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Mamadou Zongo dit Bébéto
« Je ne suis pas maudit… c’est le destin »
mardi 20 juillet 2010
Mamadou Zongo dit Bébéto est un surdoué de
football de sa génération qui n’a pas pu donner toute la dimension de
son art. La faute aux innombrables et maudites blessures qui l’ont élu
comme meilleur ami. Bébéto, le génie du football burkinabè qui a
éclaboussé de tout son talent le championnat ivoirien avant de s’envoler
pour une carrière forcément radieuse en Hollande est aujourd’hui sans
club. Qui l’eût cru ? Bébéto est en train de faire une leçon de courage.
Malgré l’acharnement du sort, il n’a pas renoncé. Il se bat pour
revenir. Ce n’est pas un fou-acharné que nous avons rencontré. Il fait
preuve d’une maturité profonde. Ses déclarations sont empruntes de bon
sens.
Que devient Bébéto ?
Question difficile ! Je suis là. Je me porte bien. Grâce à Dieu la
santé est au top. Je joue toujours au football.
Vous avez été handicapé par plusieurs blessures dont la dernière en
date remonte à 2006. Peut-on dire que la traversée du désert est un
lointain souvenir ?
J’ai pris un an pour bien me soigner. Maintenant je suis sorti
d’affaire. J’espère aussi que c’est pour de bon.
Comment expliquez-vous votre fidélité aux blessures ?
(Sourire…) Je voudrais pouvoir me l’expliquer moi-même. Mais je n’ai
pas d’explication. Pour tout dire, je me demande si la bonne attitude
est de chercher la réponse à ce type de questions. Pour moi, il faut
toujours revenir. C’est l’essentiel. Toutes ces blessures qui ont marqué
ma carrière n’ont pas pu m’empêcher de toujours revenir sur les
terrains.
On vous dit maudit. Croyez-vous que vous l’êtes ?
Maudit moi ? Non je ne crois pas. Personne n’est maudit. Je crois que
j’ai mon destin. Chacun de nous à sa route. Nous proposons et Dieu
dispose. Je prends tous les événements avec un esprit positif. Pour moi,
demain sera meilleur. J’aurai mon bonheur.
Le football produit des vedettes qui sont à la tête de fortune. Vous
avez évolué avec certaines vedettes qui tutoient la réussite
aujourd’hui. Le malien Mamadou Diarra, votre ancien coéquipier Vitesse
Harlem en est l’exemple.
Comment vous appréhendez cette évolution des choses ?
Pour ceux qui étaient mes amis, je suis content pour eux. Je suis
resté en contact avec eux. On s’appelle. On s’encourage. Moi je n’ai pas
eu la chance, eux oui. C’est la volonté divine. Je ne peux que
l’accepter. Quand je parle de chance, je pèse mes mots. Imaginez-vous
que par trois fois j’ai signé dans des clubs huppés.
Mais lorsqu’il s’est agi de valider le contrat, une blessure
survient. Mais à chaque fois je me suis remis au travail. Je n’ai jamais
baissé les bras. Le sort ne m’a pas épargné. J’ai été sa cible. Mais je
ne verserai jamais dans des comparaisons encore moins dans la jalousie.
Chacun à sa part sur cette terre.
Vous arrive-t-il de penser que la main de quelqu’un est
derrière vos malheurs ?
Dieu seul peut le dire. La main de quelqu’un ?
Peut-être oui, peut-être non ! Moi je n’en sais rien. Ce qui est
sûr, je me bats contre le sort. Je veux relever la barre, redresser les
choses. Je veux tout donner comme j’en ai toujours l’habitude, de telle
sorte que même si le résultat final n’est pas dans le sens voulu que je
n’aie pas de regrets.
Quand vous regardez votre parcours, estimez-vous avoir
commis des erreurs ?
Il est difficile de trouver un homme capable de dire que quand il
jette un regard rétrospectif sur sa vie, il ne décèlera pas d’erreur.
