CAN 2010
Issa Hayatou : “Nous n’avons pas disqualifié le Togo”
jeudi 14 janvier 2010
Pour la première fois depuis l’attaque meurtrière de l’équipe du Togo
en Cabinda, Issa Hayatou, président de la CAF (Confédération africaine
de Football), responsable de la CAN, a donné des précisions sur les décisions
de l’organisation.
Comment avez vous vécu les événements de Cabinda ?
I. H. : Vous savez nos frères togolais ont été
attaqués en venant de Pointe noire à Cabinda. Et il y a eu mort
d’homme. C’est regrettable ce qu’il s’est passé, la CAF a pris toutes
les dispositions pour être aux côtés de la délégation togolaise. Dans
un premier temps on a dépêché notre vice président. Nous étions en
pleine réunion quand on nous a annoncé ces événements tragiques.
Tout de suite on a mis fin à la présentation de M. Mamane à cette
réunion pour pouvoir aller nous représenter à Lubango (en fait Cabinda,
ndlr) auprès de la délégation togolaise, le lendemain j’ai été reçu par
le Premier ministre de l’Angola qui nous dit qu’il ya eu dans la nuit à
4h00 du matin de vendredi à samedi 2 morts et immédiatement nous sommes
partis à l’aéroport, on a pris l’avion pour aller à (Cabinda)... auprès
de la délégation togolaise.
Nous les avons rencontrés et nous en avons profité pour rencontrer
les autres délégations car il y avait la psychose de la peur. Vous
savez dans des occasions de cette nature là, la presse ne ménage aucun
effort pour amplifier l’information.
Il y avait des vraies rumeurs, des fausses rumeurs. Tout cela a
contribué à amplifier la peur, il fallait donc que le comité exécutif,
que j’ai eu l’honneur de conduire, se rende auprès de ces équipes pour
les assurer de notre soutien et surtout du renforcement du dispositif
sécuritaire que le gouvernement angolais entendait apporter à cette
organisation après le coup tragique que le Togo a eu.
Et sur ce on est parti voir les Ivoiriens, les Ghanéens et le
Burkinabés. Et on a pris notre avion et on est revenu. Le lendemain
j’ai vu dans la presse que le Togo a décidé de rester, que les joueurs
ont décidé de rester et quelque temps après nous apprenons que malgré
tout la décision politique veut qu’ils repartent. Ils sont donc
repartis. Contrairement à ce que les gens disent, la CAF n’a pas
disqualifié le Togo, c’est le Togo qui est parti. Les medias qui
connaissent mal le règlement disent que nous avons disqualifié le Togo.
N’était-il pas possible d’accéder à leur requête ?
I. H. : Non non, la CAN c’est un événement et la
CAF, je ne voudrais pas nous jeter des fleurs de brevet de
satisfaction. Nous sommes l’une sinon la seule organisation en Afrique
qui tienne. Nous n’avons pas de subvention de personne, nous volons de
nos propres ailes. Nous respectons le règlement c’est pour cela que la
CAF est debout.
Si on commence à faire des dérogations de cette nature parce que
nous nous pensons qu’on peut jouer. Parce qu’il y a eu des événements
plus tragiques dans le monde, on n’a pas arrêté les événements pour
autant. Souvenez-vous de Munich, il y a eu le corps des Israéliens mais
les événements ont continué.
Nous nous sommes réunis à la mi-temps (du match d’ouverture) pour
vous dire l’importance qu’on a donnée à cette question. Au stade on
nous a donné une salle, nous avons examiné l’ensemble des problèmes qui
peuvent se poser à la suite d’un report.
Et le comité exécutif dans son ensemble a rejeté cela. Et nous avons
notifié à la partie togolaise : ou ils restent, ou ils se retirent et
ils ont préféré se retirer. Nous respectons leur décision et nous
prenons acte.
Le premier ministre togolais a dit que la CAF n’avait pas présenté ses condoléances
I. H. : J’ai beaucoup de respect pour le Premier
ministre du Togo, je n’ai pas à lui répondre. Mais tout ce que je sais
c’est que nous on a fait tout ce qu’on peut faire. Et si c’était
nécessaire on peut prouver qu’on a tout fait. Mais c’est le Premier
ministre d’un pays souverain. Nous, nous traitons avec la fédération
nationale, je ne veux pas répondre aux propos du Premier ministre. J’ai
entendu ce qu’il a dit mais je ne veux pas faire la polémique. Ni avec
lui, ni avec quelqu’un d’autre.
Est-ce que le Togo était prévenu des risques de Cabinda ?
I. H. : Nous avons tiré notre calendrier, nous
attendions les équipes. Et toutes les 15 équipes, la 16ème étant
l’Angola, devaient dire au comité d’organisation le moyen par lequel
ils devaient venir ici... Ça c’est avec le comité d’organisation local.
Le gouverneur nous a décrit le scénario de là-bas qui aurait dit qu’il
leur a dit de ne pas venir par route. J’ai dit qu’il aurait dit.
C’est lui qui nous a dit de sa propre bouche. Eux ils ont dit qu’ils
allaient venir par route, c’est leur choix. Ils ont préféré venir par
route et ce qui est arrivé est arrivé. C’est malheureux, nous le
regrettons mais il ne revenait pas à la CAF de leur imposer une voie.
Vous comprenez l’inquiétude des équipes qui y sont celles qui vont s’y rendre ?
I. H. : Il ya plus de 400, 500 mille personnes qui
vivent à Cabinda quotidiennement. Il y a des Européens, il y a des
Africains de tout bord. Des Angolais, des Camerounais, des
Sud-Africains qui vivent là-bas en toute quiétude. Il ne faut pas que
des incidents viennent créer des doutes dans l’esprit des gens.
La sécurité angolaise est là, c’est une nation qui est indépendante
depuis 1975, qui encadre bien ses populations. Ils ne sont pas en
brousse. Ils sont dans la ville de Cabinda... Je ne réponds plus à ces
questions là, c’est fini. Allez ailleurs.
Source : Eurosport