Les espoirs déçus du football burkinabè: Des noms et non des renoms
08/04/201518:41
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Rien qu’à évoquer les noms de certains sportifs, les souvenirs rejaillissent et toutes fraîches pour se remémorer les exploits qu’ils réalisaient dans un passé proche. On était même prêt à les dresser un pont d’or tant on était sûr qu’ils incarneraient l’avenir du football burkinabè. Mais à l’âge de la maturité où ils devaient donner la plénitude de leur talent, on est déçu de ne plus voir leurs trace sur les écrans des radars.
On est content de voir les joueurs argentins Carlos Tevez, Javier Mascherano, Pablo Zabaleta, espagnols, Andrès Iniesta, Fernando Torres et français, Anthony Le Tallec, Mourad Meghni, Hassan Yebda pour ne citer qu’eux, présents à la coupe du monde des cadets 2001 à Trinidad Et Tobago, faire encore la fierté de leur nation et de leur formation respective. Mais au Burkina, au lieu que cette génération (médaillée de bronze à cette coupe du monde des moins de 17 ans) prennent le pouvoir, elle émarge sur la colonne des abonnés absents. Plutôt que de surfer sur cet élan de réussite qui a mis sous les projecteurs le football burkinabè, beaucoup n’ont pas su tirer les marrons du feu. Mais ce n’est pas seulement dans cette génération de mondialistes qu’on a pu déceler des joueurs qui ont eu maille à partir avec leur carrière sportive. Le premier de cordée est sans conteste Habib Bamogo. A 32 ans, le natif de Paris, formé à Clairefontaine et qui a fait toutes ses classes dans les équipes de jeunes de la France, devait briller de mille feux. Mais Bamogo a disparu de l’environnement footballistique européen très tôt. Dire même qu’il était dans la présélection française pour la coupe du monde 2006. Sa trajectoire en carrière a été très sinueuse. Après Montpellier, Marseille, Nantes, Celta Vigo, Nice, il ira se perdre aujourd’hui en Indonésie et dans le club de Persiram Raja Ampat. Que dire alors de Hervé Oussalé ? Formé à Planète Champion, il est le véritable globe-trotter des footballeurs burkinabè. A 27 ans, il a déjà connu une dizaine de clubs et pas des moindres. Le FC Brussels, Alemania Aachen, Mons, Persepolis, MC Alger, ASO Chlef, CF Mounana en passant par l’EFO et l’USFA sont des formations qui ont déjà bénéficié du talent de l’attaquant burkinabè. Le hic, est que Oussalé a un tempérament bien trempé, ce qui lui vaut d’avoir tout le temps des démêlées avec ses dirigeants. Comme cela a été le cas lors de son passage au Gabon avec le président de CF Mounana qui avait confisqué ses papiers avant de le faire molester par la police pour propos injurieux à son égard. A 27 ans, l’ex planétaire, talentueux mais fougueux monnaie aujourd’hui ses talents en Autriche dans le club de Wolfsberger. C’est un joueur que le Burkina peut encore récupérer pour peu qu’il s’assagisse et ne pense plus qu’à donner une autre dimension à sa carrière. Car plusieurs de ses copains n’ont pas eu cette chance. On pense d’abord à Soumaïla Tassembédo. A 31 ans, "Tass” est déjà poussé vers la sortie. Quel gâchis pour le football national. Ce défenseur, à ses premières sorties avec l’EFO, avait fini de convaincre quant à ses potentialités de s’imposer en Europe. Il prend la direction de la Moldavie et la formation de Sheriff Tiraspol. Mais une blessure viendra plomber son ascension. Revenu au bercail, "Tass” tente de se relancer sans succès à l’EFO puis au Santos FC. Il sera l’une des grandes pertes du football burkinabè.
