Yacouba Jacob Barry, président de l’UNSE
« En tout 64 personnes ont pris la clé des champs en Angola »
mardi 26 janvier 2010
Yacouba Jacob Barry, président de l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE) a accepté nous livrer ses sentiments
sur la participation des supporters burkinabè à cette CAN 2010 et leur défection. C’est un homme meurtri par ce comportement
mais lucide dans son verbe que nous avons rencontré.
Sidwaya : Quel bilan pouvez-vous faire de la participation de l’UNSE à cette CAN 2010 ?
Yacouba Jacob Barry (YJB) : Pour cette CAN, les
objectifs du Burkina Faso ne sont pas atteints. Pourtant, nous avons eu
de très grands espoirs surtout avec la très belle chevauchée face à la
Côte d’Ivoire. L’espoir était né, l’enthousiasme aussi et nous pensions
avec beaucoup de réalisme et d’objectivité que nous avions les armes
nécessaires pour faire face au Ghana et assurer la qualification pour
le second tour. Mais cela a été décevant car les CAN se succèdent et se
ressemblent et les résultats tardent à venir.
Nous prenons cela avec beaucoup de philosophie et de sportivité.
Nous savons que bâtir une nation de foot demande suffisamment de temps
et de patience mais aussi de travail. Nous osons espérer que ce que
nous venons d’apprendre encore va nous édifier et nous allons mettre
une organisation en place qui va permettre à nos athlètes d’être plus
compétitifs aux futures éditions.
C’est avec pleins de regrets que nous constatons la fin de notre
parcours mais nous l’admettons avec beaucoup de sportivité. Pour ce qui
est de l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE), nous sommes
hautement satisfaits.
Nous sommes venus avec 88 supporters qui ont été présents sur les
deux terrains ou se sont déroulés les deux matchs. Ils se sont
distingués par la qualité de leur animation et de leur tenue et par
également, les motifs du slogan qui ont été portés à l’adresse du
public et des Etalons, en particulier. Nous pensons avoir fait une
participation assez bonne. Nous pensons avoir joué notre partition. Le
résultat n’est pas satisfaisant dans l’ensemble, mais nous admettons
que c’est le sport.
S : Vous avez été satisfait de votre rôle. Mais au
retour on constate que ce n’est plus le nombre de 88 qui regagne le
bercail. Que s’est-il passé ?
YJB : Il fallait peut-être s’y attendre, mais on a
pris toutes les précautions pour éviter les évasions. Déjà à
Ouagadougou, nous avions eu une rencontre au stade municipal pour déjà
mettre en garde les esprits de ce genre.
Ensuite à Pointe-Noire nous avions fait une réunion encore où le
consul, Souleymane Ouédraogo, a donné son point de vue et essayé de les
convaincre de ne pas tenter cette aventure parce que l’Angola est un
pays qui vient de finir la guerre et la situation n’est pas toujours
trop stable, il y a des dangers. Arrivé également à Cabinda, on a
encore prêché la même chose avec le consul, Issa Tago. Le message
semblait passer puisqu’on est resté ensemble de Cabinda à Luanda.
C’est à partir de Luanda que nous avons commencé à sentir les
défections car dès l’aéroport, un certain nombre avait déjà pris la clé
des champs. Ils étaient au nombre de cinq. Par la suite, nous avions pu
les conscientiser encore à travers une réunion pour qu’ils jouent le
rôle qui est le leur, c’est-à-dire l’objectif premier qui les a amenés
à Luanda, accompagner les Etalons.
Le message semblait passer puisqu’on est parti ensemble au stade
animer et c’est après cette animation quand on est revenu pour faire
les bagages que la plupart a fait défection. Nous avions pris des
dispositions conservatoires en récupérant tous les passeports de la
plupart de ceux qui étaient arrivés à l’hôtel mais ceux qui se sont
apprêtés à s’évader sont partis, laissant derrière eux leur passeport
et même l’argent qu’on avait gardé pour leur alimentation. Ils sont 64
à avoir pris la clé des champs mais tout le monde n’est pas parti pour
rester. Il y a certains qui nous ont expliqué clairement qu’ils sont
des commerçants et qu’ils ont des affaires à régler avant de venir.
