ANGOLA 2010
Terreur sur la CAN
dimanche 10 janvier 2010, page visitée 57 fois
La terreur règne sur la CAN 2010 en
Angola. Le Togo victime plie bagage et le Ghana exige plus de sécurité
pour les joueurs. Mais que peuvent vraiment les autorités angolaises et
la CAF (Confédération africaine de football) devant les menaces du
FLEC, à un moment où même les plus puissants de ce monde se montrent
fébriles face à un terrorisme à multiples visages ?
Les Eperviers togolais ont donc regagné le bercail à bord d’un avion présidentiel. Le bras de fer qui les
opposait aux dirigeants politiques de leur pays n’aura pas duré. A
Lomé, le Premier ministre avait souligné que si les joueurs
participaient malgré tout à la CAN, ils ne représenteraient plus le
Togo. Pour M. Gilbert Fossoun Houngbo en effet, ce serait irresponsable
de la part des autorités de laisser les joueurs continuer comme si de
rien n’était. Suite à une concertation, le capitaine Adebayor et ses
coéquipiers ont donc préféré obéir aux instructions.
Le forfait du Togo est compréhensible autant que les frustrations qui peuvent envahir une équipe qui avait
minutieusement préparé sa CAN. Mais il est heureux que les joueurs
aient su faire preuve de discipline. D’ailleurs, dimanche à Cabinda,
Burkinabè et Ghanéens se disaient prêts à boycotter la CAN en
solidarité avec les joueurs togolais affectés par les récents
événements. On sait que l’entraîneur adjoint et l’attaché de presse de
l’équipe des Eperviers ont été tués dans la fusillade survenue vendredi
dans l’enclave de Cabinda.
Par contre, on admet difficilement la légèreté des dirigeants de la CAF qui semblent avoir fait fi des
problèmes de sécurité qui étaient pourtant évidents en Angola. Ce n’est
ni intelligent, ni responsable d’avoir confié l’organisation de cette
manifestation à l’Angola qu’on sait pourtant en hostilité avec les
combattants du FLEC. A-t-on vraiment bien évalué la situation ?
Certaines choses étaient à prévoir, étant donné les réalités du
terrain. La CAF aurait dû se montrer plus exigeante et refuser
l’organisation de matches au Cabinda dont les revendications
sécessionnistes sont bien connues depuis des lustres.
De même, il faut déplorer l’irresponsabilité du gouvernement angolais. Plutôt que de chercher à
banaliser le FLEC, les autorités angolaises auraient dû éviter
d’organiser des matches dans cette province qu’elles savent à haut
risque. Ou alors négocier une trève. C’est souvent le cas sous d’autres
cieux. Une trêve olympique permet alors d’oublier quelque temps
certaines angoisses. Les hostilités reprennent une fois les rideaux
tombés. Parfois, la parenthèse se mue en chemin conduisant à une paix
de braves.
Dans le cas présent, quelle peut bien être l’étendue des accords intervenus en 2006 entre le gouvernement
angolais et ses cessessionnistes ? Et qu’a-t-on fait de sérieux depuis
que l’Angola a obtenu de la CAF l’autorisation d’organiser la CAN ? Si
un compromis réel avait été trouvé, des dispositions auraient été
prises pour mieux s’assurer du bon déroulement de la fête. Les récents
événements montrent plutôt que dans un camp comme dans l’autre, l’on a
continué à se regarder en chiens de faïence.
Du côté des dirigeants du FLEC, on semble avoir perdu le Nord. A croire que cette organisation ne
distingue plus adversaires politiques, ennemis idéologiques et victimes
innocentes ou circonstancielles. Ses dirigeants négligent le fait que
toute l’Afrique est concernée par la CAN et que la quasi-totalité des
jeunes qui viennent taper dans le ballon en Angola sont très jeunes.
Dans leur grande majorité, ils savent peu de choses de ce conflit qui
oppose depuis plusieurs décennies les assaillants du FLEC au MPLA de
Augostino Neto et aujourd’hui de Eduardo Dos Santos, l’actuel chef de
l’Etat angolais. Les combattants cabindais auraient pu mieux exploiter
la CAN et faire leur propre marketing. Par exemple, en se bornant à
lancer de sérieuses mises en garde. Ils auraient pu, à l’image
d’organisations de même nature, concevoir d’autres formes de
provocation bien plus rentables et sans risque de mort d’homme. Des
tracts, des visites, des communiqués et des conférences de presse,
auraient assurément mieux servi la cause, en raison même de la forte
présence de la presse mondiale en Angola.