Conombo et les poisses
Mais pas comme Henoch Conombo. Technique, rapide et adroit devant les buts, tout Planète champion comptait sur Conombo pour changer de dimension. Très jeune, il est accueilli par le Sporting club de Bastia en 2001. Le gamin ne tarde pas à se faire remarquer et il est champion de France avec les -15 ans dès sa première saison. Il figure même parmi les meilleurs buteurs de cette compétition. En octobre 2004, il est lancé dans le grand bain face au PSG. Ce jour-là, il touchera du bois. Son premier malheur dans le football arrive lors de la demi-finale de la CAN juniors 2003. Sur un contact avec le portier ivoirien, son coéquipier en club Daniel Yeboah, il est victime d’une double fracture tibia-péroné. Il mettra plus de 18 mois avant de revenir. En 2005, il subit une opération au genou droit qui l’éloigne encore des terrains pour longtemps. Il finit par revenir. Le temps de renouer avec la compétition, il entre en cours de match et signe un doublé et se blesse lors de son second but qui l’oblige encore à un arrêt de 4 mois. Finalement Henoch Conombo est libéré par Bastia et il s’engage en juin 2009 avec Chambéry. Avec les Etalons, l’ex pensionnaire de Planète Champion a épaté le stade du 4-Août lors de sa première sélection le 26 mars 2005. Ce jour-là, il délivre un caviar à Dagano qui ouvre le score même si les Etalons ont été battus par le Cap Vert. Il est désigné l’homme du match. Mais ses multiples blessures l’empêcheront de rééditer ses exploits avec la sélection nationale où il était parti pour un bail longue durée. A 28 ans et martyrisé par les blessures, Conombo finit par dire adieu au monde du football.
Autre talent qui a donné dos rapidement au monde du ballon rond est Abdoul Aziz Nikiéma. Après Planète champion, il ira finir sa formation à Bordeaux. Doté d’une aisance technique et clairvoyant dans le jeu, Aziz, dépositaire du jeu des Etalons cadets 2001 et juniors 2003 ne tarde pas à se faire une place dans l’équipe fanion. Mais en club, sa trajectoire ne sera pas aussi rectiligne. Après Bordeaux où il ne s’impose pas en équipe première contrairement à Marc Planus, Marouane Chamack ou Rio Mavubo ses potes de la réserve girondine, il s’exile à Niort où il y reste 3 ans. Ensuite il ira à l’abordage du championnat chinois dans le club de Qingdao Jonoon avant de revenir en Europe à Trofense (D2 Portugal). Sous la pression de ses coéquipiers de Planète champion, il est sélectionné pour la CAN 2010 afin de se relancer. Mais le joueur, tenaillé par les blessures finit par baisser les bras. A 29 ans aujourd’hui, Aziz qui aurait dû être un cadre de la sélection nationale maintenant a quitté le monde du football mais y garde quand même un pied là-dedans car il passe ses diplômes d’entraîneurs en France.
"Tigana” et le crachat
S’il y a un joueur sur qui le Burkina fondait de grands espoirs, c’est bien Amadou Coulibaly "Tigana”. Il était déjà au-dessus de la moyenne dans sa promotion. L’ex-président de la FBF, Seydou Diakité l’avait même pris sous son aile protectrice en vue d’en faire le meilleur défenseur des Etalons. Il intègre l’effectif professionnel de Rennes en 2005. En cette même année, il est victime d’une rupture des ligaments croisés du genou qui l’oblige à un repos prolongé. Il restera à Rennes deux saisons sans pouvoir confirmer, laissant des joueurs comme Stéphane Mbia lui ravir sa place. Il essaiera de se relancer à Grenoble (2007-2008) sans succès avant de quitter la France pour la Slovaquie puis la Belgique (2008-2012). Depuis 2012, il fait les beaux jours d’un club de CFA en France, Echirolles. Si en sélection nationale, il s’était imposé en maître à droite de la défense, il connaîtra un terrible coup d’arrêt. En septembre 2004 lors d’une rencontre des éliminatoires de la CAN et de la coupe du monde 2006 en RD Congo, il est accusé d’avoir craché sur l’arbitre du match. Un comportement qui l’amènera à écoper d’une suspension de 18 mois. Sa carrière en pâtira également. A 30 ans aujourd’hui, "Tiken” comme l’appellent les intimes n’affiche plus un niveau pour postuler dans les Etalons. Lui aussi constitue une perte énorme pour le football burkinabè. Il en est de même pour Yahia Kébé. A 29 ans, celui qui a été formé à Bordeaux avec Aziz Nikiéma et qui a aidé Libourne-Saint-Seurin à intégrer la Ligue 2 en finissant meilleur buteur de National broie son pain noir à Al Kharitiyath (2009-2015). Mais avant de s’envoler pour le Golfe, il a fait une pige en Ligue 1 