interview de Sory Boureima Sy, membre de la FBF Arton1779
Sory Boureima Sy, membre de la FBF

« Nous avons l’ambition de viser la Coupe du monde 2014

mardi 26 janvier 2010

Sory Boureima Sy, membre du comité exécutif de la FBF, était présent à
toutes les rencontres des Etalons en Angola.. Il a vécu les péripéties
de l’équipe nationale burkinabè à cette CAN 2010. Dans l’interview
qu’il nous a accordée, il dresse un bilan à chaud et donne sa vision de
ce que sera la figure des Etalons demain.

Quel bilan pouvez-vous faire de cette CAN 2010 ?

Si on s’en tient strictement à la production qui a été faite,
forcément le bilan est décevant. Il ne faut pas se voiler la face parce
que nous étions en droit d’attendre mieux des garçons. Si je dis mieux,
c’est passer ce premier tour qui nous fait obstacle depuis plus de dix
ans aujourd’hui.

Donc nous n’étions pas venus avec l’ambition de rentrer plus tôt à
la maison, ce qui fait qu’on ne peut pas tirer de cette CAN un bilan
positif. Maintenant, c’est le football. Si on vient à une compétition,
il faut s’attendre à tous les résultats même si le résultat que nous
avons eu ne nous satisfait pas.

Il faut faire avec parce que ça fait partie du jeu. Ce n’est pas le
Burkina seul qui est rentré à la maison. Avant nous, il y a eu le Mali
et le Malawi qui sont rentrés chez eux. On ne peut pas dire que ça
n’arrive qu’aux autres, ça nous est arrivé. Maintenant il faut que nous
nous asseyions à froid pour tirer tous les enseignements et voir
comment il faut faire mieux la fois prochaine.

Quels points positifs pouvez-vous garder de cette production d’ensemble de l’équipe nationale ?

On ne peut s’en tenir qu’à la production sur les deux matchs. La
première rencontre était très capitale pour nous car il fallait bien
rentrer dans la compétition. Les enfants ont surtout montré du courage
et de la volonté. Je pense que c’est un point positif parce que
l’engagement dans le sport compte beaucoup.

Maintenant sur le second match, c’est vrai que nous avons mieux
commencé que les Ghanéens qui étaient sur leur base mais nous avons
manqué de percussion en attaque. Nous avons manqué de détermination
dans les 30 derniers mètres. Donc sur un match comme cela, on ne peut
pas tirer un point positif parce que il y a des moments où la volonté
simple ne suffit pas.

Il faut aller au-delà. Bien sûr en montant, on avait de bonnes
intentions mais ces bonnes intentions se sont heurtées à notre
déficience footballistique sur les 30 derniers mètres, or c’est là-bas
qu’on fait la différence. On ne pouvait pas aussi se contenter de deux
0-0 même si on se qualifiait avec ces résultats mais cela n’aurait pas
été bien pour l’image du football burkinabè. Il fallait nécessairement
sur le second match, marquer des buts et cela a fait cruellement
défaut. C’est ce que je peux dire des enseignements qu’on peut tirer de
ces deux productions.

Mais doit-on pointer du doigt le staff technique ?

C’est difficile comme cela de désigner des responsabilités sans
avoir analysé ça dans tous les aspects. Le pouvoir fédéral avec le
recul va essayer d’analyser à froid le résultat et puis essayer de
situer les différentes responsabilités.

D’une manière générale, si on s’en tient à la volonté populaire, il
y avait un besoin de changement et c’est ce que l’entraîneur a fait sur
le deuxième match. Il a mis de nouvelles têtes mais malheureusement, ça
n’a pas donné. Ce qui veut dire que le football est beaucoup plus
complexe que les analyses simplistes que nous faisions avant.
L’équilibre psychique d’une équipe est beaucoup plus important que les
simples changements de pions.

A partir du moment où l’entraîneur a pris des risques, il n’a pas
fait de sentiments, on ne peut pas l’accuser comme cela, de prime
abord. Sur des matchs décisifs comme cela l’entraîneur a un rôle
secondaire. On n’a pas besoin de parler, on n’a pas besoin de motiver.
C’est la volonté seule des enfants qui pouvait forcer la décision et
cette volonté, on l’a vu par intermittence. Je ne peux pas incriminer
sur le second match, le staff technique.

