Gilets pare-balles pour footballeurs africains
lundi 11 janvier 2010
Vendredi 8 janvier, alors qu’elle venait de pénétrer dans l’enclave du Cabinda,
en Angola, la sélection togolaise a été attaquée à la mitrailleuse par
un groupe d’indépendantistes. L’édition 2010 de la Coupe d’Afrique des
nations (CAN 2010) commence ainsi dans un bain de sang. Deux membres de
la délégation togolaise (le chargé de communication et l’entraîneur
adjoint) gravement blessés dans la fusillade ont succombé à leurs
blessures. D’autres blessés graves sont en soins intensifs. Le Togo est
endeuillé.
Le football africain est en berne. Pouvait-il avoir meilleur
scénario pour une fois de plus, ternir l’image du continent et jeter un
discrédit sur les autorités de la Confédération africaine de football
(CAF) et de l’Angola ?
En attendant que les responsabilités soient situées, cet acte ignoble,
voire criminel, en même temps qu’il est choquant, s’impose comme le
deuxième mauvais signal dans l’organisation de la CAN 2010. Le premier
mauvais signal étant la surenchère observée dans la fixation du coût
des droits de retransmission télévisuelle. Dans un premier temps, il a
été exigé du Burkina Faso, le paiement de la somme d’un milliard de
francs CFA (!) pour l’obtention des images de la CAN 2010.
D’autres pays comme le Nigeria doivent payer une rançon plus élevée.
Ce chantage financier et l’insécurité sont pour l’instant (souhaitons
qu’il n’y ait pas d’autres situations désastreuses), deux faits qui
donnent son aspect particulier à la CAN 2010.
L’éclat de la fête a été terni. La cote populaire de la
manifestation perd de l’élan. Si d’autres pays comme le Burkina Faso
refusent de céder au chantage en faisant un "black out" sur
l’événement, la CAN 2010 serait un demi-succès.
Les dirigeants de la CAF dont l’une des principales missions est de
promouvoir le football en Afrique, devraient se ressaisir.
Aucun intérêt égoïste ne saurait être mis en avant au détriment de la
sécurité des joueurs et du développement du football sur le continent.
"Nous avons écrit deux mois avant la CAN, à M. Issa Hayatou pour
l’avertir que nous étions en guerre.
Celui-ci n’a pas voulu prendre nos avertissements en considération"
a laissé entendre le secrétaire général du Front de libération de
l’enclave de Cabinda (FLEC), Rodrigues Mingas. Cette accusation
n’honore pas la CAF. Pour les séparatistes, les responsables politiques
angolais ont voulu organiser la CAN au Cabinda dans un but de marketing
politique.
Il s’agit selon eux, de faire croire à l’opinion internationale que
le Cabinda est une zone de paix et que les investisseurs peuvent y
venir faire des affaires. Même si pour cela, les équipes doivent porter
sous leurs maillots des gilets pare-balles pour jouer.
Sous cet angle, la CAN perd de sa substance pour ne devenir qu’un
vulgaire moyen de marketing politique. Il ne saurait être question pour
l’organisation de la CAN, que la logique politique ou politicienne, les
considérations économiques ou financières priment. Si la coupe
d’Afrique des Nations s’est imposée aujourd’hui comme une manifestation
majeure du continent, c’est grâce à l’engouement populaire qu’il a
suscité.
Perdre de vue cet aspect, c’est courir le risque d’étouffer la poule
aux œufs d’or. Des huit pays candidats au départ pour l’organisation de
la CAN 2010 (Nigeria, Angola, Mozambique, Mali, Zimbabwé, Libye,
Namibie, Sénégal), l’Angola est peut-être le plus riche mais
certainement pas celui qui remplissait le mieux les conditions pour la
réussite d’une bonne organisation de la biennale du football africain.
Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
rabankhi@yahoo.fr
lundi 11 janvier 2010
Vendredi 8 janvier, alors qu’elle venait de pénétrer dans l’enclave du Cabinda,
en Angola, la sélection togolaise a été attaquée à la mitrailleuse par
un groupe d’indépendantistes. L’édition 2010 de la Coupe d’Afrique des
nations (CAN 2010) commence ainsi dans un bain de sang. Deux membres de
la délégation togolaise (le chargé de communication et l’entraîneur
adjoint) gravement blessés dans la fusillade ont succombé à leurs
blessures. D’autres blessés graves sont en soins intensifs. Le Togo est
endeuillé.
Le football africain est en berne. Pouvait-il avoir meilleur
scénario pour une fois de plus, ternir l’image du continent et jeter un
discrédit sur les autorités de la Confédération africaine de football
(CAF) et de l’Angola ?
En attendant que les responsabilités soient situées, cet acte ignoble,
voire criminel, en même temps qu’il est choquant, s’impose comme le
deuxième mauvais signal dans l’organisation de la CAN 2010. Le premier
mauvais signal étant la surenchère observée dans la fixation du coût
des droits de retransmission télévisuelle. Dans un premier temps, il a
été exigé du Burkina Faso, le paiement de la somme d’un milliard de
francs CFA (!) pour l’obtention des images de la CAN 2010.
D’autres pays comme le Nigeria doivent payer une rançon plus élevée.
Ce chantage financier et l’insécurité sont pour l’instant (souhaitons
qu’il n’y ait pas d’autres situations désastreuses), deux faits qui
donnent son aspect particulier à la CAN 2010.
L’éclat de la fête a été terni. La cote populaire de la
manifestation perd de l’élan. Si d’autres pays comme le Burkina Faso
refusent de céder au chantage en faisant un "black out" sur
l’événement, la CAN 2010 serait un demi-succès.
Les dirigeants de la CAF dont l’une des principales missions est de
promouvoir le football en Afrique, devraient se ressaisir.
Aucun intérêt égoïste ne saurait être mis en avant au détriment de la
sécurité des joueurs et du développement du football sur le continent.
"Nous avons écrit deux mois avant la CAN, à M. Issa Hayatou pour
l’avertir que nous étions en guerre.
Celui-ci n’a pas voulu prendre nos avertissements en considération"
a laissé entendre le secrétaire général du Front de libération de
l’enclave de Cabinda (FLEC), Rodrigues Mingas. Cette accusation
n’honore pas la CAF. Pour les séparatistes, les responsables politiques
angolais ont voulu organiser la CAN au Cabinda dans un but de marketing
politique.
Il s’agit selon eux, de faire croire à l’opinion internationale que
le Cabinda est une zone de paix et que les investisseurs peuvent y
venir faire des affaires. Même si pour cela, les équipes doivent porter
sous leurs maillots des gilets pare-balles pour jouer.
Sous cet angle, la CAN perd de sa substance pour ne devenir qu’un
vulgaire moyen de marketing politique. Il ne saurait être question pour
l’organisation de la CAN, que la logique politique ou politicienne, les
considérations économiques ou financières priment. Si la coupe
d’Afrique des Nations s’est imposée aujourd’hui comme une manifestation
majeure du continent, c’est grâce à l’engouement populaire qu’il a
suscité.
Perdre de vue cet aspect, c’est courir le risque d’étouffer la poule
aux œufs d’or. Des huit pays candidats au départ pour l’organisation de
la CAN 2010 (Nigeria, Angola, Mozambique, Mali, Zimbabwé, Libye,
Namibie, Sénégal), l’Angola est peut-être le plus riche mais
certainement pas celui qui remplissait le mieux les conditions pour la
réussite d’une bonne organisation de la biennale du football africain.
Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
rabankhi@yahoo.fr