avec l’ESTAC (2007-2009). Kébé était considéré comme l’attaquant qui devait tenir à bout de bras le front offensif des Etalons. Il y parvenait tant bien que mal jusqu’au jour où il a tenu tête à "Saboteur” alors sélectionneur national au cours d’une séance d’entraînement. Ecarté du groupe, il éprouvera du mal à revenir et il se fera ainsi oublier progressivement. Son cas est quelque peu similaire à celui de Lamine Traoré. A 32 ans, celui qui a longtemps fait la paire centrale de la défense burkinabè avec Moussa Ouattara "Bouffe-tout” s’est reconverti dans les affaires après avoir tourné le dos au football. Pourtant il a vécu les grandes soirées de la ligue des Champions avec Anderlecht (2001-2006) avant d’aller voir du côté de la Turquie à Gençlerbirligi (2006-2009). Il a également disputé deux CAN avec les Etalons (2002 et 2004). Il aurait dû être aujourd’hui la pierre angulaire de cette défense burkinabè. Idem pour Moussa Ouattara qui est resté en sélection jusqu’à la CAN 2010. Lui aussi a payé un écart de conduite en tenant tête à Paulo Duarte qui a refusé de le titulariser à la place de Mamadou Tall. "Bouffe-tout”, aujourd’hui âgé de 33ans, évolue dans le modeste club de Schermbeck. Le véloce défenseur burkinabè a fait les beaux jours de Tours (2000-2003), de Créteil (2003-2005), de Legia Varsovie (2005-2006) et de Kaiserslautern (2006-2010). On pourrait revenir sur des éléments comme Bureima Maïga, Sié Hermann, Tanguy Barro, Amadou Touré, Abraham Loliga Ghana, Boureïma Ouattara, Jeannot Bouyain ou Harouna Bamogo dans un second volet des espoirs déchus du football burkinabè car la liste est encore non exhaustive. Nous nous arrêterons à là pour l’instant.
Béranger ILBOUDO
Conombo et les poisses
Mais pas comme Henoch Conombo. Technique, rapide et adroit devant les buts, tout Planète champion comptait sur Conombo pour changer de dimension. Très jeune, il est accueilli par le Sporting club de Bastia en 2001. Le gamin ne tarde pas à se faire remarquer et il est champion de France avec les -15 ans dès sa première saison. Il figure même parmi les meilleurs buteurs de cette compétition. En octobre 2004, il est lancé dans le grand bain face au PSG. Ce jour-là, il touchera du bois. Son premier malheur dans le football arrive lors de la demi-finale de la CAN juniors 2003. Sur un contact avec le portier ivoirien, son coéquipier en club Daniel Yeboah, il est victime d’une double fracture tibia-péroné. Il mettra plus de 18 mois avant de revenir. En 2005, il subit une opération au genou droit qui l’éloigne encore des terrains pour longtemps. Il finit par revenir. Le temps de renouer avec la compétition, il entre en cours de match et signe un doublé et se blesse lors de son second but qui l’oblige encore à un arrêt de 4 mois. Finalement Henoch Conombo est libéré par Bastia et il s’engage en juin 2009 avec Chambéry. Avec les Etalons, l’ex pensionnaire de Planète Champion a épaté le stade du 4-Août lors de sa première sélection le 26 mars 2005. Ce jour-là, il délivre un caviar à Dagano qui ouvre le score même si les Etalons ont été battus par le Cap Vert. Il est désigné l’homme du match. Mais ses multiples blessures l’empêcheront de rééditer ses exploits avec la sélection nationale où il était parti pour un bail longue durée. A 28 ans et martyrisé par les blessures, Conombo finit par dire adieu au monde du football.
Autre talent qui a donné dos rapidement au monde du ballon rond est Abdoul Aziz Nikiéma. Après Planète champion, il ira finir sa formation à Bordeaux. Doté d’une aisance technique et clairvoyant dans le jeu, Aziz, dépositaire du jeu des Etalons cadets 2001 et juniors 2003 ne tarde pas à se faire une place dans l’équipe fanion. Mais en club, sa trajectoire ne sera pas aussi rectiligne. Après Bordeaux où il ne s’impose pas en équipe première contrairement à Marc Planus, Marouane Chamack ou Rio Mavubo ses potes de la réserve girondine, il s’exile à Niort où il y reste 3 ans. Ensuite il ira à l’abordage du championnat chinois dans le club de Qingdao Jonoon avant de revenir en Europe à Trofense (D2 Portugal). Sous la pression de ses coéquipiers de Planète champion, il est sélectionné pour la CAN 2010 afin de se relancer. Mais le joueur, tenaillé par les blessures finit par baisser les bras. A 29 ans aujourd’hui, Aziz qui aurait dû être un cadre de la sélection nationale maintenant a quitté le monde du football mais y garde quand même un pied là-dedans car il passe ses diplômes d’entraîneurs en France.
