Sidiki Diarra, ancien entraîneur des Etalons
“Les Etalons n’ont pas un fond de jeu”
mercredi 20 janvier 2010
Les Etalons quittent la Coupe d’Afrique des Nations sans une bonne note de
jeu. Ils ont été l’ombre d’eux-mêmes au regard des deux sorties qu’ils
ont eues à cette 27e CAN. Dans cet entretien, Sidiki Diarra, ancien
sélectionneur des Etalons, apprécie le comportement de Mahamoudou Kéré
et de ses camarades. Pour lui, une équipe nationale ne se construit pas
sur la base du gabarit. Il faut surtout le talent.
Sidiki Diarra (S.D) :
Je souligne d’avance que la nature du match que nous devrions jouer ce
soir était très difficile. Quand il ne faut qu’un nul pour se
qualifier, cela devient un match à calcul. La tâche des Etalons serait
plus aisée si on avait des joueurs plus matures. Revenant au match, je
dirai que le Burkina a eu une bonne entame de jeu. Les Etalons sont
bien rentrés dans le match jusqu’au moment où ils ont encaissé le but.
Dès lors, l’équipe s’est effritée au fil de la rencontre.
On a fini par jouer sur de longues balles afin d’arriver vite devant
les buts adverses. Nous avons été fragilisés moralement sans doute. A
mon avis, c’est le manque d’expérience, un manque d’habitude de ces
genres de compétitions. Si l’équipe avait pu se ressaisir sur le plan
psychologique, elle aurait réussi l’égalisation et même pourquoi pas
arracher la victoire. Toutefois, il faut reconnaître que les Ghanéens
ont mérité leur victoire, au regard des occasions de but qu’ils se sont
créés.
S. : Vous parlez d’immaturité de notre équipe. Pourtant,
la formation ghanéenne regorge de beaucoup de joueurs juniors qui
viennent de remporter la dernière Coupe du monde de leur catégorie. Ne
trouvez-vous pas que les Etalons ont plus d’expérience qu’eux ?
S.D : Je ne pense pas qu’on ait plus d’expérience
qu’eux parce que la Coupe du monde des moins de 20 ans est quand-même
une compétition de haut niveau. Quand un joueur prend part à une Coupe
du monde junior et la gagne, il ne faut pas le minimiser. Il est
possible que nous soyons tombés dans ce piège en nous disant que
c’était des enfants. Des enfants ne gagnent pas une Coupe du monde
junior. Pour la gagner, il faut du talent.
S. : Aux matchs éliminatoires, nous avons vu des Etalons très entreprenants. Est-ce que avez reconnu cette équipe à la CAN ?
S.D : Je n’ai pas vu tous les matchs des Etalons
lors des éliminatoires, mais en football, tout est relatif.
Les éliminatoires sont une épreuve, la phase finale en est une autre.
Cette dernière se prépare autrement et il faut un plus par rapport aux
éliminatoires. Il est temps maintenant que le football burkinabè ait
d’autres ambitions. Il faut qu’on réussisse désormais au moins une
victoire en phase finale de CAN. Hormis la CAN 98 chez nous, les
Etalons n’ont pas dans leur palmarès, une seule victoire à la CAN.
S. : La sortie de Mamadou Tall a-t-elle quelque chose à voir dans cette défaite ?
S.D. : Je ne tombe pas dans cette analyse.
L’entraîneur est le mieux placé pour connaître les possibilités de son
équipe. Il a été expulsé pendant qu’on était menés et on est resté
menés jusqu’à la fin.
S. : Quelle a été la faiblesse des Etalons à cette CAN ?
S.D. : Quand on parle de faiblesse, il faut parler
de force également. L’équipe manque de cohésion. Depuis le premier
match des Etalons jusqu’à ce soir, nous n’avons pas un fond de jeu.
C’est criant mais on veut fermer l’œil dessus pour faire croire aux
gens ce qui n’existe pas. Il faut que nous soyons sévères avec
nous-mêmes avant de l’être avec les autres. L’équipe a besoin d’un
collectif solide.
S. : Comment voyez-vous l’avenir de l’équipe ?
S.D. : Il nous faut travailler. Nous avons un bon
groupe, mais humblement, je pense qu’il faut l’améliorer avec du
talent. Vous voyez, le plus fort d’entre eux, c’est Pitroipa, le plus
talentueux. Il y a lieu de ne pas se baser uniquement sur le gabarit.
Il faut rechercher les talents.
Propos recueillis par B. Léopold YE