Visiblement, une erreur stratégique a été commise qui coûtera cher au FLEC et à ses dirigeants actuels. Ils
sont passés à côté de la plaque car il s’agit ici d’une fête de la
jeunesse africaine. Elle dépasse les frontières angolaises et
interpelle tous les Africains. Surtout que le continent aspire à
abriter des tournois de la coupe du monde. Quoi qu’en disent les
responsables du FLEC, on ne mitraille pas aussi impunément de jeunes
sportifs dont le seul crime est d’avoir osé venir disputer des matches
de football avec des gamins de leur âge, venus d’autres pays du
continent. Ils porteront toute leur vie ce fardeau qui fera désormais
ombrage à leur quête d’indépendance.
Par cet acte inqualifiable, ils auront compromis la lutte de leur peuple. En voulant mettre à mal le
gouvernement angolais, ils se seront eux-mêmes isolés. Une sale affaire
qui n’arrange certainement pas tous ceux qui, dans l’ombre ou
ouvertement, les ont soutenus jusque-là. En Europe ou en Amérique du
Nord où les problèmes de sécurité sont très pris au sérieux, on aurait
difficilement organisé un tournoi d’une telle envergure dans des
régions difficilement maîtrisées par le pouvoir central. Dans leur
aveuglement à en découdre, dirigeants du MPLA et du FLEC semblent avoir
opté de prendre en otage la fête de la jeunesse africaine. Pris qu’ils
sont dans le piège de l’égoïsme et de la cupidité, ils risquent
aujourd’hui de gâcher à jamais cette fête par l’inconséquence politique
et la fuite en avant.
Pour la première fois, la CAN est endeuillée. Elle qui n’en est pourtant pas à sa première. Des leçons
doivent être tirées par la CAF de ce crime abominable. Pour une telle
messe de joie, il fallait bien réfléchir avant de faire le choix.
Certes, il y aura toujours des candidats désireux d’abriter des
manifestations d’une telle envergure. Cependant, force est de
reconnaître qu’il y aura toujours beaucoup d’appelés, mais très peu
d’élus…qualifiés. A la CAF de penser d’abord à la sécurité. Aux moyens
ensuite.
Le MPLA et le FLEC se seront donc montrés mauvais joueurs dans une partie qui engage leur responsabilité
et dont les peuples d’Afrique et du monde sportif dans son ensemble,
auront été des témoins impuissants et frustrés. Ce qui vient de se
passer est tragiquement indigne du continent. Si l’Afrique se montre
incapable de résoudre ses problèmes de sécurité, elle aura de réelles
difficultés à négocier l’organisation d’une seconde coupe du monde.
Terreur sur la CAN
dimanche 10 janvier 2010, page visitée 57 fois
La terreur règne sur la CAN 2010 en
Angola. Le Togo victime plie bagage et le Ghana exige plus de sécurité
pour les joueurs. Mais que peuvent vraiment les autorités angolaises et
la CAF (Confédération africaine de football) devant les menaces du
FLEC, à un moment où même les plus puissants de ce monde se montrent
fébriles face à un terrorisme à multiples visages ?
Les Eperviers togolais ont donc regagné le bercail à bord d’un avion présidentiel. Le bras de fer qui les
opposait aux dirigeants politiques de leur pays n’aura pas duré. A
Lomé, le Premier ministre avait souligné que si les joueurs
participaient malgré tout à la CAN, ils ne représenteraient plus le
Togo. Pour M. Gilbert Fossoun Houngbo en effet, ce serait irresponsable
de la part des autorités de laisser les joueurs continuer comme si de
rien n’était. Suite à une concertation, le capitaine Adebayor et ses
coéquipiers ont donc préféré obéir aux instructions.
Le forfait du Togo est compréhensible autant que les frustrations qui peuvent envahir une équipe qui avait
minutieusement préparé sa CAN. Mais il est heureux que les joueurs
aient su faire preuve de discipline. D’ailleurs, dimanche à Cabinda,
Burkinabè et Ghanéens se disaient prêts à boycotter la CAN en
solidarité avec les joueurs togolais affectés par les récents
événements. On sait que l’entraîneur adjoint et l’attaché de presse de
l’équipe des Eperviers ont été tués dans la fusillade survenue vendredi
dans l’enclave de Cabinda.
Par contre, on admet difficilement la légèreté des dirigeants de la CAF qui semblent avoir fait fi des
problèmes de sécurité qui étaient pourtant évidents en Angola. Ce n’est
ni intelligent, ni responsable d’avoir confié l’organisation de cette
manifestation à l’Angola qu’on sait pourtant en hostilité avec les
combattants du FLEC. A-t-on vraiment bien évalué la situation ?
Certaines choses étaient à prévoir, étant donné les réalités du
terrain. La CAF aurait dû se montrer plus exigeante et refuser
l’organisation de matches au Cabinda dont les revendications
sécessionnistes sont bien connues depuis des lustres.