Mais la bonne question est de savoir si ses erreurs ont influé sur la
courbe de vie.
Pour moi, je ne crois pas avoir commis ce type d’erreur. J’ai eu une
vie sportive saine. Je n’ai pas été trop fêtard. J’ai eu une ardeur au
travail. Il y a eu des moments où j’ai redoublé la charge de travail. Si
je m’entraînais une heure par séance je passais à deux ! Je n’ai pas
d’énormes regrets sur mon passé. J’ai fait de bons choix. Mais le reste
ne dépendait pas de moi.
Votre dernière apparition en équipe nationale date
justement d’avant la blessure de 2006. Depuis plus de contacts ?
Après ma blessure j’ai été soumis à des soins et j’ai subi la
rééducation tranquillement dans mon coin. Puis j’ai signé deux ans dans
un club en Grèce. Mais ça ne payait pas. J’ai été obligé de suspendre
mon contrat là-bas pour me retrouver en Roumanie pour un autre contrat
de deux ans et demi.
Là encore je suis tombé sur un club mauvais payeur. J’ai fait six
mois et puis j’ai renoncé. Je n’étais donc pas stable. Je comprends
qu’un entraîneur national ne pense pas me convoquer en sélection. De mon
côté, je ne crois pas qu’il m’appartient de démarcher pour obtenir la
sélection. Si j’étais dans un championnat où je suis compétitif,
j’intéresserais le coach national.
Après le divorce avec le club Roumain quelle est la
situation de Bébéto ?
Ce n’est pas facile. Je m’entraîne avec des amis qui sont dans la
même situation que moi. On travaille comme des fous. On livre des matchs
tests. On cherche des contacts. L’heure va enfin sonner pour nous.
Quelle est votre base ? La France, la Hollande ?
Nous sommes en France. Nous avons une équipe qui se déplace, qui
livre des matchs amicaux. Nous avons un calendrier « de pros ». Nous
avons deux séances d’entraînement pas jour.
Avez-vous foi que vous allez rebondir ?
Sûr ! Je n’en doute pas un seul instant. C’est pour cette situation
que je me garde de trop parler dans la presse. Je refuse souvent les
interviews car l’heure n’est pas au discours. Je concentre mon énergie à
mon retour.
Et le facteur âge ne vous fait-il pas peur ?
Tout est dans la tête. Je ne serai pas éternellement jeune. J’en suis
certain. Mais avec la motivation on peut rester performant pendant un
long temps. Et puis, quand certains me découvrent dans ma situation
actuelle, ils s’exclament « qu’est-ce que tu fous ici ! Ce n’est pas ta
place ! » Alors je redouble d’efforts. Si ma place est ailleurs, alors
je tenterai de la prendre. J’essayerai jusqu’au jour où je n’aurai plus
assez d’énergie pour poursuivre. Alors j’arrêterai.
Pensez-vous à l’après football ?
J’y pense. Je pense à ma reconversion. Mais ce plan ne sera
déclenché que quand je serai convaincu que je ne peux plus rebondir.
Aviez-vous des éléments d’information sur l’évolution du
football burkinabè ?
Je suis bien renseigné sur l’état de santé de notre football. Je sais
qu’il est mieux organisé qu’avant. Je peux aussi dire qu’il compte
davantage de bons joueurs.
Malgré une carrière qui n’est pas allée dans le sens
souhaitée. En attendant un éventuel rebondissement aviez-vous quand même
de bons souvenirs qui vous font sourire ?
Eh bien oui ! J’ai même envie de dire plein de souvenirs. J’ai quand
même eu 7 à 8 ans de carrière où les choses étaient meilleures.
Un mot à l’endroit du public burkinabè ?
Il a été sympathique avec moi. Il y a eu une complicité entre nous.
Et si je me bats pour revenir, c’est aussi en partie pour ce beau public
qui m’a soutenu.
