Ouverte le jeudi 12 juin 2014 à Sao Paulo au Brésil, la 20e édition de la coupe du monde de football a enregistré la fin de ses premiers matchs de groupes dans la soirée du 17 juin dernier. Le comité exécutif de la Fédération burkinabè de football (FBF) y est présent à travers une délégation conduite par son président, le Colonel Sita Sangaré avec qui nous avons échangé par courrier électronique. Nous avons abordé avec lui l'ambiance qui y règne et les chances des équipes africaines. C'était juste au moment où le Colonel Sita Sangaré se rendait au stade de Belo Horizonte pour suivre la rencontre Belgique – Algérie.
Le Pays » : Comment avez-vous vécu l'ouverture de cette coupe du monde et qu'est-ce que vous retenez ?
Le Pays » : Comment avez-vous vécu l'ouverture de cette coupe du monde et qu'est-ce que vous retenez ?
Je l'ai vécue avec beaucoup d'émotions en pensant bien sûr au Burkina qui aurait pu y être. J'ai été beaucoup impressionné par la ferveur populaire qui a prévalu malgré tout ce qui se racontait au sujet de cette compétition. J'ai aussi salué cette grande mobilisation des supporters brésiliens habillés en vert et or aux couleurs de leur équipe nationale, sans oublier également les supporters croates dans leurs couleurs également, même s'ils ont été noyés dans un stade acquis à la cause du Brésil.
Comment vivez-vous l'ambiance de cet évènement et les mouvements sociaux qui s'y poursuivent ?
Je vis intensément cet événement. Après le match d'ouverture, j'ai été dimanche à Recife pour apporter mon soutien et celui de la Fédération burkinabè de football à mon ami et collègue Sidi Diallo de la Côte d'Ivoire. Je profite de vos lignes pour lui traduire, à lui et aux Eléphants, nos vives félicitations pour cette victoire qui nous honore tous. Vous n'êtes pas sans savoir que des liens séculaires unissent nos deux pays, donc cette victoire est aussi la nôtre.
Je suis aujourd'hui (mardi) à Belo Horizonte pour suivre le match de l'Algérie contre la Belgique et apporter notre soutien au président Mohamed Raouaraoua.
Quant aux mouvements sociaux, je dirai que c'est l'expression de la démocratie. Il y a des Brésiliens qui estiment que l'argent utilisé dans l'organisation de ce mondial aurait pu servir ailleurs pour l'amélioration de leurs conditions de vie. C'est leur droit le plus absolu de manifester pour le signifier. Mais n'empêche, la compétition se poursuit normalement dans une ferveur populaire qui contraste avec les mouvements sociaux.
Quel commentaire faites-vous sur les premières sorties des équipes africaines ?
Je dois dire qu'il y a naturellement un brin de déception, car en dehors de la Côte d'Ivoire qui a su tirer son épingle du jeu, les autres pays (Cameroun, Nigeria et Ghana) sont passés à côté de leur sujet. Cependant, je ne désespère pas, car nous sommes dans une formule de championnat et, pour ce faire, ils auront l'occasion de se racheter.
Au regard de leurs prestations, est-ce que le Burkina aurait mieux fait ?
Question difficile, mais comme je dois y répondre, je dirai que je ne sais pas quel aurait été le comportement du Burkina s'il était à ce mondial. Mais je crois qu'il se serait bien comporté, car à ce stade de la compétition, chacun a envie de se surpasser, et je ne doute pas que les Etalons auraient donné le meilleur d'eux-mêmes. Le Costa Rica et le Honduras qualifiés de petits poucets ont eu de fortunes diverses. Le Costa Rica a déjoué les pronostics en battant l'Uruguay, un prétendant sérieux au titre, et le Honduras a malheureusement respecté son statut de petit poucet en concédant une lourde défaite face à la France. Le Burkina aura été dans l'un ou l'autre cas de figure.
Que pensez-vous de la question des primes qui a secoué la sélection du Cameroun ?
