vendredi 19 novembre 2010 - 18h19
Hall du Château de Maffliers. Des rires, de la bonne humeur et des éclats de voix. La sélection du Burkina Faso est heureuse, et ça se sent. Monté se reposer, Charles Kaboré reçoit un petit coup de fil amical de son « Mister ». Le sélectionneur portugais du Faso, Paulo Duarte convoque le Marseillais pour un entretien exclusif avec Footafrica365. Consensuel sur l’OM, l’étalon du Burkina lâche les chevaux lorsqu’il s’agit de parler de sa sélection, victorieuse merdredi de la Guinée (2-1) en amical, et de son pays de cœur.
Charles, irrésistible depuis quelques temps, jusqu’où peut aller cette sélection du Burkina ?
Le Burkina est en train de monter en puissance. Nous avons un bon groupe et nous croyons en nos qualités. Le coach croit aussi en nous. Même si on ne joue pas dans des grands clubs, on mouille le maillot. Certains grands joueurs viennent en sélection, et ne mettent pas le pied. Au Burkina, c’est inimaginable. Je pense que dans 3 ou 4 ans, nous aurons un effectif très intéressant. Pour l’instant, nous visons une qualification à la CAN 2012, et pourquoi pas le Mondial, si ça se passe bien dans le futur.
Demi-finaliste de la CAN 1998 à domicile, le Burkina peut-il un jour faire mieux ? Quel souvenir gardez-vous de cette CAN au pays ?
Quand j’étais petit, mon père m’a donné de l’argent pour aller au stade et voir la rencontre de la demi-finale de la CAN entre le Burkina et l’Egypte (0-2). Je suis arrivé devant le stade, il y avait une ferveur incroyable, il était très difficile d’arriver jusqu’au guichet, j’étais pris dans un mouvement de foule, je n’arrivais plus à respirer. On m’a extirpé de là, et je suis rentré directement à la maison pour regarder le match. Je me dis que je suis presque mort pour le Burkina.
Qu’est ce que vous apporte votre sélectionneur Paulo Duarte ?
Il a apporté de la sérénité et de la discipline dans le groupe. Il a réussi à trouver une équipe type. Ce qui est très rarement arrivé au Burkina, à un ou deux joueurs, nous savons quasiment quelle équipe va être alignée.
Vous êtes l’un des rares joueurs burkinabè à évoluer dans un grand club, cela influe-t-il dans votre comportement auprès de vos coéquipiers ?
Je dois donner le meilleur de moi-même. C’est vrai que je joue la Ligue des Champions, c’est une expérience enrichissante. Cependant, à l’instar de Pitroipa de Hambourg, il y a aussi beaucoup d’autres joueurs avec du talent dans cette équipe. Et d’autres qui sont en devenir.
La bonne ambiance dans le groupe, contribue-t-elle significativement avec vos bons résultats ?
Beaucoup de gens nous suivent. Parfois, on dit que dans les sélections africaines, il y a un ou deux joueurs à craindre. Au Burkina, ça ne se passe pas comme ça. On est tous pareil, il n’y a pas de vedette. Il a le respect. La sérénité, l’envie de gagner ensemble.
Paulo Duarte vous considère comme un milieu relayeur. A l’OM, vous êtes ballotté entre le poste de latéral droit et celui de milieu défensif. Qu’en pensez-vous et quelle est votre position naturelle sur le terrain ?
Mon poste de formation est milieu défensif, même si à mes débuts, j’ai joué en meneur de jeu. J’ai une tendance naturelle à défendre énormément. J’ai donc naturellement reculé sur le terrain. En équipe nationale, je me dépense beaucoup, je cours énormément, et j’essaye d’être décisif en délivrant des passes ou en inscrivant des buts. Je suis une sorte de numéro 10 caché…Je me trouve plus offensif que défensif. Sauf que, défendre est une manière de s’adapter au jeu européen. A Marseille, le temps d’adaptation est long. Jouer latéral, 6 ou devant la défense. Tu n’as pas le choix, tu es professionnel, et tu fais ce qu’on te dit.
Votre polyvalence à l’OM est-elle une chance ou peut-elle vous desservir ?
Je ne peux pas me prononcer, c’est à la fin de ma carrière que je pourrais répondre à cette question. J’ai besoin de temps de jeu. Pour le moment, je ne me plains pas. J’ai joué des matches importants. L’équipe ne brille pas trop. Mais je sens qu’on va faire de belles choses ensemble.