"Tigana” et le crachat
S’il y a un joueur sur qui le Burkina fondait de grands espoirs, c’est bien Amadou Coulibaly "Tigana”. Il était déjà au-dessus de la moyenne dans sa promotion. L’ex-président de la FBF, Seydou Diakité l’avait même pris sous son aile protectrice en vue d’en faire le meilleur défenseur des Etalons. Il intègre l’effectif professionnel de Rennes en 2005. En cette même année, il est victime d’une rupture des ligaments croisés du genou qui l’oblige à un repos prolongé. Il restera à Rennes deux saisons sans pouvoir confirmer, laissant des joueurs comme Stéphane Mbia lui ravir sa place. Il essaiera de se relancer à Grenoble (2007-2008) sans succès avant de quitter la France pour la Slovaquie puis la Belgique (2008-2012). Depuis 2012, il fait les beaux jours d’un club de CFA en France, Echirolles. Si en sélection nationale, il s’était imposé en maître à droite de la défense, il connaîtra un terrible coup d’arrêt. En septembre 2004 lors d’une rencontre des éliminatoires de la CAN et de la coupe du monde 2006 en RD Congo, il est accusé d’avoir craché sur l’arbitre du match. Un comportement qui l’amènera à écoper d’une suspension de 18 mois. Sa carrière en pâtira également. A 30 ans aujourd’hui, "Tiken” comme l’appellent les intimes n’affiche plus un niveau pour postuler dans les Etalons. Lui aussi constitue une perte énorme pour le football burkinabè. Il en est de même pour Yahia Kébé. A 29 ans, celui qui a été formé à Bordeaux avec Aziz Nikiéma et qui a aidé Libourne-Saint-Seurin à intégrer la Ligue 2 en finissant meilleur buteur de National broie son pain noir à Al Kharitiyath (2009-2015). Mais avant de s’envoler pour le Golfe, il a fait une pige en Ligue 1 avec l’ESTAC (2007-2009). Kébé était considéré comme l’attaquant qui devait tenir à bout de bras le front offensif des Etalons. Il y parvenait tant bien que mal jusqu’au jour où il a tenu tête à "Saboteur” alors sélectionneur national au cours d’une séance d’entraînement. Ecarté du groupe, il éprouvera du mal à revenir et il se fera ainsi oublier progressivement. Son cas est quelque peu similaire à celui de Lamine Traoré. A 32 ans, celui qui a longtemps fait la paire centrale de la défense burkinabè avec Moussa Ouattara "Bouffe-tout” s’est reconverti dans les affaires après avoir tourné le dos au football. Pourtant il a vécu les grandes soirées de la ligue des Champions avec Anderlecht (2001-2006) avant d’aller voir du côté de la Turquie à Gençlerbirligi (2006-2009). Il a également disputé deux CAN avec les Etalons (2002 et 2004). Il aurait dû être aujourd’hui la pierre angulaire de cette défense burkinabè. Idem pour Moussa Ouattara qui est resté en sélection jusqu’à la CAN 2010. Lui aussi a payé un écart de conduite en tenant tête à Paulo Duarte qui a refusé de le titulariser à la place de Mamadou Tall. "Bouffe-tout”, aujourd’hui âgé de 33ans, évolue dans le modeste club de Schermbeck. Le véloce défenseur burkinabè a fait les beaux jours de Tours (2000-2003), de Créteil (2003-2005), de Legia Varsovie (2005-2006) et de Kaiserslautern (2006-2010). On pourrait revenir sur des éléments comme Bureima Maïga, Sié Hermann, Tanguy Barro, Amadou Touré, Abraham Loliga Ghana, Boureïma Ouattara, Jeannot Bouyain ou Harouna Bamogo dans un second volet des espoirs déchus du football burkinabè car la liste est encore non exhaustive. Nous nous arrêterons à là pour l’instant.
Béranger ILBOUDO