Porté disparu des rangs de l’Etoile filante de Ouagadougou, Mohamed Francis Ky y a refait surface, à l’occasion des éliminatoires Sénégal 2015 des U20. Une réapparition qui donne un début d’éclaircie à ce transfert obscur. Un mal de notre football, depuis plusieurs années.

Visiblement, l’adresse maghrébine de Mohamed Francis Ky était connue de bien des gens, sauf de l’EFO. Si le sectionneur Sidi Napon l’a convoqué pour le match contre le Mali, il est indéniable que le statut du joueur était bel et bien connu. Les dirigeants stellites s’étaient-ils résignés à espérer que «l’assassin finisse par revenir un jour, sur les lieux du crime» ? En tous les cas, c’est vraisemblablement à la faveur de ces éliminatoires que l’EFO a retrouvé les traces de celui qu’il considère toujours comme son joueur, étant donné qu’il était sous contrat avec le club jusqu’à sa disparition.

En revenant sur les pelouses qu’il avait quittées en catimini, Mohamed Francis Ky a lui-même réouvert son dossier. Dès lors, tout est allé très vite. Banaba Lamoussa Victor, agent de joueurs de son état, serait le cerveau du frauduleux transfert de Mohamed vers le club Gasfa de Tunis. Au jeu du chat et de la souris, le contexte donnait pour souris le sieur Banaba. 

Et naturellement, la gendarmerie a réussi à le coincer. Issa Nikiéma, ancien sociétaire de l’ASFA-Y, aurait lui aussi pris une part active dans l’affaire. Il faut dire que dans ce registre, l’ancienne terreur des gardiens de but du championnat d’élite burkinabè n’est pas une inconnue.

A ce duo, vient s’ajouter Adama Traoré Damis. Ancien joueur et secrétaire administratif de l’EFO depuis plus de 10 ans, il serait celui, sans lequel le transfert n’aurait pu aboutir. D’après nos sources, c’est l’ex-entraîneur Pereira, qui serait à la base de l’invitation du joueur pour un essai dans le club tunisien. Ensuite, serait entré en jeu Banaba Victor, en sa qualité d’agent FIFA.

C’est même lui   qui, dit-on, aurait pris en charge le voyage du joueur. C’est encore lui qui serait allé sur place pour les négociations. L’affaire une fois dans le sac de Banaba et non dans les caisses de l’EFO, restait l’épineuse équation de la lettre de libération. Comment prouver aux Tunisiens que le joueur est effectivement libre ?

C’est alors que le SA Damis aurait été sollicité par l’intermédiaire de Issa Nikiéma. Profitant d’une situation favorable, Adama Traoré Damis aurait établi le fameux document avec pour authenticité, un vrai cachet du club et une vrai-fausse signature. Le tour est joué, au détriment du club dont il est censé défendre les intérêts. Nous avons tenté de joindre le président Moustapha Degtoumda, sans succès. Il semble qu’il ne s’est pas encore remis du très probable abus de confiance de son collaborateur direct dans l’affaire.

Gardé en vue à la brigade de recherche de la gendarmerie depuis mardi dernier, les investigations sont en cours, en vue d’établir le degré de culpabilité des uns et des autres, voire de pêcher d’autres poissons vénimeux du genre. 

Nous espérons surtout qu’elle permettra de mieux cerner ce phénomène pernicieux qui s’est ancré à tous les niveaux (dirigeants, agents de joueurs, journalistes, anciens joueurs, promoteurs…), afin de mieux le combattre sous toutes ses formes. Mais déjà, on peut, de l’avis de certains témoignages, saluer la volonté (ce qui manifestement manque à dessein à certains dirigeants), du président Degtoumda, qui a déposé la plainte, en vue de tirer cette affaire au clair. 

Hamed JUNIOR