Depuis ces quinze dernières années, les clubs burkinabè n’arrivent toujours pas à se faire valoir dans les coupes africaines. A chaque campagne, ce sont les mêmes résultats ; c’est-à-dire qu’on fait un tour et on revient. Mais avec quels joueurs ? C’est là tout le problème et il est temps que nos équipes changent leur fusil d’épaule. Aujourd’hui, il faut passer à autre chose pour éviter d’aller chaque fois faire de la figuration. Et cela demande un minimum d’organisation pourvu seulement qu’on sache où on veut aller.
C’est vrai qu’ici les clubs n’ont pas les moyens de leur politique, mais est-ce une raison pour ne pas tendre au changement ? Avec l’élimination de l’Etoile Filante de Ouagadougou (EFO) en seizième de finale de la Ligue des champions et de l’Union sportive de Ouagadougou (USO) en Coupe CAF, cela devra être matière à réflexion.
Si vous l’avez remarqué, les clubs burkinabè ont toujours débuté les coupes africaines par le tour préliminaire. Savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils font partie des nullards qui n’avancent pas en classe. Et cela est pris en compte au moment du tirage des coupes africaines par la Confédération africaine de football (CAF).
A quoi sert donc de dominer le championnat national si on n’arrive pas à prouver à un autre niveau qu’on a les arguments pour dominer l’Afrique ? Un grand club comme l’EFO, qui a des nombreux supporters disséminés dans les quatre coins du pays, devra dès maintenant planter des jalons pour un travail futur.
Et cela passe nécessairement par une école de foot avec des encadreurs de haut niveau. Un centre de football digne de ce nom hors de la ville serait l’idéal pour implanter quelque chose de solide et de durable. Pour intégrer ce centre qui peut porter le nom du fondateur de l’EFO, feu Oumarou Kouanda, il faut commencer par des tests de détection dans la ville de Ouagadougou et dans d’autres provinces.
Les jeunes joueurs recrutés devront être âgés de 11 à 12 ans et il faut prendre en compte le niveau scolaire. Avec eux, il s’agira de travailler essentiellement dans la durée. En outre, pour bien faire les choses, il serait encore intéressant de construire des classes pour assurer la scolarité des pensionnaires afin qu’ils puissent un jour choisir entre le football et la vie scolaire.
Tout cela est une question d’organisation et de volonté ; et pour que ce projet aboutisse, on peut se tourner vers des sponsors. Les supporters devront aussi mettre la main à la pâte et toutes les contributions peuvent servir. Ce que nous disons est aussi valable pour les autres clubs.
A dire vrai, c’est un travail de longue haleine et quand on sait qu’à l’EFO, il y a des responsables qui ont les portefeuilles bien garnis, le projet peut tenir la route. C’est la seule voie pour avoir des joueurs talentueux et rêver de la conquête de l’Afrique. Ce n’est pas en recrutant par-ci, par-là pendant l’intersaison des joueurs pour ne pas dire en déstabilisant les autres clubs qu’on peut aller jouer les seconds rôles en Ligue des champions et en coupe CAF.
S’il y a un club, dans la sous-région, qui a donné l’exemple en matière de formation, c’est bien l’Asec Mimosas. Hier dans l’antichambre d’une simple équipe de football, elle est aujourd’hui entrée dans la cour des clubs professionnels. Tout avait commencé en 1989 et petit à petit, les Mimos ont pris leur envol à travers de solides structures qui lui confèrent une image nouvelle, celle d’un grand club.
A force d’y croire, les résultats techniques ont suivi : un trophée en Ligue des champions en 1998, une supercoupe d’Afrique en 1999 et de nombreux titres de champion de Côte d’Ivoire sans compter les coupes nationales. Depuis 1994, l’Asec a créé son académie de football qui fait la fierté du club. Plus qu’un centre classique, l’académie Mimosifcom est une véritable école de la vie pour les adolescents, issus pour la plupart des quartiers défavorisés.
Le club a formé des joueurs tels que Baki Koné, Salomon Kalou, Aruna Dindané, Yaya et Kolo Touré, Didier Zokoura qui évoluent tous en Europe. Le dimanche 5 avril dernier, au stade du 4-Août, la plupart des joueurs qui étaient alignés contre les Stellistes sont issus de ce centre. Ils ont entre 18 et 22 ans et techniquement, ils étaient supérieurs à leurs adversaires. Comme on le dit au bord de la lagune Ebrié, « ballon connaît son grand-frère ».
Dans la vie de tous les jours, il n’y a pas de honte à suivre l’exemple de ce que fait l’autre. L’EFO et l’ASFA-Y, les deux grands du football burkinabè devront s’inspirer de l’Asec pour mériter davantage leur rang.
Franchement, quand on a plus de 40 ans d’existence et que rien ne se construit, on sera toujours renvoyé honteusement à ses chères études. L’improvisation n’a pas sa place sur le terrain et il ne faut pas non plus croire que le miracle existe en football. Comme en littérature, l’imbrication des divers éléments du récit donne au roman une grande cohérence.
Justin Daboné-observateur