient. Comment décris-tu ta saison ?
Alain Traoré : Ma saison a été en dents de scie. Il y a eu des hauts et des bas. Et c’est logique par rapport à mes soucis de blessures de début de saison. J’ai énormément travaillé pour revenir à la hauteur des autres et ce n’était pas évident. Il fallait digérer cette grosse préparation, retrouver le rythme, la forme… Voilà, il y avait beaucoup d’aspects à prendre en compte. Je crois que je m’en suis bien sorti. Au final, j’ai joué tous les matches de la phase retour, sans problème, sans inquiétude, même si je n’ai pas été flamboyant comme on a l’habitude de me voir en championnat. Mais, c’est ainsi et ça fait partie de la carrière d’un footballeur.
Christian Gourcuff, qui est à la base de ta venue au FC Lorient, a quitté le club. Alain Traoré a-t-il des envies de départ?
Bien sûr, c’est lui qui m’a fait venir à Lorient. Mais, notre avenir n’est pas scellé. Il a sa carrière et moi j’ai la mienne à défendre. Même s’il est pratiquement en fin de carrière, moi je viens de débuter. C’est à moi de me prendre en main, de savoir me comporter et de prouver à tout le monde que ce n’est pas le coach qui m’a fait. J’ai des qualités, j’ai le talent. C’est à moi de prouver que je peux progresser et évoluer sans lui, au FC Lorient. Maintenant, on est en période de mercato et tout peut bouger très vite. C’est le football. Si j’ai une bonne proposition, on peut l’analyser. Mais pour l’instant, je suis toujours sous contrat avec le FCL (FC Lorient, ndlr).
Y a-t-il déjà des offres sur votre table?
Il y a toujours des offres quand tu es un joueur qui a la cote, qui a du talent, même si je n’aime pas le dire. Il y a toujours des équipes qui sont intéressées, toujours des présidents de clubs qui vous appellent. Pour le moment, rien n’est concret, encore moins définitif. Il faut patienter, car le mercato dure jusqu’en septembre et on verra bien ce qui peut se passer. Pour l’instant, je suis sous contrat avec mon club et je l’aime bien.
Quels sont les clubs qui ont fait des offres ?
C’est encore trop tôt pour se prononcer. Il faut encore attendre. On sera fixé dès le mois de juillet. Ça va commencer à sortir dans la presse ; on va commencer à en parler. On verra bien.
Un constat général se pose à ton sujet, depuis quelques saisons. Chaque début de saison, tu es flamboyant et quelques mois plus tard tu te blesses. Qu’est-ce qui explique cela ?
Si jamais je le savais ! On m’a beaucoup reproché d’être souvent blessé. Mais, j’ai très bien joué toute la deuxième partie de saison, sans me blesser. Les gens ont même dit qu’ils ne m’avaient jamais vu aussi brillant en deuxième partie de saison. On va essayer de travailler pour éviter tout cela et essayer d’être au top, pendant les neuf mois de compétition…
Pour revenir aux Etalons, Alain Traoré est un élément clef du dispositif de Paul Put. Peut-on dire que tu as pris une nouvelle dimension avec l’arrivée du nouveau sélectionneur ?
Bien sûr. Vers la fin du contrat de Duarte, j’ai commencé à m’imposer, dans le milieu de terrain. Quand Paul Put a pris la succession, il m’a tout de suite dit qu’il me faisait confiance et m’a dit qu’il allait me donner la clef de son système de jeu. Il a dit que c’était à moi d’être intelligent, de savoir gérer cette pression car, il y avait beaucoup d’attente autour de moi. Il m’a aussi dit que je n’étais plus le jeune joueur que les gens ont connu et que je suis devenu un homme. Il a également dit que je devais prendre mes responsabilités, en étant un leader technique sur le terrain. Non pas un leader qui va porter la voix, qui va gueuler. Mais, un leader qui va tirer toute l’équipe vers le haut, quand ça ne va pas. C’est ce que j’ai essayé de faire depuis qu’il est arrivé, et tant mieux pour moi et pour lui. Ça a bien marché jusqu’à ce qu’on arrive en finale de Coupe d’Afrique. Chose qui était improbable, il y a des mois de cela. Maintenant, il faut continuer à travailler, car on a encore beaucoup de challenges à relever, surtout la qualification pour la Coupe d’Afrique des nations 2015.
Justement, dans le cadre de la préparation des éliminatoires de cette CAN, tu as été convoqué par le sélectionneur national pour le match contre le Sénégal, plus d’une semaine à l’avance. Mais, tu n’as pas donné signe de vie.
C’est certainement un malentendu. C’est une mauvaise manière de communication entre le coach et la presse. Avant le match, le coach était un peu sous pression parce qu’on n’a plus gagné un match depuis la défaite à la finale de la Coupe d’Afrique des nations. On a fait que des matches nuls et une défaite en amical. C’était donc un peu tendu, surtout qu’on jouait à domicile. Avec la forte pression des journalistes, il a dû oublier. Sinon, il était prévu que je me repose après la longue saison que j’ai eue, car j’étais fatigué. Il était au courant, ainsi que le président de la Fédération (FBF, ndlr) et le ministre (des Sports et des Loisirs, ndlr). Mais voilà, pour ne pas déstabiliser tout le monde, on a décidé de garder le secret jusqu’après le match.
Quels sont vos rapports avec les autres membres de l’équipe nationale, notamment les ex-pensionnaires de Planète Champion, comme Pitroïpa et les anciens de l’équipe nationale ?