D’autres mêmes sont des fonctionnaires de l’Etat et ils ont des
trucs à faire avant de rentrer. Et comme leurs visas leur permettent de
rester encore quelque temps pour régler leur problème avant de venir,
nous osons espérer qu’ils vont rejoindre le bercail. Mais pour ceux qui
ont pris la clé des champs, nous sommes carrément désolés de ce
comportement.
Pour la fois à venir, nous serons plus regardants, ça ne sera pas
seulement une question d’argent pour aller supporter les Etalons mais
ce sera une question de participation parce qu’en réalité, nous nous
connaissons dans les gradins à Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso à
Ouahigouya, à Koudougou et un peu partout au Burkina. Nous savons qui
va au stade, qui supporte les Etalons et qui supporte quel club. Nous
tirons les conséquences et les leçons de ce qui vient de se passer.
S : Vous aviez fait des prévisions pour deux matchs et
finalement avec la défection du Togo le séjour s’est allongé. Comment
aviez-vous géré cette situation ?
YJB : Nous avons rencontré des difficultés parce
que déjà au niveau d’un de nos sites, il y a eu une grande pluie qui
nous a créé des dommages. Les supporters ont dû se rassembler dans une
seule salle, s’affaler les uns sur les autres, d’autres sont restés
debout jusqu’au matin et pendant deux jours, ils ont mal dormi.
C’était vraiment une énorme difficulté. A cela, il faut ajouter le
fait que financièrement, nous n’avons pas pu faire une étude sérieuse
sur la base du coût de la vie réel en Angola si bien que nos prévisions
ont été vite dépassées. Cela nous a vraiment coincé financièrement,
mais par la grâce de nos partenaires, nous avons pu tirer notre épingle
du jeu. Nous quittons ce pays et cette CAN sans devoir à personne.
Propos recueillis par Béranger ILBOUDO
Envoyé spécial à Luanda (Angola)
« En tout 64 personnes ont pris la clé des champs en Angola »
mardi 26 janvier 2010
Yacouba Jacob Barry, président de l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE) a accepté nous livrer ses sentiments
sur la participation des supporters burkinabè à cette CAN 2010 et leur défection. C’est un homme meurtri par ce comportement
mais lucide dans son verbe que nous avons rencontré.
Sidwaya : Quel bilan pouvez-vous faire de la participation de l’UNSE à cette CAN 2010 ?
Yacouba Jacob Barry (YJB) : Pour cette CAN, les
objectifs du Burkina Faso ne sont pas atteints. Pourtant, nous avons eu
de très grands espoirs surtout avec la très belle chevauchée face à la
Côte d’Ivoire. L’espoir était né, l’enthousiasme aussi et nous pensions
avec beaucoup de réalisme et d’objectivité que nous avions les armes
nécessaires pour faire face au Ghana et assurer la qualification pour
le second tour. Mais cela a été décevant car les CAN se succèdent et se
ressemblent et les résultats tardent à venir.
Nous prenons cela avec beaucoup de philosophie et de sportivité.
Nous savons que bâtir une nation de foot demande suffisamment de temps
et de patience mais aussi de travail. Nous osons espérer que ce que
nous venons d’apprendre encore va nous édifier et nous allons mettre
une organisation en place qui va permettre à nos athlètes d’être plus
compétitifs aux futures éditions.
C’est avec pleins de regrets que nous constatons la fin de notre
parcours mais nous l’admettons avec beaucoup de sportivité. Pour ce qui
est de l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE), nous sommes
hautement satisfaits.
Nous sommes venus avec 88 supporters qui ont été présents sur les
deux terrains ou se sont déroulés les deux matchs. Ils se sont
distingués par la qualité de leur animation et de leur tenue et par
également, les motifs du slogan qui ont été portés à l’adresse du
public et des Etalons, en particulier. Nous pensons avoir fait une
participation assez bonne. Nous pensons avoir joué notre partition. Le
résultat n’est pas satisfaisant dans l’ensemble, mais nous admettons
que c’est le sport.
