Le haut niveau se joue sur des détails et les Etalons l’ont appris à leurs dépens le samedi 20 juin dernier au stade du 4-Août. Deux grosses bévues ont permis à l’éléphant venu de la savane baoulé de conforter sa position au classement. Mais au vu de la physionomie de la rencontre, c’était pourtant à portée de sabots. Cette défaite laisse forcément de gros regrets et, du coup, c’est le Mondial 2010 qui s’éloigne. Maintenant, il faut revenir sur terre et se concentrer sur la CAN qui reste avant tout l’objectif premier.
3 buts à 2 : voilà le résultat qui a sanctionné le match Burkina # Côte d’Ivoire, le samedi 20 juin 2009 au stade du 4-Août. Un résultat que beaucoup de supporters trouvent injuste parce que, selon eux, le onze national ne méritait pas de perdre de cette façon. Et effectivement, on ne peut pas leur donner tort quand on a vu comment les Etalons, sans complexe, ont engagé les hostilités. Le premier à se mettre dans le sens du but, c’est Moumouni Dagano qui a été gêné dans sa course quand sa frappe en force est passée à côté suite à un centre de Patrick Zoundi (1re).
Les Eléphants ripostent aussitôt sur un tir de Bakari Koné que Daouda Diakité dévie in extremis. Dans la minute qui a suivi, les nôtres obtiennent un coup franc bien placé que Dagano tire au-dessus. Deux minutes plus tard, Mahamoudou Keré, déporté sur le flanc droit, adresse un long centre, mais Jonathan Pitroipa arrive en retard sur l’action et ne peut reprendre le ballon. Le même Pitroipa, à la 9e minute, part en dribble, désaxe la défense ivoirienne et met au-dessus. En ce début de match, les Etalons montrent un visage confiant et entreprenant.
Dans la remontée de balle ils sont vifs, à l’image de Pitroipa qui pèse par ses courses et ses accélérations, mais aussi par son travail offensif. Mais contre toute attente, ce sont les Eléphants qui vont barrir à la 13e minute : sur un coup franc consécutif à une faute de Paul Koulibaly sur Baki, Drogba joue rapidement pour Yaya Touré qui trompe Diakité. Les burkinabè venaient ainsi de payer cash leur manque de vigilance. C’est la première fois depuis ces éliminatoires qu’ils sont menés sur leur terrain. La pression est désormais sur eux et on se demande comment ils vont réagir. Pitroipa, encore lui, tente un « gris-gris » et tire à côté (21e). La réaction des Ivoiriens ne se fait pas attendre.
Drogba alerte Baki qui frappe, Diakité s’interpose avec brio. Sur la relance, Pitroipa profite d’une toile du bastion défensif adverse pour battre Boubacar Barry, dit Copa, à la 26e minute. C’est le délire dans les tribunes et on croit de plus en plus que les Eléphants passeront à la trappe. Dagano, trois minutes après l’égalisation, met au vent un défenseur et ne peut marquer. Les Etalons continuent d’attaquer et après un corner à la 30e minute, Paul Koulibaly sur blessure est remplacé par Ibrahim Gnanou. A la 37e minute, les protégés de Paulo Duarte obtiennent un coup franc bien placé à l’entrée de la surface.
Mais Dagano tire sur le mur. Après un deuxième corner obtenu en début de seconde mi-temps, le montant sauve Copa sur une frappe enroulée de Wilfried Sanou (49e). Mais c’est un feu de paille puisque les Eléphants vont reprendre l’avantage. Sur une percée de Salomon Kalou sur l’aile gauche, il s’ensuit un petit cafouillage et, sous la menace de Drogba, Mamadou Tall, en voulant sauver les meubles, bat à bout portant son propre gardien de but (53e). Les supporters n’en reviennent pas et restent muets. Ragaillardis par cette aubaine, les Eléphants s’installent dans la partie et soumettent les locaux à une pression constante. A la 56e minute, Baki oblige Diakité à concéder un corner.
Malgré le remplacement de Wilfried par Alain Traoré, les ex-champions d’Afrique sont présents dans le jeu. Kalou manque de peu de marquer à la 58e minute, son tir très faible ayant été arrêté par Diakité. Mais ce n’était que partie remise puisqu’à la 70e minute, sur un tir de N’dri Koffi Romaric repoussé par Diakité, Drogba libre de tout marquage catapulte la boule de cuir au fond des filets. A 3-1, c’était le silence total dans les tribunes et il a fallu la réduction du score par Aristide Bancé, d’une tête piquée, pour faire renaître l’espoir.
L’honneur aurait pu être sauf si Pitroipa n’avait pas exagéré dans ses dribbles en voulant marquer seul alors qu’il aurait pu jouer dans l’axe. Et quand l’arbitre sud-africain, Jérôme Damon Kelyin, siffle la fin du match, c’est le désespoir. La peau de l’éléphant s’est révélée très dure et il ne faut pas s’en étonner. Les Etalons, pour n’avoir pas su jouer à un moment avec la tête, doivent s’en prendre à eux-mêmes.
Justin Daboné
lobservateur