Paulo Duarte sera bientôt en fin de contrat. Son
aventure avec les Etalons s’arrête-t-elle là, ou bien vous pensez à une
prolongation ?


C’est le bureau fédéral qui va en décider. En tirant les
enseignements de cette CAN, nous allons voir s’il faut continuer avec
le même staff ou s’il faut repartir sur de nouvelles bases. Les deux
éventualités sont à envisager.

Dans l’un comme dans l’autre, il y a des avantages. Il faut voir si
Paulo Duarte a la volonté de poursuivre avec nous et avec quel contrat
parce que le contrat est important. Nous travaillerons sur quelle base,
pour quelle ambition et dans quel sens. Tout ça, ce sont des choses
qu’il faut que nous clarifiions avant de pouvoir se décider.

A partir du moment où nous avons un petit temps de battement avant
la reprise des éliminatoires prochaines c’est-à-dire celle de la CAN
2012, nous avons assez de recul pour analyser à froid la situation et
voir la décision la meilleure pour le progrès du football burkinabè.

Dans l’effectif des Etalons, beaucoup de joueurs seront à la retraite internationale. La relève est-elle assurée ?

De mon point de vue, la relève est assurée. Nous avons de
générations de juniors notamment ceux de 2005 et de 2007 où il y a
quelques éléments que nous suivons. Il y a aussi les cadets même si eux
ils sont encore plus jeunes mais il y a de la qualité en leur sein.

C’est sur donc ces enfants que nous devrions tabler. Sur le plan de
la génération 2007, c’est celle de Adama Guira et de Yssouf Sanou qui
ont eu des contrats en Europe et selon les informations que nous avons,
ce sont des éléments qui évoluent régulièrement dans leurs clubs donc,
qui sont en progrès.

Il y a aussi des jeunes éléments dans l’équipe sur lesquels nous
devons tabler pour bâtir l’avenir et voir le sang neuf que nous allons
apporter. Maintenant, c’est sûr que si on rajeunit l’effectif, il y a
des risques qu’il y ait une période de flottement.

Et pour cela, il va falloir que le public soit patient avec l’équipe
que nous allons bâtir sans préjuger de ce que l’entraîneur va faire.
Après tout, c’est lui qui va bâtir son effectif. Le pouvoir fédéral
peut donner un ou deux conseils par là. Mais c’est le staff technique
qui sera mis en place qui va décider de la future équipe.

Mais si c’est de mon point de vue personnel, il faut tabler sur les
jeunes qui sont là et puis voir le sang neuf qu’on peut apporter afin
de nous projeter sur l’avenir car nous avons l’ambition de viser la
Coupe du monde 2014 au Brésil donc, cette compétition se prépare dès
aujourd’hui.

Quel message pouvez-vous passer pour soulager ce public qui est un peu déçu ?

Le public est déçu c’est vrai mais nous-mêmes nous avons été sonnés
aussi par le résultat. C’est à peine si les membres de la délégation
pouvaient s’arracher de leur chaise au coup de sifflet final. Ca veut
dire que si nous sommes abattus, les échos que nous avons reçus de
Ouagadougou nous faisaient état que le public est dépassé par le
résultat. Je dirai que le football ne s’arrête pas à un résultat quel
qu’il soit, c’est une continuité.

Il faut tout de suite nous reprendre. Nous ne devons pas baisser les
bras. Un adage le dit, si vous voulez voyager loin, il faut ménager
votre monture. Cela veut dire qu’il faut que nous ayons des ambitions
sur quatre, six, huit ans. C’est ça que le public doit voir et c’est ce
que nous devons présenter à ce public pour l’amener à rêver en lui
disant, nous avons un projet, il faut que vous restiez mobilisé
derrière l’équipe.

Il ne faut pas vous décourager parce que vous êtes d’abord
supporters de clubs. Pas parce qu’à telle journée votre club a perdu.
La déception peut être effacée la journée suivante par une victoire.
L’équipe nationale, c’est pareil même si le temps est beaucoup plus
long qu’au niveau des clubs.

Je les invite à continuer à soutenir cette équipe car il y a des
joueurs de qualité dans cette équipe et le pouvoir fédéral va leur
proposer un projet qui va les projeter. S’ils le soutiennent, ensemble
nous allons y arriver et le football burkinabè va continuer à
progresser à partir de cette projection que nous allons faire.

Propos recueillis par

Béranger ILBOUDO

Envoyé spécial à Luanda (Angola)