S : Vous avez été satisfait de votre rôle. Mais au
retour on constate que ce n’est plus le nombre de 88 qui regagne le
bercail. Que s’est-il passé ?
YJB : Il fallait peut-être s’y attendre, mais on a
pris toutes les précautions pour éviter les évasions. Déjà à
Ouagadougou, nous avions eu une rencontre au stade municipal pour déjà
mettre en garde les esprits de ce genre.
Ensuite à Pointe-Noire nous avions fait une réunion encore où le
consul, Souleymane Ouédraogo, a donné son point de vue et essayé de les
convaincre de ne pas tenter cette aventure parce que l’Angola est un
pays qui vient de finir la guerre et la situation n’est pas toujours
trop stable, il y a des dangers. Arrivé également à Cabinda, on a
encore prêché la même chose avec le consul, Issa Tago. Le message
semblait passer puisqu’on est resté ensemble de Cabinda à Luanda.
C’est à partir de Luanda que nous avons commencé à sentir les
défections car dès l’aéroport, un certain nombre avait déjà pris la clé
des champs. Ils étaient au nombre de cinq. Par la suite, nous avions pu
les conscientiser encore à travers une réunion pour qu’ils jouent le
rôle qui est le leur, c’est-à-dire l’objectif premier qui les a amenés
à Luanda, accompagner les Etalons.
Le message semblait passer puisqu’on est parti ensemble au stade
animer et c’est après cette animation quand on est revenu pour faire
les bagages que la plupart a fait défection. Nous avions pris des
dispositions conservatoires en récupérant tous les passeports de la
plupart de ceux qui étaient arrivés à l’hôtel mais ceux qui se sont
apprêtés à s’évader sont partis, laissant derrière eux leur passeport
et même l’argent qu’on avait gardé pour leur alimentation. Ils sont 64
à avoir pris la clé des champs mais tout le monde n’est pas parti pour
rester. Il y a certains qui nous ont expliqué clairement qu’ils sont
des commerçants et qu’ils ont des affaires à régler avant de venir.
D’autres mêmes sont des fonctionnaires de l’Etat et ils ont des
trucs à faire avant de rentrer. Et comme leurs visas leur permettent de
rester encore quelque temps pour régler leur problème avant de venir,
nous osons espérer qu’ils vont rejoindre le bercail. Mais pour ceux qui
ont pris la clé des champs, nous sommes carrément désolés de ce
comportement.
Pour la fois à venir, nous serons plus regardants, ça ne sera pas
seulement une question d’argent pour aller supporter les Etalons mais
ce sera une question de participation parce qu’en réalité, nous nous
connaissons dans les gradins à Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso à
Ouahigouya, à Koudougou et un peu partout au Burkina. Nous savons qui
va au stade, qui supporte les Etalons et qui supporte quel club. Nous
tirons les conséquences et les leçons de ce qui vient de se passer.
S : Vous aviez fait des prévisions pour deux matchs et
finalement avec la défection du Togo le séjour s’est allongé. Comment
aviez-vous géré cette situation ?
YJB : Nous avons rencontré des difficultés parce
que déjà au niveau d’un de nos sites, il y a eu une grande pluie qui
nous a créé des dommages. Les supporters ont dû se rassembler dans une
seule salle, s’affaler les uns sur les autres, d’autres sont restés
debout jusqu’au matin et pendant deux jours, ils ont mal dormi.
C’était vraiment une énorme difficulté. A cela, il faut ajouter le
fait que financièrement, nous n’avons pas pu faire une étude sérieuse
sur la base du coût de la vie réel en Angola si bien que nos prévisions
ont été vite dépassées. Cela nous a vraiment coincé financièrement,
mais par la grâce de nos partenaires, nous avons pu tirer notre épingle
du jeu. Nous quittons ce pays et cette CAN sans devoir à personne.
Propos recueillis par Béranger ILBOUDO
Envoyé spécial à Luanda (Angola)