Victimes principales du feuilleton Luzenac, les joueurs du LAP sont aujourd'hui confrontés à un drame social. Contacté par nos soins, l'un d'entre eux nous a raconté son calvaire.
C’est fini pour Luzenac. Le petit club ariégeois, qui vivait un conte de fée footballistique jusqu’à l’obtention de sa montée sportive en Ligue 2, a finalement perdu sa lutte administrative avec les différentes instances du football français, déposant la clé sous la porte. Une fin tragique, qui plonge les joueurs du LAP dans la tourmente. C’est le cas de Cheikh Bangre. Le milieu de terrain de 20 ans est qui plus est dans une situation particulière, lui qui venait tout juste de s’engager avec le « promu ». N’ayant pas pu percer au sein de son club formateur le TFC, avec lequel il avait successivement signé des bails aspirant, stagiaire puis amateur, le jeune homme versait donc dans l’enthousiasme en juin dernier à l’heure de parapher son premier contrat pro. Un contrat signé juste après le premier refus de montée prodigué par la DNCG. « J’ai fait mes essais avant, la proposition est arrivée avant. Je ne me suis pas affolé, parce qu’on m’a rassuré, on m’a dit que l’argent était là, donc je ne me suis pas inquiété et j’ai signé », nous raconte le joueur, qui n’a commencé à déchanter qu’après que l’interdiction ait été confirmée en appel.
« Après le deuxième refus c’était plus compliqué, on était abasourdi, les dirigeants ont cherché à nous rassurer, mais nous ont dès lors laissé la possibilité de partir. Là, j’ai commencé à chercher, mais il y avait toujours le combat avec les instances, le CNOSF ça n’a pas marché, après le tribunal a donné un avis favorable, on était quasi-persuadé qu’on allait jouer en Ligue 2. Puis un autre non par rapport au stade. C’était l’ascenseur émotionnel, mais on ne perdait pas espoir », poursuit Bangre. Jamais, il n’a imaginé la dissolution du LAP. « Le pire que j’ai imaginé, c’est le retour en National. Parce que si on ne pouvait jouer en Ligue 2, dans ma tête c’était logique, on allait être réintégré au National. Ça me semblait être la moindre des choses. » Seulement voilà, les présidents des clubs de la division se sont finalement opposés à la réintégration du club, précipitant sa disparition. Bangre l’a appris le jour même, et depuis, oscille entre rage et incompréhension.
De fait, à l’heure de tirer un bilan, le milieu de terrain estime que ses dirigeants « n’ont peut-être pas bien fait les choses », mais reste convaincu que « plutôt que de nous casser à chaque fois, la Ligue aurait pu nous aider », accompagner le club dans sa professionnalisation. Il affiche bon nombre de regrets. « Les décisions contraires du début à la fin, puis la durée : c’était trop long. Trop de magouilles, trop de non-dits, trop d’attente. On n’a pas pensé aux joueurs, à leurs familles. Ce fut trois mois pourris, très difficiles à vivre. » Les conséquences sont désastreuses pour le milieu de terrain, désormais au chômage. Et autant dire que pointer au pôle emploi à cette période, alors que la saison a repris et que les effectifs sont au complet, est loin d’être de bon augure. D’autant plus avec un CV quasi-vierge. « On se retrouve tous dans la galère, parce que si on retrouve un club, le challenge ne sera certainement pas aussi attrayant que ce qu’on aurait pu et dû vivre. Si ça c’était terminé y’a deux mois, j’aurais eu le temps de me retourner. Mais là… Et puis je n’ai pas un CV impressionnant, je sors de CFA 2, je n’ai jamais joué en pro, les clubs recherchent des joueurs plus expérimentés. » Alors le jeune homme prend son mal en patience. « En ce moment, c’est des coups de fil, de l’attente, du stress. Je m’entraîne seul, me prépare. Je vais voir si je peux m’entraîner avec la réserve du TFC. Le tout c’est d’être prêt si on m’appelle. » C’est tout ce qu’on lui souhaite.
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