Interview réalisée par
Jérémie NION
Mamadou Zongo dit Bébéto
« Je ne suis pas maudit… c’est le destin »
mardi 20 juillet 2010
Mamadou Zongo dit Bébéto est un surdoué de
football de sa génération qui n’a pas pu donner toute la dimension de
son art. La faute aux innombrables et maudites blessures qui l’ont élu
comme meilleur ami. Bébéto, le génie du football burkinabè qui a
éclaboussé de tout son talent le championnat ivoirien avant de s’envoler
pour une carrière forcément radieuse en Hollande est aujourd’hui sans
club. Qui l’eût cru ? Bébéto est en train de faire une leçon de courage.
Malgré l’acharnement du sort, il n’a pas renoncé. Il se bat pour
revenir. Ce n’est pas un fou-acharné que nous avons rencontré. Il fait
preuve d’une maturité profonde. Ses déclarations sont empruntes de bon
sens.
Que devient Bébéto ?
Question difficile ! Je suis là. Je me porte bien. Grâce à Dieu la
santé est au top. Je joue toujours au football.
Vous avez été handicapé par plusieurs blessures dont la dernière en
date remonte à 2006. Peut-on dire que la traversée du désert est un
lointain souvenir ?
J’ai pris un an pour bien me soigner. Maintenant je suis sorti
d’affaire. J’espère aussi que c’est pour de bon.
Comment expliquez-vous votre fidélité aux blessures ?
(Sourire…) Je voudrais pouvoir me l’expliquer moi-même. Mais je n’ai
pas d’explication. Pour tout dire, je me demande si la bonne attitude
est de chercher la réponse à ce type de questions. Pour moi, il faut
toujours revenir. C’est l’essentiel. Toutes ces blessures qui ont marqué
ma carrière n’ont pas pu m’empêcher de toujours revenir sur les
terrains.
On vous dit maudit. Croyez-vous que vous l’êtes ?
Maudit moi ? Non je ne crois pas. Personne n’est maudit. Je crois que
j’ai mon destin. Chacun de nous à sa route. Nous proposons et Dieu
dispose. Je prends tous les événements avec un esprit positif. Pour moi,
demain sera meilleur. J’aurai mon bonheur.
Le football produit des vedettes qui sont à la tête de fortune. Vous
avez évolué avec certaines vedettes qui tutoient la réussite
aujourd’hui. Le malien Mamadou Diarra, votre ancien coéquipier Vitesse
Harlem en est l’exemple.
Comment vous appréhendez cette évolution des choses ?
Pour ceux qui étaient mes amis, je suis content pour eux. Je suis
resté en contact avec eux. On s’appelle. On s’encourage. Moi je n’ai pas
eu la chance, eux oui. C’est la volonté divine. Je ne peux que
l’accepter. Quand je parle de chance, je pèse mes mots. Imaginez-vous
que par trois fois j’ai signé dans des clubs huppés.
Mais lorsqu’il s’est agi de valider le contrat, une blessure
survient. Mais à chaque fois je me suis remis au travail. Je n’ai jamais
baissé les bras. Le sort ne m’a pas épargné. J’ai été sa cible. Mais je
ne verserai jamais dans des comparaisons encore moins dans la jalousie.
Chacun à sa part sur cette terre.
Vous arrive-t-il de penser que la main de quelqu’un est
derrière vos malheurs ?
Dieu seul peut le dire. La main de quelqu’un ?
Peut-être oui, peut-être non ! Moi je n’en sais rien. Ce qui est
sûr, je me bats contre le sort. Je veux relever la barre, redresser les
choses. Je veux tout donner comme j’en ai toujours l’habitude, de telle
sorte que même si le résultat final n’est pas dans le sens voulu que je
n’aie pas de regrets.
Quand vous regardez votre parcours, estimez-vous avoir
commis des erreurs ?
Il est difficile de trouver un homme capable de dire que quand il
jette un regard rétrospectif sur sa vie, il ne décèlera pas d’erreur.
