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Transfert de joueurs à l’ASFA-Y
Le désordre
Les transferts de joueurs se suivent et se ressemblent à l’ASFA-Y. Le club libère pour zéro franc ! Humanisme ou escroquerie ? Chacun y va de sa conviction. Conséquence, c’est la guerre au sein de la classe dirigeante. Accusation, complot, menaces, injures, démission un cocktail totalement explosif !
Transfert de joueurs à l’ASFA-Y
Le désordre
Les transferts de joueurs se suivent et se ressemblent à l’ASFA-Y. Le club libère pour zéro franc ! Humanisme ou escroquerie ? Chacun y va de sa conviction. Conséquence, c’est la guerre au sein de la classe dirigeante. Accusation, complot, menaces, injures, démission un cocktail totalement explosif !
Zakarie Yanogo, ancien joueur de l’ASFA-Y, aujourd’hui dirigeant (secrétaire aux relations extérieures) a claqué la porte du bureau du Conseil d’Administration. « Je n’en peux plus, trop, c’est trop » maugrée-t-il. Il ne décolère pas et ne se l’explique pas: « pendant que le club trime pour réunir des moyens financiers pour faire face aux charges, des transferts occasion idéale pour renflouer les caisses, se réalisent à zéro franc » :
- Mouni Traoré, précédemment sociétaire de l’ASFA-Y, a été qualifié en France sans droits de transfert pour son club d’origine.
- Karim Nikiéma évolue maintenant à la SOA (D1) en Côte d’Ivoire. Son départ de l’ASFA-Y n’a pas permis d’encaisser.
- Louckmane Ouédraogo, évoluait à l’ASFA-Y quand il a tapé dans l’œil de FC Niort, de Ligue 2 française.
Le joueur est qualifié sans que la démarche administrative ait été faite avec son club burkinabè. Sur ce cas, l’ASFA-Y croyait tenir le bon bout. « Noufou Ouédraogo m’a contacté un jour pour me dire qu’un de ses amis, agent de joueur, était sur un bon coup qui allait rapporter gros à l’ASFA-Y. Il m’a a dit que FC Niort, qui était intéressé par notre joueur Louckmane, avait fait une première offre de quatre-vingts millions (80 000 000) de F CFA. J’ai été mis en contact téléphonique avec cet intermédiaire qui me l’a confirmé, soulignant que lui demandait 180 000 000 au départ, mais il pense obtenir 120 000 000 à la clé. Vous imaginez ma joie » ! s’exclame Zakarie Yanogo. Joie de courte durée. Car le même Noufou Ouédraogo alertera Yanogo pour lui dire que son ami, agent de joueur, qui négociait pour l’ASFA-Y, a été "gommé" de l’affaire. « Karel Brokken, un émissaire du centre de formation Feyenoord basé au Ghana s’est pointé à Niort, document en main disant que le joueur lui appartient et que l’ASFA-Y n’a pas droit au chapitre », note Zakarie Yanogo.
Ainsi, le joueur a été qualifié.
Le Conseil d’Administration (CA) saisit la FBF. Une plainte du club Burkinabè sera introduire à la Fédération Française de Foot (FFF). Cette dernière réagit par une lettre datée du 21 mai qui stipule que : « l’AS FASO Yennenga n’a jamais été consultée car le joueur en question était sous contrat avec le club du Feynoord Ghana et le transfert a donc été conclu dans FIFA TMS entre ce club et le FC Niort. Du fait que le joueur possédait un contrat avec le club ghanéen et que la période de prêt du joueur avec le club burkinabè était terminée, l’ASFA-Y n’a aucun droit sportif sur le joueur et ne peut donc pas intervenir dans ce transfert. »
Le contrat de Louckman introuvable
Mais où est passé le contrat qui lie Louckmane Ouédraogo à l’ASFA-Y ? « Il n’existe pas. Antoine Zoungrana, président du conseil d’administration d’alors avait refusé de renouveler le prêt au joueur. C’est de la faute si l’ASFA-Y ne possède aucun document », répond le vice-président du Comité central, Jean-Paul Moné. Zakarie Yanogo (l’homme de missions du PCA de l’époque, Zoungrana) conseiller du PCA actuel pense le contraire : « Louckmane venait de finir sa période de prêt. Le centre de formation Feyenoord a voulu qu’un autre prêt soit signé.
Le PCA Zoungrana n’a pas été de cet avis. Le prêt propose 2 millions au centre de formation et une prime de signature au joueur et son salaire.
L’ASFA-Y a donc exigé que le joueur vienne signer un contrat en bonne et dû forme et non un prêt. Ce qui a été fait ».
En fait, le joueur aurait lui-même convaincu le centre en s’appuyant sur les textes. En effet, les dispositions juridiques du centre prévoient qu’au-delà de 5 ans, le joueur était libre de tout engagement avec le centre. Alors, le joueur pouvait passer un contrat avec le club burkinabè. Sauf que le document faisant foi de contrat n’existe pas. Ni à l’ASFA-Y, ni à la FBF il n’y a de traces du fameux contrat ! Pour Zakarie Yanogo, le contrat est introuvable car il a été signé dans une situation de conflit qui a marqué la fin de mandat de l’ex-président Armand Béouindé. « Dans le tohu bohu, il était difficile au Conseil d’Administration de suivre les traces du contrat, étant donné que le dialogue a été rompu entre le CA et le CC », expliquera-t-il.
