Le pays des hommes intègres débarque en Ligue 1. Alain Traoré (Auxerre), Jonathan Pitroipa (Rennes) et Bakary Koné (Lyon), trois internationaux burkinabès, cartonnent sur les pelouses françaises. Du côté de Ouagadougou, personne ne s’en étonne.

Cinquième nation africaine au classement FIFA, derrière la Côte d’Ivoire ou le Ghana mais devant l’Algérie, le Sénégal ou le Cameroun, le Burkina Faso est en pleine ascension. En témoigne la domination tranquille du groupe F des éliminatoires de la CAN 2012 par les Etalons (3 victoires, 11 buts pour, 2 contre). Cette réussite s’explique en partie par les bonnes performances de ses cadres, Jonathan Pitroipa (Rennes), Bakary Koné (Lyon) et Alain Traoré (Auxerre) en tête.

Car le mois d’août aura souri aux internationaux burkinabè. Débarqués en France cet été, Jonathan Pitroipa et Bakary Koné ont fait preuve d’une capacité d’adaptation hors du commun. En quelques semaines, le temps de s’installer en Bretagne et dans le Rhône respectivement, le milieu de terrain et le défenseur sont devenus des pièces maîtresses dans leur équipe. C’est d’autant plus surprenant pour Koné, 24 ans, qui évoluait il y a peu en National. Désormais, il va se frotter au Real Madrid de José Mourinho, Cristiano Ronaldo et Kaka après son but essentiel face au Rubin Kazan (1-1).

Six buts en eux trois

De son côté, Pitroipa disposait déjà d’une certain expérience du plus haut niveau après six saisons en Allemagne. Au final, il a su se fondre dans l’effectif breton sans faire de vague, à la force de ses performances (4 matches, 1 but, 1 passe décivise en Ligue 1). Pas étonnant pour Paulo Duarte, le sélectionneur. "Il est phénoménal, a une grande créativité et c’est un incroyable technicien", clame le technicien portugais, qui le compare même à Harry Potter pour sa capacité à réaliser des tours de passe-passe devant les défenseurs adverses. "C’est un petit enfant et physiquement il n’est pas très fort, affirme Duarte. Il a besoin d’amour et de confiance. Je pense que Frédéric Antonetti l’a compris."

Même son de cloche pour Alain Traoré, fan de Pitroipa. "Il sait tout faire. Pour moi, il est encore plus fort que Gervinho, assure le milieu bourguignon. Son seul défaut, c’est son manque d’efficacité. Il doit être plus méchant devant le but. Physiquement, il est fin, mais je ne me fais pas de souci. Avec sa pointe de vitesse, il passe partout." Mais, finalement, c’est bien le milieu de terrain de l’AJA qui fait sensation. Quatre matches, cinq buts, le joueur de 22 ans a pris une autre ampleur cette saison. Mais il refuse de se prendre la tête. "J’essaye juste de faire de mon mieux, je ne me suis pas fixé de palier de buts à atteindre. L’important c’est de s’appliquer et de faire le meilleur match possible. Tant mieux si j’arrive à marquer et à être décisif. Mais je sais que je ne suis pas programmé pour mettre des buts (rires). En ce moment ça marche bien pour moi, mais si ça s’arrête, ce ne sera pas un drame, explique-t-il à Chronofoot. J’aime bien jouer en temps que meneur de jeu. À ce poste, je peux avoir une vision globale du jeu, et l’orienter à ma guise. Franchement, finisseur ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. De toute manière, quand vous voyez les buts que j’ai marqués vous comprenez tout de suite que je ne suis pas un avant-centre. Je ne suis pas Moussa Sow (rires)." Ce n’est pas Paulo Duare qui s’en plaindra