Mais la bonne question est de savoir si ses erreurs ont influé sur la
courbe de vie.
Pour moi, je ne crois pas avoir commis ce type d’erreur. J’ai eu une
vie sportive saine. Je n’ai pas été trop fêtard. J’ai eu une ardeur au
travail. Il y a eu des moments où j’ai redoublé la charge de travail. Si
je m’entraînais une heure par séance je passais à deux ! Je n’ai pas
d’énormes regrets sur mon passé. J’ai fait de bons choix. Mais le reste
ne dépendait pas de moi.
Votre dernière apparition en équipe nationale date
justement d’avant la blessure de 2006. Depuis plus de contacts ?
Après ma blessure j’ai été soumis à des soins et j’ai subi la
rééducation tranquillement dans mon coin. Puis j’ai signé deux ans dans
un club en Grèce. Mais ça ne payait pas. J’ai été obligé de suspendre
mon contrat là-bas pour me retrouver en Roumanie pour un autre contrat
de deux ans et demi.
Là encore je suis tombé sur un club mauvais payeur. J’ai fait six
mois et puis j’ai renoncé. Je n’étais donc pas stable. Je comprends
qu’un entraîneur national ne pense pas me convoquer en sélection. De mon
côté, je ne crois pas qu’il m’appartient de démarcher pour obtenir la
sélection. Si j’étais dans un championnat où je suis compétitif,
j’intéresserais le coach national.
Après le divorce avec le club Roumain quelle est la
situation de Bébéto ?
Ce n’est pas facile. Je m’entraîne avec des amis qui sont dans la
même situation que moi. On travaille comme des fous. On livre des matchs
tests. On cherche des contacts. L’heure va enfin sonner pour nous.
Quelle est votre base ? La France, la Hollande ?
Nous sommes en France. Nous avons une équipe qui se déplace, qui
livre des matchs amicaux. Nous avons un calendrier « de pros ». Nous
avons deux séances d’entraînement pas jour.
Avez-vous foi que vous allez rebondir ?
Sûr ! Je n’en doute pas un seul instant. C’est pour cette situation
que je me garde de trop parler dans la presse. Je refuse souvent les
interviews car l’heure n’est pas au discours. Je concentre mon énergie à
mon retour.
Et le facteur âge ne vous fait-il pas peur ?
Tout est dans la tête. Je ne serai pas éternellement jeune. J’en suis
certain. Mais avec la motivation on peut rester performant pendant un
long temps. Et puis, quand certains me découvrent dans ma situation
actuelle, ils s’exclament « qu’est-ce que tu fous ici ! Ce n’est pas ta
place ! » Alors je redouble d’efforts. Si ma place est ailleurs, alors
je tenterai de la prendre. J’essayerai jusqu’au jour où je n’aurai plus
assez d’énergie pour poursuivre. Alors j’arrêterai.
Pensez-vous à l’après football ?
J’y pense. Je pense à ma reconversion. Mais ce plan ne sera
déclenché que quand je serai convaincu que je ne peux plus rebondir.
Aviez-vous des éléments d’information sur l’évolution du
football burkinabè ?
Je suis bien renseigné sur l’état de santé de notre football. Je sais
qu’il est mieux organisé qu’avant. Je peux aussi dire qu’il compte
davantage de bons joueurs.
Malgré une carrière qui n’est pas allée dans le sens
souhaitée. En attendant un éventuel rebondissement aviez-vous quand même
de bons souvenirs qui vous font sourire ?
Eh bien oui ! J’ai même envie de dire plein de souvenirs. J’ai quand
même eu 7 à 8 ans de carrière où les choses étaient meilleures.
Un mot à l’endroit du public burkinabè ?
Il a été sympathique avec moi. Il y a eu une complicité entre nous.
Et si je me bats pour revenir, c’est aussi en partie pour ce beau public
qui m’a soutenu.
Interview réalisée par
Jérémie NION