« A l’OM, on m’a offert la Coupe d’Afrique des vacances »
Justement, on a l’impression que vous êtes trop gentil. Et que vous ne réclamez jamais rien. Cela peut-il vous nuire ?
Quand tu réalises un match moyen, cela signifie que le coach t’a mis car il avait confiance en toi. Si ensuite, tu te plains et tu es aligné. Si tu es mauvais, tu es directement mis à la cave. Là j’ai été sorti à la mi-temps contre le PSG, le coach m’a parlé. Il m’a redonné sa confiance sur le match suivant et j’ai joué contre Monaco. Même quand tu es dans la difficulté, il faut savoir positiver. Si moralement, tu n’es pas prêt, tu ne joueras jamais dans un grand club. Parfois on ressent des injustices, sauf que c’est juste les règles du monde du football et pas de l’injustice. Il faut l’accepter et continuer à travailler.
A l’intersaison, un intérêt supposé du FC Barcelone a circulé dans la presse. Qu’en pensez-vous ?
J’évite d’en parler. Le jour où je serai là bas, on verra. Je ne vais pas dire que je n’aime pas. C’est plus une flatterie. Tous les joueurs le diraient. Ca fait plaisir de l’entendre. Je suis à Marseille, j’ai prolongé jusqu’à 2015. Le football, ça va vite. Il faut rester humble.
Comment s’est passée votre intégration à Marseille ?
J’ai beaucoup appris à Marseille. J’ai eu la chance de tomber sur Eric Gerets, il m’a adopté et accepté alors que je pensais que j’allais jouer en CFA. Mes coéquipiers étaient aussi des bons gars. J’ai joué un match très important dans ma vie. C’était un clasico face au Paris-SG, on avait gagné 2-1, alors que j’avais démarré comme titulaire (première titularisation). (Dépité) En première mi-temps, ça n’allait pas trop, c’était bof. A la mi-temps, le coach Gerets est venu me voir et m’a dit : « Si tu es sur le terrain, c’est que tu le mérites. Je ne t’ai pas mis pour tes beaux yeux. Montre moi que tu as du talent. » Et ça s’est beaucoup mieux passé après la pause. Souvent dans le football, tu peux rater une mi-temps, là lors du dernier clasico, j’ai glissé, je ne comprenais pas. Je suis sorti, c’est le choix du coach. Ce n’est pas grave. Je relativise, car dans mon enfance, j’ai vécu des moments très difficiles.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je me sens bien. Mon objectif, c’est de jouer tous le temps. J’ai envie d’atteindre le haut niveau et me stabiliser. J’en ai besoin. A Marseille, c’est grandiose et exceptionnel. Tous les joueurs du Championnat de France rêvent d’y venir. C’est vraiment unique.
Est-ce que vos coéquipiers s’intéressent à vos performances en sélection ?
Effectivement, ils s’y intéressent. Il vaut mieux gagner car les Argentins, les Nigérians, ou les Camerounais eux reviennent pratiquement à chaque fois avec une victoire. Tout le monde chambre.
Votre coéquipier Taiwo ne doit pas être le dernier à cet exercice ?
(Rires…) Non c’est sûr. A mon retour de la dernière CAN, je me suis fait vanner sévèrement. On m’a offert une Coupe d’Afrique avec des grandes oreilles. C’est un des kinés qui me l’a donné. Ils l’appelaient tous la Coupe d’Afrique des Vacances. Vu le parcours du Burkina, et les 10 jours d’inactivité en raison du forfait du Togo, ils m’ont tous dit que j’avais passé des vacances. J’ai accepté la « chambrette » car si je m’étais braqué, je crois que ça aurait continué un bon moment. J’ai mis la Coupe dans mon casier, pour que tout le monde puisse la voir.
Quelle est l’émotion la plus forte ? Votre but contre Lyon la saison dernière ou un but avec la sélection ?
J’adore Marseille, mais l’impact n’est pas le même lorsque tu marques en sélection. Au pays, les gens ne vivent pour ça. Tout s’arrête, il y a une telle passion. Le bonheur devient indescriptible. Vous sentez que le pays est derrière vous, il vous transporte. On n’a pas le droit de décevoir.