Je dirai qu'il s'agit à mon avis de manque de collaboration entre les différentes autorités qui ont en charge la gestion de l'équipe nationale camerounaise. Sinon, cette question de primes devait être traitée en toute transparence pour éviter ce spectacle qui nous a encore été servi, car ce n'est pas la première fois que cette question est posée dans ce pays. Il y a 32 pays qui sont qualifiés, et dans chaque pays la question de primes a été traitée avec moins de bruit qu'au Cameroun, et je pense que la FECAFOOT et le ministère de tutelle gagneraient à prendre des dispositions pour éviter, à l'avenir, un tel comportement des Lions Indomptables, qui n'honore pas le Cameroun et l'Afrique.
Pensez-vous que la prestation en demi-teinte du Nigéria lors de sa première sortie peut être assimilée aux menaces de Boko Haram ?
Je ne crois pas du tout que les attaques de Boko Haram aient eu une quelconque conséquence sur cette prestation des Supers Eagles du Nigéria. Je parlerai plutôt d'un excès de confiance. Il y a eu de la suffisance dans les propos. L'entraîneur, dans des interviews, a affirmé que le Nigéria n'est pas venu au Brésil pour faire de la figuration ; il a été suivi par ses joueurs, et ensemble ils ont sous-estimé l'Iran qu'ils ont cru prenable à tout point de vue, mais la réalité du terrain a été tout autre. Je crois que l'entraîneur et les joueurs devraient garder les pieds sur terre, et jouer à fond leur football, sinon parler de Boko Haram dans leur prestation, je n'y crois pas, et du reste, les joueurs sont des professionnels pour céder à cette actualité.
Quelles sont les équipes que vous supportez au plan africain et au niveau des autres pays ?
En Afrique, c'est naturellement la Côte d'Ivoire, au regard des liens historiques et géographiques qui lient nos deux pays, mais également parce que la FIF a dépêché à Ouagadougou son vice-président chargé des équipes nationales pour demander notre soutien.
Je supporte également les autres pays qui sont des représentants de tout le continent, c'est à ce titre que j'ai écrit à chacun des 5 présidents de fédération des pays qualifiés pour leur souhaiter bonne chance, et je suis content de leur réaction. Ils ont salué cette vision que la FBF a de ce que doit être le football en dehors des stades. En effet, malgré nos rivalités sur le gazon, le football est avant tout un jeu, et doit favoriser le rapprochement, au lieu de nous éloigner l'un de l'autre.
Quel est votre pronostic sur la suite de la compétition ?
J'aurai voulu voir la Côte d'Ivoire en finale, mais même si nous sommes en football, le réalisme voudrait que je pronostique sur le Brésil et l'Allemagne. Le Brésil parce que c'est une équipe qui va monter en puissance, et sur ces propres installations avec le soutien de son public aura son mot à dire. Quant à l'Allemagne, c'est une formation qui a convaincu dès son premier match, et ce ne sera pas une surprise de la voir en finale ; c'est le contraire qui va étonner. Je vais miser sur une troisième équipe, l'Argentine, au cas où elle ne rencontrerait pas le Brésil avant la finale.
Quelle est la feuille de route de préparation des Etalons pour la CAN 2015 et le mondial 2018 ?
Nous travaillons en étroite collaboration avec l'encadrement technique qui nous a soumis un programme qui a commencé avec le match amical contre le Sénégal à Ouagadougou. Nous sommes en train de négocier un autre match amical pour le mois de juillet. Pour le reste dudit programme, on verra de concert avec le ministère des Sports et des loisirs les dispositions à prendre pour le respecter.
Pour ce qui est des éliminatoires du mondial de 2018, je pense qu'il faut mettre en place une équipe nationale olympique. Il faut songer à nommer rapidement un encadrement technique qui va se mettre au travail pour nous constituer une équipe nationale olympique compétitive. Je crois à mon avis que l'équipe des Etalons qui va jouer les éliminatoires du mondial 2018 ne devrait pas être très différente de cette équipe olympique.
Quel est votre commentaire sur la condamnation du sélectionneur national Paul Put ?
Je voudrais d'abord vous dire qu'il ne s'agit pas d'une condamnation définitive. Etant également à l'étranger, c'est prématuré de vous dire ce qui va se passer. A mon retour, j'aurai un entretien avec l'entraîneur. Ensuite, il y aura une réunion du comité exécutif, et c'est à l'issue de tout cela que nous allons adopter une position harmonieuse. Mais pour l'heure, c'est comme si de rien n'était.