Coupe du monde des cadets : Les Etalons à l’heure du Mexique
mardi 14 juin 2011
RÉAGISSEZ (4) IMPRIMEZ ENVOYEZ PARTAGEZ
Ça y est, les Etalons commencent à retrouver leur harmonie dans ce Mexique haut perché (2000m d’altitude) où le jour se lève tôt avant Ouagadougou (5 h) de décalage horaire. Ce n’est pas pour rien que la sélection burkinabé a décidé de prendre "ses quartiers" à Querétaro une dizaine de jours avant l’heure. Mais déjà, la police mexicaine a mis en place un important déploiement pour veiller sur les champions d’Afrique. Arrivés au Mexique jeudi aux environs de 18h, l’équipe burkinabè est logée, à ses propres frais dans le luxueux hôtel de Real de Minas. Elle ne compte plus que les 21 qui doivent prendre part à la compétition ; 5 sont les redoublants de la classe.
Le déploiement policier vous fait penser à un dispositif de sécurité mis en place lors de transfert de prisonniers hautement dangereux. On a combien, 5 souvent 6 voitures de police et deux motards pour à chaque mouvement de la sélection nationale du Burkina. Gilets pare-balles, armes de guerre au point, tenue « corbeau », la police fédérale et ses hommes ne lésine pas sur la question sécuritaire de la sélection burkinabé. En fait, l’équipe de l’Equateur, un des adversaires des Etalons qui a devancé de quelques heures l’équipe du Burkina, bénéficie du même type de dispositif. Et dire qu’officiellement, la FIFA n’a pas encore autorisé les équipes à être là ! En fait chacune des équipes en lice a anticipé son arrivée sur fonds propres afin de prendre la température locale.
Ainsi, le Burkina est logé dans un joli hôtel, à l’image de son titre de champion d’Afrique jusqu’au 16 juin, date à laquelle la FIFA ouvrira son unique hôtel, retenu pour abriter les 4 équipes adversaires. Les Etalons bien arrivés 11 jours avant le début de la compétition sont loin d’être les premiers sur la terre mexicaine. Le vendredi 10, le matin en prenant pied sur la pelouse du quartier futuriste de Quéretaro, appelé Companario pour la première séance d’entraînement, « les bébé-Etalons » vont vite comprendre qu’ils ont bien fait d’être là plutôt. « On dirait que depuis que nous sommes nés, c’est la première fois que nous touchons un ballon de football » nous ont-ils confié face à toute la difficulté qu’ils avaient à se retrouver sur le terrain.
Pour cause, les effets pervers de l’altitude et le très long voyage. Le spécialiste de la remise en forme physique des Etalons, Pédro redoutait lui aussi ces facteurs. « Nous sommes arrivés au terme d’un voyage de 24h, il y a un décalage de 5 heures. Les premières heures sont pénibles » a-t-il fait remarqué. Le Mexique culmine à plus de 2000m d’altitude. Et lorsqu’on se lève ici au Mexique, à 7h, il est déjà 13h à Rood Wooko, à Ouagadougou. En plus, si on tient compte de la fatigue liée au voyage, 2h30 mn pour rallier Lisbonne à Paris, 10h3 0mn pour rallier Paris à Mexico et 2h pour se retrouver à Querétaro, un seul jour, on comprend la fatigue des gamins. Surtout, on sait que la remise en jambe ne va pas se faire du jour au lendemain même si toute l’équipe pense le contraire. En effet, au deuxième jour de répétition des gammes chez les Etalons le capitaine soutient, activement peut-être : « Aujourd’hui, vous avez vu, nous avons retrouvé nos jambes ».
Même le faiseur de forme, Pedro va relativiser : « Dès cette deuxième séance, les joueurs étaient plus présents physiquement. Nous ne sommes plus loin de notre fraîcheur physique de Ouaga ». Pour le coach, Rui Veira, il n’y a pas de temps à perdre. « Aujourd’hui, j’ai allongé la séance car j’ai senti qu’ils répondaient. De toutes les façons, il fallait appuyer sur l’accélérateur, car l’adaptation doit être le plus rapide possible », a-t-il fait savoir. A huit jours du premier match des Etalons cadets contre le Panama, l’entraîneur dit avoir déjà son équipe type. « Je sais qui va commencer. Je vais travailler les automatismes après la phase d’acclimatatio », soutient-il. Il sied de savoir que la classe Etalons s’est dégraissée de 5 joueurs comme précédemment annoncé. Et c’est vendredi soir que les redoublants ont connu leurs noms.