De même, il faut déplorer l’irresponsabilité du gouvernement angolais. Plutôt que de chercher à
banaliser le FLEC, les autorités angolaises auraient dû éviter
d’organiser des matches dans cette province qu’elles savent à haut
risque. Ou alors négocier une trève. C’est souvent le cas sous d’autres
cieux. Une trêve olympique permet alors d’oublier quelque temps
certaines angoisses. Les hostilités reprennent une fois les rideaux
tombés. Parfois, la parenthèse se mue en chemin conduisant à une paix
de braves.
Dans le cas présent, quelle peut bien être l’étendue des accords intervenus en 2006 entre le gouvernement
angolais et ses cessessionnistes ? Et qu’a-t-on fait de sérieux depuis
que l’Angola a obtenu de la CAF l’autorisation d’organiser la CAN ? Si
un compromis réel avait été trouvé, des dispositions auraient été
prises pour mieux s’assurer du bon déroulement de la fête. Les récents
événements montrent plutôt que dans un camp comme dans l’autre, l’on a
continué à se regarder en chiens de faïence.
Du côté des dirigeants du FLEC, on semble avoir perdu le Nord. A croire que cette organisation ne
distingue plus adversaires politiques, ennemis idéologiques et victimes
innocentes ou circonstancielles. Ses dirigeants négligent le fait que
toute l’Afrique est concernée par la CAN et que la quasi-totalité des
jeunes qui viennent taper dans le ballon en Angola sont très jeunes.
Dans leur grande majorité, ils savent peu de choses de ce conflit qui
oppose depuis plusieurs décennies les assaillants du FLEC au MPLA de
Augostino Neto et aujourd’hui de Eduardo Dos Santos, l’actuel chef de
l’Etat angolais. Les combattants cabindais auraient pu mieux exploiter
la CAN et faire leur propre marketing. Par exemple, en se bornant à
lancer de sérieuses mises en garde. Ils auraient pu, à l’image
d’organisations de même nature, concevoir d’autres formes de
provocation bien plus rentables et sans risque de mort d’homme. Des
tracts, des visites, des communiqués et des conférences de presse,
auraient assurément mieux servi la cause, en raison même de la forte
présence de la presse mondiale en Angola.
Visiblement, une erreur stratégique a été commise qui coûtera cher au FLEC et à ses dirigeants actuels. Ils
sont passés à côté de la plaque car il s’agit ici d’une fête de la
jeunesse africaine. Elle dépasse les frontières angolaises et
interpelle tous les Africains. Surtout que le continent aspire à
abriter des tournois de la coupe du monde. Quoi qu’en disent les
responsables du FLEC, on ne mitraille pas aussi impunément de jeunes
sportifs dont le seul crime est d’avoir osé venir disputer des matches
de football avec des gamins de leur âge, venus d’autres pays du
continent. Ils porteront toute leur vie ce fardeau qui fera désormais
ombrage à leur quête d’indépendance.
Par cet acte inqualifiable, ils auront compromis la lutte de leur peuple. En voulant mettre à mal le
gouvernement angolais, ils se seront eux-mêmes isolés. Une sale affaire
qui n’arrange certainement pas tous ceux qui, dans l’ombre ou
ouvertement, les ont soutenus jusque-là. En Europe ou en Amérique du
Nord où les problèmes de sécurité sont très pris au sérieux, on aurait
difficilement organisé un tournoi d’une telle envergure dans des
régions difficilement maîtrisées par le pouvoir central. Dans leur
aveuglement à en découdre, dirigeants du MPLA et du FLEC semblent avoir
opté de prendre en otage la fête de la jeunesse africaine. Pris qu’ils
sont dans le piège de l’égoïsme et de la cupidité, ils risquent
aujourd’hui de gâcher à jamais cette fête par l’inconséquence politique
et la fuite en avant.
Pour la première fois, la CAN est endeuillée. Elle qui n’en est pourtant pas à sa première. Des leçons
doivent être tirées par la CAF de ce crime abominable. Pour une telle
messe de joie, il fallait bien réfléchir avant de faire le choix.
Certes, il y aura toujours des candidats désireux d’abriter des
manifestations d’une telle envergure. Cependant, force est de
reconnaître qu’il y aura toujours beaucoup d’appelés, mais très peu
d’élus…qualifiés. A la CAF de penser d’abord à la sécurité. Aux moyens
ensuite.
Le MPLA et le FLEC se seront donc montrés mauvais joueurs dans une partie qui engage leur responsabilité
et dont les peuples d’Afrique et du monde sportif dans son ensemble,
auront été des témoins impuissants et frustrés. Ce qui vient de se
passer est tragiquement indigne du continent. Si l’Afrique se montre
incapable de résoudre ses problèmes de sécurité, elle aura de réelles
difficultés à négocier l’organisation d’une seconde coupe du monde.