Hall du Château de Maffliers. Des rires, de la bonne humeur et des éclats de voix. La sélection du Burkina Faso est heureuse, et ça se sent. Monté se reposer, Charles Kaboré reçoit un petit coup de fil amical de son « Mister ». Le sélectionneur portugais du Faso, Paulo Duarte convoque le Marseillais pour un entretien exclusif avec Footafrica365. Consensuel sur l’OM, l’étalon du Burkina lâche les chevaux lorsqu’il s’agit de parler de sa sélection, victorieuse merdredi de la Guinée (2-1) en amical, et de son pays de cœur.
Charles, irrésistible depuis quelques temps, jusqu’où peut aller cette sélection du Burkina ?
Le Burkina est en train de monter en puissance. Nous avons un bon groupe et nous croyons en nos qualités. Le coach croit aussi en nous. Même si on ne joue pas dans des grands clubs, on mouille le maillot. Certains grands joueurs viennent en sélection, et ne mettent pas le pied. Au Burkina, c’est inimaginable. Je pense que dans 3 ou 4 ans, nous aurons un effectif très intéressant. Pour l’instant, nous visons une qualification à la CAN 2012, et pourquoi pas le Mondial, si ça se passe bien dans le futur.
Demi-finaliste de la CAN 1998 à domicile, le Burkina peut-il un jour faire mieux ? Quel souvenir gardez-vous de cette CAN au pays ?
Quand j’étais petit, mon père m’a donné de l’argent pour aller au stade et voir la rencontre de la demi-finale de la CAN entre le Burkina et l’Egypte (0-2). Je suis arrivé devant le stade, il y avait une ferveur incroyable, il était très difficile d’arriver jusqu’au guichet, j’étais pris dans un mouvement de foule, je n’arrivais plus à respirer. On m’a extirpé de là, et je suis rentré directement à la maison pour regarder le match. Je me dis que je suis presque mort pour le Burkina.
Qu’est ce que vous apporte votre sélectionneur Paulo Duarte ?
Il a apporté de la sérénité et de la discipline dans le groupe. Il a réussi à trouver une équipe type. Ce qui est très rarement arrivé au Burkina, à un ou deux joueurs, nous savons quasiment quelle équipe va être alignée.
Vous êtes l’un des rares joueurs burkinabè à évoluer dans un grand club, cela influe-t-il dans votre comportement auprès de vos coéquipiers ?
Je dois donner le meilleur de moi-même. C’est vrai que je joue la Ligue des Champions, c’est une expérience enrichissante. Cependant, à l’instar de Pitroipa de Hambourg, il y a aussi beaucoup d’autres joueurs avec du talent dans cette équipe. Et d’autres qui sont en devenir.
La bonne ambiance dans le groupe, contribue-t-elle significativement avec vos bons résultats ?
Beaucoup de gens nous suivent. Parfois, on dit que dans les sélections africaines, il y a un ou deux joueurs à craindre. Au Burkina, ça ne se passe pas comme ça. On est tous pareil, il n’y a pas de vedette. Il a le respect. La sérénité, l’envie de gagner ensemble.
Paulo Duarte vous considère comme un milieu relayeur. A l’OM, vous êtes ballotté entre le poste de latéral droit et celui de milieu défensif. Qu’en pensez-vous et quelle est votre position naturelle sur le terrain ?
Mon poste de formation est milieu défensif, même si à mes débuts, j’ai joué en meneur de jeu. J’ai une tendance naturelle à défendre énormément. J’ai donc naturellement reculé sur le terrain. En équipe nationale, je me dépense beaucoup, je cours énormément, et j’essaye d’être décisif en délivrant des passes ou en inscrivant des buts. Je suis une sorte de numéro 10 caché…Je me trouve plus offensif que défensif. Sauf que, défendre est une manière de s’adapter au jeu européen. A Marseille, le temps d’adaptation est long. Jouer latéral, 6 ou devant la défense. Tu n’as pas le choix, tu es professionnel, et tu fais ce qu’on te dit.
Votre polyvalence à l’OM est-elle une chance ou peut-elle vous desservir ?
Je ne peux pas me prononcer, c’est à la fin de ma carrière que je pourrais répondre à cette question. J’ai besoin de temps de jeu. Pour le moment, je ne me plains pas. J’ai joué des matches importants. L’équipe ne brille pas trop. Mais je sens qu’on va faire de belles choses ensemble.
