Les Etalons sont-ils tombés dans la suffisance ?

La programmation de la rencontre Burkina Faso – Comores, a fait couler beaucoup d’encre et de salive, quant à l’opportunité d’affronter une sélection quasiment pas connue sur l’échiquier mondiale. De l’encre et de la salive, il va en couler encore après le nul concédé par le vice-champion d’Afrique contre la 198ème sélection mondiale.

Pour le compte de la dernière journée FIFA avant le début de la Coupe du monde 2014, les fédérations burkinabè et comorienne se sont accordées pour l’organisation d’un match amical entre leurs équipes nationales de football. Une affiche inédite qui n’a pas été du goût de nombre d’observateurs burkinabè. Pourquoi les Comores, alors que nous avons un statut de vice-champion d’Afrique ? Telle était l’interrogation des supporteurs des Etalons. Il faut dire que le fait que les Cœlacanthes, nom de l’équipe de l’équipe des Comores, ne pèsent pas lourd sur le plan international a laissé perplexe plus d’un, quant à la pertinence et l’opportunité d’une telle opposition. Surtout que dans les coulisses, il s’est murmuré que la Colombie voire le Honduras, deux mondialistes, étaient sur les rangs pour se coltiner la sélection du Pays des Hommes intègres. Oui sur le papier le carnage des Comores par le Burkina Faso était programmé. Seulement le football se joue sur un rectangle vert à onze contre onze, avec un seul ballon rond pour tous les 22 acteurs. Les Comores ont montré qu’ils pouvaient tenir tête à l’équipe surprise de la CAN 2013. Le résultat final de 1-1 est bien là pour l’attester. Un match nul qui peut être vu comme une belle performance des Comores et un avertissement pour le Burkina Faso.








Des Etalons indignes de leur statut…
Son statut de vice-champion d’Afrique, qui ne signifie pas grand-chose d’ailleurs, et sa position dans le Top 10 africain des sélections nationales, le Burkina Faso le doit en grande partie à son beau parcours de la CAN 2013 et à ses exploits durant les éliminatoires du Mondial 2014. Il est alors difficile de dire que Charles Kaboré et les siens ont usurpé leurs rangs. Seulement, nombre des joueurs qui ont formé l’ossature de la sélection qui a fait rêver le pays tout entier, connaissent des moments difficiles en clubs. Ceux-ci n’ont quasiment pas su surfer sur la vague de leurs exploits pour s’affirmer davantage et franchir des paliers. Pis, certains sont restés sans club, durant l’année qui a suivi la CAN, ou devenus de simples remplaçants, mais ont toujours conservé la confiance du sélectionneur Paul Put. Rappelons le, le technicien belge dans une de ses sorties n’a pas manqué de faire savoir qu’il n’était pas « du genre à laisser tomber ses joueurs ». Soit ! Il ne faut donc pas être surpris de voir des joueurs trainer les pieds pour se rendre en sélection du moment qu’il n’y a pas de souci à se faire car l’on a une place acquise d’avance. Il est important d’indiquer que sur 23 joueurs appelés, le sélectionneur n’a pu compter que sur un groupe de 15. Des motifs précis de ces absences n’ont cependant pas été donnés. Hormis le forfait de Djakaridja Koné pour cause de blessure. Pourtant, certains jeunes qui s’affirment de plus en plus dans leurs clubs respectifs, auraient été prêts à venir à pieds, s’ils avaient été appelés pour faire face à ces défections. Pour revenir au match Burkina Faso – Comores, qui s’est soldé sur un score nul de 1-1, les différents rapports des confrères présents à Martigues, font cas d’une pâle copie rendue par les poulains de Paul Put. N’eut été un Germain Sanou en état de grâce ou la maladresse des attaquants adverses, les Cœlacanthes auraient épinglé les Etalons à leur tableau de chasse.








…ou tombés dans la suffisance ?
L’affiche n’était peut-être pas assez alléchante pour certains de nos joueurs pour se donner à fond. Comme le rapporte FranceFootball, Paul Put a même évoqué un « manque de motivation », pour parler de la prestation de ses poulains. Mais du moment que le choix de la FBF s’est porté sur les Comores, il n’y a plus à se poser de questions. Quelque soit les circonstances, quand on est appelé à revêtir la tunique du onze national, le coup doit être joué sans réserve si on accepte de répondre présent. Cette contre-performance est un avertissement pour Charles Kaboré et ses coéquipiers. Le plus dur n’étant pas d’arriver au sommet mais plutôt de s’y maintenir, les Etalons devront retrouver de l’humilité et avoir du respect pour leurs adversaires. Se voir trop beau, pourrait bien jouer un sale tour aux Etalons. Car partout où ils iront désormais, ils seront attendus de pieds fermes par leurs adversaires. A moins que nous sommes en train de nous tromper et que l’euphorie de la CAN 2013 passée, le Burkina Faso a affiché son réel niveau face à la modeste formation des Comores.




Gaël Péma Bayala