Mohamed Koffi (Etalon)
« Avant le match, jai vu en rêve que j’ai égalisé 1-1 contre le Ghana »
mardi 2 février 2010
Mohamed Koffi, sociétaire de Petrojet club d’Egypte, a disputé sa première CAN
avec les Etalons en Angola. Comment a-t-il fait la connaissance du
groupe Etalons ? Comment a-t-il vécu l’ambiance de sa première CAN et
quels enseignements en a-t-il tiré ? Dans un franc-parler surplombé
d’un langage posé, il vide son sac.
Le nom Mohamed Koffi ne sonne pas burkinabè. Pourquoi ?
Oui, d’aucuns le disent. Mais aujourd’hui, il y a tellement de
métissage dans le monde qu’on ne peut plus faire cette distinction. Je
suis de mère burkinabè et de père ivoirien. C’est pourquoi le nom
Mohamed Koffi.
Comment avez-vous fait la connaissance des Etalons ?
C’est par le biais du coach Saboteur. Il était entraîneur à l’ASEC
d’Abidjan et moi j’évoluais au Stella Club. C’est là qu’il m’a vu jouer
car j’ai même eu à disputer une campagne africaine avec mon club.
Ensuite, je suis allé pour le professionnalisme où je devais signer un
contrat au Maroc avec le W.A.C. Mais, les choses ne se sont pas bien
passées et on m’a trouvé un autre point de chute au Qatar.
Quand Saboteur m’a contacté, la Côte d’Ivoire voulait m’incorporer
au sein des Eléphants. En effet, j’ai joué précédemment en juniors et
en espoirs avec le groupe des Yaya Touré, Emmanuel Eboué et autres.
J’ai opté pour le Burkina car j’aime ce pays. Je devais intégrer les
Etalons bien avant par le truchement du grand frère Ibrahim Tallé. Mais
à l’époque, j’étais encore très jeune. Mais le Burkina a commencé à me
suivre depuis cette période. Et finalement, me voilà avec les Etalons.
Quels enseignements pouvez-vous tirer de votre première participation à la CAN ?
Tout footballeur a envie de vivre l’expérience d’une CAN ou d’une
Coupe du monde. La CAN reste primordiale pour nous jeunes Africains.
Pour moi, c’est une première expérience avec le Burkina et cela m’a
fait chaud au cœur. Je suis un peu triste car je voulais voir les
Etalons aller plus loin à cette compétition. Peut-être que cela
m’aurait permis de mieux montrer mes qualités à tout le peuple
burkinabè.
Mais c’est dommage. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir jouer car
nous sommes 23 et il faut 11 joueurs sur le terrain. Je ne me plains
pas trop car j’ai pu avoir 10mn de jeu lors du match contre le Ghana.
J’ai essayé d’apporter quelque chose à l’équipe mais c’était déjà tard.
C’est de là seulement que je tire ma déception sinon j’étais content
d’être avec le groupe.
Mais aviez-vous le sentiment sur le banc que si vous étiez rentré tôt vous pouviez apporter quelque chose à l’équipe ?
Là, je suis affirmatif. Je suis musulman pratiquant et à la veille
du match, j’ai jeûné et après ma prière, je me sentais bien dans ma
peau et en pleine forme pour faire quelque chose.
Je ne me suis jamais senti autant à l’aise en équipe nationale que
ce jour-là. J’ai même vu en songe que j’allais disputer cette rencontre
et j’allais marquer pour le Burkina. Mon pronostic avant le match est
qu’on allait faire 1-1 contre le Ghana. Le match allait être difficile
mais c’est moi qui allais égaliser le but. Mais comme c’est le
football, je ne pouvais pas en parler au coach.
J’ai préféré attendre qu’il me mette et forcer pour égaliser. Je le
disais même à Dagano sur le banc que lui et moi allions rentrer et que
si je rentrais vite, on allait enlever le but. Quand je suis rentré
vers les 10 dernières minutes, j’ai essayé de forcer et j’ai pu
décocher un tir mais pas plus.
En voulez-vous à l’entraîneur de ne vous avoir pas fait jouer pendant cette CAN ?
Je ne peux pas en vouloir à l’entraîneur car chaque coach a son
joueur et chaque joueu, son coach. La vie, c’est un choix comme
l’entraîneur a l’habitude de le dire. Il a même affirmé qu’il y a de
bons joueurs qui seront sur le banc de touche. Certainement que ceux
qui seront sur le banc seront plus forts que ceux qui sont sur le
terrain.
Il ne sait pas ce qu’il va faire car tout le monde est bon joueur et
il est obligé d’en choisir 11. Là, il faut procéder à des intégrations
à petite dose. J’étais avec l’ancien sélectionneur Saboteur et depuis
lors, je n’étais plus venu. Mon club voulait que je me consacre
entièrement à lui. La Fédération voulait même saisir la FIFA pour se
plaindre. Je leur ai demandé de se calmer et me voilà à nouveau au sein
du groupe.
Comment se dessine ton avenir avec les Etalons ?
Une chose est sûre, je serai toujours Etalon. On va se refaire le
moral. Mais là, on va retourner en club et on va se replonger dans le
championnat. Il va falloir une bonne préparation car la génération qui
prendra le relais ne serait pas la même que celle qui a disputé la CAN.
Il y aura au moins cinq à six éléments qui mettront fin à leur
carrière internationale. Si l’actuel sélectionneur n’est pas reconduit,
ce sera un peu difficile. Le nouveau recommencera tout. Il va falloir
de nouveau refonder l’équipe s’il amène de nouvelles têtes. Mais nous,
nous sommes encore jeunes et nous allons toujours répondre présent à
l’appel de l’équipe nationale.
Entretien réalisé par
Béranger ILBOUDO