« A l’OM, on m’a offert la Coupe d’Afrique des vacances »
Justement, on a l’impression que vous êtes trop gentil. Et que vous ne réclamez jamais rien. Cela peut-il vous nuire ?
Quand tu réalises un match moyen, cela signifie que le coach t’a mis car il avait confiance en toi. Si ensuite, tu te plains et tu es aligné. Si tu es mauvais, tu es directement mis à la cave. Là j’ai été sorti à la mi-temps contre le PSG, le coach m’a parlé. Il m’a redonné sa confiance sur le match suivant et j’ai joué contre Monaco. Même quand tu es dans la difficulté, il faut savoir positiver. Si moralement, tu n’es pas prêt, tu ne joueras jamais dans un grand club. Parfois on ressent des injustices, sauf que c’est juste les règles du monde du football et pas de l’injustice. Il faut l’accepter et continuer à travailler.
A l’intersaison, un intérêt supposé du FC Barcelone a circulé dans la presse. Qu’en pensez-vous ?
J’évite d’en parler. Le jour où je serai là bas, on verra. Je ne vais pas dire que je n’aime pas. C’est plus une flatterie. Tous les joueurs le diraient. Ca fait plaisir de l’entendre. Je suis à Marseille, j’ai prolongé jusqu’à 2015. Le football, ça va vite. Il faut rester humble.
Comment s’est passée votre intégration à Marseille ?
J’ai beaucoup appris à Marseille. J’ai eu la chance de tomber sur Eric Gerets, il m’a adopté et accepté alors que je pensais que j’allais jouer en CFA. Mes coéquipiers étaient aussi des bons gars. J’ai joué un match très important dans ma vie. C’était un clasico face au Paris-SG, on avait gagné 2-1, alors que j’avais démarré comme titulaire (première titularisation). (Dépité) En première mi-temps, ça n’allait pas trop, c’était bof. A la mi-temps, le coach Gerets est venu me voir et m’a dit : « Si tu es sur le terrain, c’est que tu le mérites. Je ne t’ai pas mis pour tes beaux yeux. Montre moi que tu as du talent. » Et ça s’est beaucoup mieux passé après la pause. Souvent dans le football, tu peux rater une mi-temps, là lors du dernier clasico, j’ai glissé, je ne comprenais pas. Je suis sorti, c’est le choix du coach. Ce n’est pas grave. Je relativise, car dans mon enfance, j’ai vécu des moments très difficiles.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je me sens bien. Mon objectif, c’est de jouer tous le temps. J’ai envie d’atteindre le haut niveau et me stabiliser. J’en ai besoin. A Marseille, c’est grandiose et exceptionnel. Tous les joueurs du Championnat de France rêvent d’y venir. C’est vraiment unique.
Est-ce que vos coéquipiers s’intéressent à vos performances en sélection ?
Effectivement, ils s’y intéressent. Il vaut mieux gagner car les Argentins, les Nigérians, ou les Camerounais eux reviennent pratiquement à chaque fois avec une victoire. Tout le monde chambre.
Votre coéquipier Taiwo ne doit pas être le dernier à cet exercice ?
(Rires…) Non c’est sûr. A mon retour de la dernière CAN, je me suis fait vanner sévèrement. On m’a offert une Coupe d’Afrique avec des grandes oreilles. C’est un des kinés qui me l’a donné. Ils l’appelaient tous la Coupe d’Afrique des Vacances. Vu le parcours du Burkina, et les 10 jours d’inactivité en raison du forfait du Togo, ils m’ont tous dit que j’avais passé des vacances. J’ai accepté la « chambrette » car si je m’étais braqué, je crois que ça aurait continué un bon moment. J’ai mis la Coupe dans mon casier, pour que tout le monde puisse la voir.
Quelle est l’émotion la plus forte ? Votre but contre Lyon la saison dernière ou un but avec la sélection ?
J’adore Marseille, mais l’impact n’est pas le même lorsque tu marques en sélection. Au pays, les gens ne vivent pour ça. Tout s’arrête, il y a une telle passion. Le bonheur devient indescriptible. Vous sentez que le pays est derrière vous, il vous transporte. On n’a pas le droit de décevoir.