Il s’agit de Fofana Oumarou (KOZAF), Gervais Somé (Naba Kaongo), Abdoulaye Bécanne (Côte d’Ivoire), Assim Traoré (IFA), Inoussa Zidwenba (AZTM/Togo). Faut-il craindre une certaine perturbation liée à cet événement ? Pas du tout, rassure le coach. « C’est même une prime pour les 5 libérés. Nous l’avions, déjà signifié. 5 sur les 26 devaient partir. Mentalement, ils s’y attendaient, le fait de leur permettre de faire le déplacement sur le Mexique est un bonus vécu comme tel pour eux », a expliqué Rui Veira. Les 5 recalés prennent toujours part aux entraînements du groupe qu’Ils n’ont pas encore quitté. La séparation, ce sera le 16, quand l’équipe passera sous la gestion de la FIFA.
Jérémie NION : Envoyé spécial au Mexique
Missive de Mexique : Bonjour cher lecteur !
A la faveur de la Coupe du monde des cadets Mexique 2011, Sidwaya, a dépêché un envoyé spécial à Querétaro, l’une des six villes site aux côtés des Etalons en lice dans la compétition. A mille et un lieux du Burkina, c’est un autre monde donc forcément, autre culture. Au-delà de l’événement sportif, nous prenons le pari de vous partager nos découvertes dans ce pays d’Amérique du Sud à travers une missive régulière. En voilà la toute première.
Tiens, il y a encore des descendants d’Adam et d’Eve sur cette terre qui aiment la peau noire ! Il faut aller au Mexique, précisément dans la ville de Querétaro pour rencontre cette espèce probablement en voie de disparation. Femmes et hommes s’arrêtent sur le passage du petit groupe de venus du Burkina Faso que nous formions pour nous regarder, souvent sans la moindre discrétion. Je ne vous le cache pas. C’est agaçant. Et surtout quand vous ne saviez pas s’il y a une pointe d’admiration ou simplement de la moquerie, de l’ironie, de la curiosité déplacée. En tous les cas, c’est forcément gênant ces regards mexicains. Et puis pendant que je m’interrogeais, j’arrive à l’hôtel. Moi qui finissais par croire qu’il y a du mépris dans ces regards qui vous déshabillent, dispose d’un élément pour conforter mon a priori. Il faut payer cash avant de disposer de ma chambre. Apparemment, c’est une règle à la tête du client, à la tête du nègre.
Mais le lendemain, ma conviction est balayée du revers de la main. Une réceptionniste de l’hôtel toute sautillante, telle une adolescente qui retrouve son amoureux déclare, à haute et intelligible voix et publiquement qu’elle adore la peau noire ! Elle s’excuse avec pudeur avant de toucher notre peau. Bon sans plus. Nous sommes marié et Burkinabè fidèle et intègre. Et comme si cela ne suffisait pas, tous le groupe de journalistes est sollicité pour des photos souvenir. Ni plus ni moins que des fans le font avec Prad Pit, Zidane, Maradona, Messi et j’en passe. Nous aime-t-on ou rit-on de nous ? La question est toute entière. Par contre, sur la question des repas, mon sentiment est clair, c’est le désamour. Je ne connais pas tous les mets mexicains. Mais je vous assure d’une chose, à chaque fois que l’heure de passer à la table sonne, le groupe de journalistes que nous sommes est en proie à une énorme inquiétude.
Qu’est-ce qu’on va nous servir encore ? Dans un anglais mélangé à l’espagnol, vous parvenez à commander un plat. Mais une fois le service fait, vous vous demandez si c’est bien votre plat tant le goût et l’apparence manque d’appetit ! Croyez-moi, nous mangeons la mine défaite tout en croyant que le choix suivant de plat sera le bon. Là encore ce sera la déception. Enfin, le jour où vous foulerez le sol du Mexique, si vous deviez trouver un hôtel, ne vous fiez pas au nombre d’étoiles que la façade du bâtiment porte. Les reporters que nous sommes, avions voulu prendre "nos quartiers" dans un hôtel 4 Etoiles ! Le prix nous était raisonnable.
Mais une fois dans la chambre, grande fut notre surprise de savoir qu’il n’y avait même pas de système de climatisation. Juste « un ventillo » qui tournait avec un grincement. Evidemment, nous sommes revenus sur nos pas nous faire rembourser. Nous avions déposé nos valises dans un hôtel sans étoiles mais avec des commodités meilleures. En 48h, j’ai beaucoup appris. Ce séjour, franchement promet. Mais rassurez-vous, vous en serrez le grand témoin pour peu que vous soyez fidèles. Tiao, tiao !