Il y a une très bonne ambiance. Il n’y a pas de problème d’égo, comme on peut le constater dans certains pays. On est humble, on essaie de s’entraider, de faire le maximum pour s’entendre. Je pense que c’est l’un des groupes qui vit le mieux possible sur notre continent. On a pu apercevoir cela, lors de la CAN en Afrique du Sud. Quand on rentrait dans notre camp d’entrainement, on sentait la joie de vivre. Nos voisins ivoiriens ont fait pleins de pubs de notre équipe, dans leur pays. On montrait nos images, on sentait qu’on s’aimait, qu’on était content de se retrouver. Et cela se payait sur le terrain. On voyait aussi comment on se battait tous ensemble pour le même but. C’est la force de notre équipe nationale aujourd’hui.
Votre jeune frère Bertrand est en train de se faire une place de choix au sein des Etalons senior. Comment analyses-tu cette ascension fulgurante ?
Cela ne me surprend pas. J’ai dit depuis 2012 qu’il pouvait jouer, qu’il avait sa place. C’est un talent, le futur du Burkina. Il faut donc l’aider et que tout le monde soit conscient de cela. C’est l’un des futurs meilleurs joueurs du Burkina et d’Afrique. Il a besoin de protection, il ne faut pas être trop dur avec lui. C’est surtout la presse qui doit l’épauler et tolérer certaines choses parce qu’on oublie vite son âge, au regard de ce qu’il montre sur le terrain. Il est très jeune, il monte et n’a peur de rien. Avec sa fougue de jeunesse, il veut tout casser. Il veut montrer qu’il est aussi fort que son frère (rires). C’est bien et je suis vraiment très content. Je suis fier parce que tout le monde se rend compte de ce que je disais il y a deux ans.
Quels sont tes rapports avec ton jeune frère ?
Bien sûr que nous nous fréquentons. Il est venu me voir jouer contre Montpellier et moi je suis allé voir son avant dernier match, avant les play-offs, à Vitesse. C’est mon petit frère, il vient passer les week-ends avec moi à Lorient. Pour ma part, j’ai un calendrier plus compliqué que lui. Je suis allé le voir, une fois, aux Pays-Bas, et deux ou trois fois, à Londres, pour lui rendre visite. C’est mon petit frère et on a un lien de famille très fort. Dès qu’il a le temps, il vient chez moi car, chez moi, c’est aussi chez lui. Il peut donc faire tout ce qu’il veut. C’est cela la famille.
T’arrives-t-il de lui donner des conseils, en tant qu’ainé ?
Bien sûr, on se donne des conseils et on essaie de faire avec. Pour l’instant, on a la tête sur les épaules. Tout ce qui est autour du foot ne nous perturbe pas. On essaie de se concentrer. On sait ce qu’on veut. Inch Allah, on va relever
le défi, tous ensemble.
Les Etalons partagent le même groupe que l’Angola et le Gabon, dans le cadre des éliminatoires de la CAN Maroc 2015, un commentaire ?
Je pense que ça va être très compliqué. Mais, il nous appartient de rendre cela facile. On doit être persuadé qu’on a du talent, qu’on est maintenant l’équipe à battre, comme la Côte d’Ivoire, il y a quelques années. On est vice-champion d’Afrique, ce qui fait qu’on commence à parler du Burkina un peu partout. Le Burkina, ce sont de jeunes joueurs talentueux qui veulent tout casser. Les équipes vont nous attendre et essayer de sortir le grand jeu face à nous. Ce sera à nous de montrer qu’on mérite notre statut.
Comment te vois-tu dans 4 ou 5 ans ?
Je vais toujours continuer à progresser et faire ce que je sais faire. Essayer d’aller titiller les grands joueurs africains pour faire parler de mon pays, dans la fameuse liste des très grands joueurs africains.
Fais-tu allusion au Ballon d’or africain?
Etant ambitieux, j’y pense. Mais, si je ne suis pas un jour Ballon d’or, je pense que Bertrand le sera. Et si Bertrand est un jour Ballon d’or, c’est la famille Traoré qui sera Ballon d’or. C’est mon objectif (rires). Et pour cela, il faut beaucoup de travail, étant donné que le chemin est très long. Il y a deux ans de cela, je n’étais d’ailleurs pas très loin de ce titre, car je faisais partie des dix meilleurs joueurs africains. Maintenant, il faut recommencer tout le travail. Inch Allah, ça ira.
Quel championnat te correspondrait le mieux ?
En tant que professionnel, il faut s’habituer à tous les championnats. Il faut un temps d’adaptation à l’endroit où j’irai. Il faudra me laisser le temps de m’adapter et par la suite, j’essaierai de montrer tout mon talent. Pour l’instant, je n’ai pas de choix à faire. Je suis en France, je dois continuer à travailler pour atterrir dans un grand club…
Tu n’as donc pas de préférence ?
Pas du tout. Il faut juste s’adapter à tous les challenges.
Quel est ton club préféré ?
J’aime le beau jeu. Certains supportent le Real et ne peuvent pas aimer le Barça. Mais moi, j’aime les deux équipes. J’aime le Bayern, l’AC Milan, Manchester United, Chelsea… Ce sont de grandes équipes et j’aime les voir jouer. Je regarde aussi le style des entraineurs. C’est surtout ça la beauté du football.
Au niveau local…
J’aime le RCB (Racing club de Bobo, ndlr), l’ASFA-Y (Association sportive du Faso Yennenga , ndlr), l’EFO (Etoile filante de Ouagadougou, ndlr) qui sont les grandes équipes du Burkina.
Tu ne veux apparemment pas te mouiller !
Pas du tout ! Je ne veux pas me prononcer sur une équipe. Car après, cela va me créer des problèmes (rires).
Autre chose à ajouter ?
Je remercie tous nos supporters et leur demande de continuer à nous soutenir. Car, c’est grâce à eux qu’on devient de grands joueurs .
Entretien réalisé par Philippe Bouélé BATIONO