Jérémie NION de Mexique
Sidwaya
mardi 14 juin 2011
RÉAGISSEZ (4) IMPRIMEZ ENVOYEZ PARTAGEZ
Ça y est, les Etalons commencent à retrouver leur harmonie dans ce Mexique haut perché (2000m d’altitude) où le jour se lève tôt avant Ouagadougou (5 h) de décalage horaire. Ce n’est pas pour rien que la sélection burkinabé a décidé de prendre "ses quartiers" à Querétaro une dizaine de jours avant l’heure. Mais déjà, la police mexicaine a mis en place un important déploiement pour veiller sur les champions d’Afrique. Arrivés au Mexique jeudi aux environs de 18h, l’équipe burkinabè est logée, à ses propres frais dans le luxueux hôtel de Real de Minas. Elle ne compte plus que les 21 qui doivent prendre part à la compétition ; 5 sont les redoublants de la classe.
Le déploiement policier vous fait penser à un dispositif de sécurité mis en place lors de transfert de prisonniers hautement dangereux. On a combien, 5 souvent 6 voitures de police et deux motards pour à chaque mouvement de la sélection nationale du Burkina. Gilets pare-balles, armes de guerre au point, tenue « corbeau », la police fédérale et ses hommes ne lésine pas sur la question sécuritaire de la sélection burkinabé. En fait, l’équipe de l’Equateur, un des adversaires des Etalons qui a devancé de quelques heures l’équipe du Burkina, bénéficie du même type de dispositif. Et dire qu’officiellement, la FIFA n’a pas encore autorisé les équipes à être là ! En fait chacune des équipes en lice a anticipé son arrivée sur fonds propres afin de prendre la température locale.
Ainsi, le Burkina est logé dans un joli hôtel, à l’image de son titre de champion d’Afrique jusqu’au 16 juin, date à laquelle la FIFA ouvrira son unique hôtel, retenu pour abriter les 4 équipes adversaires. Les Etalons bien arrivés 11 jours avant le début de la compétition sont loin d’être les premiers sur la terre mexicaine. Le vendredi 10, le matin en prenant pied sur la pelouse du quartier futuriste de Quéretaro, appelé Companario pour la première séance d’entraînement, « les bébé-Etalons » vont vite comprendre qu’ils ont bien fait d’être là plutôt. « On dirait que depuis que nous sommes nés, c’est la première fois que nous touchons un ballon de football » nous ont-ils confié face à toute la difficulté qu’ils avaient à se retrouver sur le terrain.
Pour cause, les effets pervers de l’altitude et le très long voyage. Le spécialiste de la remise en forme physique des Etalons, Pédro redoutait lui aussi ces facteurs. « Nous sommes arrivés au terme d’un voyage de 24h, il y a un décalage de 5 heures. Les premières heures sont pénibles » a-t-il fait remarqué. Le Mexique culmine à plus de 2000m d’altitude. Et lorsqu’on se lève ici au Mexique, à 7h, il est déjà 13h à Rood Wooko, à Ouagadougou. En plus, si on tient compte de la fatigue liée au voyage, 2h30 mn pour rallier Lisbonne à Paris, 10h3 0mn pour rallier Paris à Mexico et 2h pour se retrouver à Querétaro, un seul jour, on comprend la fatigue des gamins. Surtout, on sait que la remise en jambe ne va pas se faire du jour au lendemain même si toute l’équipe pense le contraire. En effet, au deuxième jour de répétition des gammes chez les Etalons le capitaine soutient, activement peut-être : « Aujourd’hui, vous avez vu, nous avons retrouvé nos jambes ».
Même le faiseur de forme, Pedro va relativiser : « Dès cette deuxième séance, les joueurs étaient plus présents physiquement. Nous ne sommes plus loin de notre fraîcheur physique de Ouaga ». Pour le coach, Rui Veira, il n’y a pas de temps à perdre. « Aujourd’hui, j’ai allongé la séance car j’ai senti qu’ils répondaient. De toutes les façons, il fallait appuyer sur l’accélérateur, car l’adaptation doit être le plus rapide possible », a-t-il fait savoir. A huit jours du premier match des Etalons cadets contre le Panama, l’entraîneur dit avoir déjà son équipe type. « Je sais qui va commencer. Je vais travailler les automatismes après la phase d’acclimatatio », soutient-il. Il sied de savoir que la classe Etalons s’est dégraissée de 5 joueurs comme précédemment annoncé. Et c’est vendredi soir que les redoublants ont connu leurs noms.
Il s’agit de Fofana Oumarou (KOZAF), Gervais Somé (Naba Kaongo), Abdoulaye Bécanne (Côte d’Ivoire), Assim Traoré (IFA), Inoussa Zidwenba (AZTM/Togo). Faut-il craindre une certaine perturbation liée à cet événement ? Pas du tout, rassure le coach. « C’est même une prime pour les 5 libérés. Nous l’avions, déjà signifié. 5 sur les 26 devaient partir. Mentalement, ils s’y attendaient, le fait de leur permettre de faire le déplacement sur le Mexique est un bonus vécu comme tel pour eux », a expliqué Rui Veira. Les 5 recalés prennent toujours part aux entraînements du groupe qu’Ils n’ont pas encore quitté. La séparation, ce sera le 16, quand l’équipe passera sous la gestion de la FIFA.
Jérémie NION : Envoyé spécial au Mexique
Missive de Mexique : Bonjour cher lecteur !
A la faveur de la Coupe du monde des cadets Mexique 2011, Sidwaya, a dépêché un envoyé spécial à Querétaro, l’une des six villes site aux côtés des Etalons en lice dans la compétition. A mille et un lieux du Burkina, c’est un autre monde donc forcément, autre culture. Au-delà de l’événement sportif, nous prenons le pari de vous partager nos découvertes dans ce pays d’Amérique du Sud à travers une missive régulière. En voilà la toute première.
Tiens, il y a encore des descendants d’Adam et d’Eve sur cette terre qui aiment la peau noire ! Il faut aller au Mexique, précisément dans la ville de Querétaro pour rencontre cette espèce probablement en voie de disparation. Femmes et hommes s’arrêtent sur le passage du petit groupe de venus du Burkina Faso que nous formions pour nous regarder, souvent sans la moindre discrétion. Je ne vous le cache pas. C’est agaçant. Et surtout quand vous ne saviez pas s’il y a une pointe d’admiration ou simplement de la moquerie, de l’ironie, de la curiosité déplacée. En tous les cas, c’est forcément gênant ces regards mexicains. Et puis pendant que je m’interrogeais, j’arrive à l’hôtel. Moi qui finissais par croire qu’il y a du mépris dans ces regards qui vous déshabillent, dispose d’un élément pour conforter mon a priori. Il faut payer cash avant de disposer de ma chambre. Apparemment, c’est une règle à la tête du client, à la tête du nègre.
Mais le lendemain, ma conviction est balayée du revers de la main. Une réceptionniste de l’hôtel toute sautillante, telle une adolescente qui retrouve son amoureux déclare, à haute et intelligible voix et publiquement qu’elle adore la peau noire ! Elle s’excuse avec pudeur avant de toucher notre peau. Bon sans plus. Nous sommes marié et Burkinabè fidèle et intègre. Et comme si cela ne suffisait pas, tous le groupe de journalistes est sollicité pour des photos souvenir. Ni plus ni moins que des fans le font avec Prad Pit, Zidane, Maradona, Messi et j’en passe. Nous aime-t-on ou rit-on de nous ? La question est toute entière. Par contre, sur la question des repas, mon sentiment est clair, c’est le désamour. Je ne connais pas tous les mets mexicains. Mais je vous assure d’une chose, à chaque fois que l’heure de passer à la table sonne, le groupe de journalistes que nous sommes est en proie à une énorme inquiétude.
Qu’est-ce qu’on va nous servir encore ? Dans un anglais mélangé à l’espagnol, vous parvenez à commander un plat. Mais une fois le service fait, vous vous demandez si c’est bien votre plat tant le goût et l’apparence manque d’appetit ! Croyez-moi, nous mangeons la mine défaite tout en croyant que le choix suivant de plat sera le bon. Là encore ce sera la déception. Enfin, le jour où vous foulerez le sol du Mexique, si vous deviez trouver un hôtel, ne vous fiez pas au nombre d’étoiles que la façade du bâtiment porte. Les reporters que nous sommes, avions voulu prendre "nos quartiers" dans un hôtel 4 Etoiles ! Le prix nous était raisonnable.
Mais une fois dans la chambre, grande fut notre surprise de savoir qu’il n’y avait même pas de système de climatisation. Juste « un ventillo » qui tournait avec un grincement. Evidemment, nous sommes revenus sur nos pas nous faire rembourser. Nous avions déposé nos valises dans un hôtel sans étoiles mais avec des commodités meilleures. En 48h, j’ai beaucoup appris. Ce séjour, franchement promet. Mais rassurez-vous, vous en serrez le grand témoin pour peu que vous soyez fidèles. Tiao, tiao !
Jérémie NION de Mexique
Sidwaya