Le centre Feyenoord, lui, dispose d’un contrat de prêt passé entre le joueur et l’ASFA-Y qui couvre la période d’octobre à août 2012. A la vue de ce document qui atteste des liens entre le joueur et la partie ghanéenne, document dont ne dispose pas l’ASFA-Y, le Certificat international de transfert dont la fourniture préalable conditionne tout transfert d’un joueur d’un club à un autre, a été demandé à la Fédération ghanéenne de football. En plus, dans le système TMS FIFA qui permet de suivre le mouvement des joueurs, on note que le Ghana a demandé le retour du CIT de Louckmane en fin de prêt le 6 août 2012. Le Burkina a accédé à la demande le 9 août avec une confirmation du Ghana à la même date. Officiellement donc, Louckmane re-appartient à son club ghanéen à partir de cette date. Comment l’ASFA-Y peut-elle prouver le contraire ? En la matière, les engagements verbaux n’ont pas force de loi. En plus, la licence du joueur avec l’ASFA-Y date de la saison sportive 2011-2012. A défaut de trouver une copie du contrat, on aurait pu au moins disposer de la licence qui indique que le joueur fait partie de l’effectif de l’ASFA-Y la saison au cours de laquelle il est parti en Europe. Par contre, on peut se poser des questions sur la coïncidence des dates de demande de retour du CIT et le transfert. En effet, le joueur a fait son essai en juin qui s’est avéré concluant. Un mois après le club demande son retour. Evidemment l’odeur de l’argent y est pour quelque chose. Mais là, c’est le monde du foot ainsi, un monde d’intérêt.
"Messi" parti pour juste un merci
C’est le dernier transfert gratuit de son joueur que l’ASFA-Y, le philanthrope a fait ! Parti pour un essai, Messi n’aurait pas entièrement convaincu car si sur le potentiel le garçon a été au-dessus de la moyenne, il avait des imperfections sur ses atouts physiques. Le club croate a donc décidé de le garder afin de le remettre à niveau et l’intégrer après. « Le club m’a indiqué qu’il allait garder le joueur contre un versement de 10 000 euros soit 6 500 000, à l’époque , c’est-à-dire en septembre 2013 et 20 000 euros autres, l’équivalent de 13 millions de F CFA plus tard, c’est-à-dire en fin décembre. On était à la veille de la date de clôture des transferts. Le club croate m’a demandé un document administratif devant lui permettre de qualifier le joueur en attendant l’effectivité des paiements. J’ai demandé un document écrit préalable. Ce que j’ai obtenu ». Démarche tout de même bizarre. D’ordinaire, un joueur qui ne convainc pas en cas d’essai est renvoyé ou gardé pour une autre période d’essai. Comment le club peut-il vouloir les documents administratifs pour le qualifier étant doné qu’il n’a pas été jugé performant ? Pourquoi ne pas attendre qu’il convainc avant l’étape de la qualification ? Et pourquoi le même club qui exige avec empressement les documents administratifs n’a pas la même urgence à faire le paiement ne serait-ce que la première tranche ? Questions ! En pareilles circonstances, c’est le CIT qui est exigé. Le président Moné va faire plus. Il signe une lettre de libération au joueur qui signifie qu’il n’a plus besoin de lui et qu’il est libre de tout droit ! « Ecoutez, le garçon était à trois mois de son contrat. Il venait de boucler une saison où il n’avait joué qu’un seul match. C’est-à-dire que l’ASFA-Y n’en avait pas besoin et n’allait pas renouveler son contrat. Pourquoi ne pas lui faciliter le départ » s’est défendu le vice-président Jean- Paul Moné. Quelle générosité ? Déjà laisser partir le joueur à crédit est un effort. Mais le CIT aurait suffi pour le qualifier. Avec le CIT, le club d’accueil savait qu’il enrôle un joueur sous contrat et a l’obligation de s’acquitter des droits. Mais avec en main une lettre de libération ; il est difficile de parler de droits encore. On comprend le non empressement du club à tenir aucun de ses engagements financiers. « Jusque-là nous n’avons pas eu l’argent promis. En décembre, le club m’a encore écrit pour dire que le joueur n’a pas convaincu et qu’il évoluait encore en équipe réserve. De ce fait, il voulait encore un temps supplémentaire jusqu’en juin prochain pour bien le jauger. Le paiement ne se fera qu’après une éventuelle appréciation positive », indique le président Jean-Paul Moné. « J’ai libéré le joueur par humanisme, croyez-moi », a-t-il justifié. « Humanisme, mon œil oui ! Je l’ai déjà dit et je le redis, personne ne peut faire ces genres de démarches pour rien », a attaqué Zakarie Yanogo. La réplique du vice-président arrive tout de suite : « de quoi se mêle le Conseil d’administration. Les questions de transfert ne relèvent pas de sa compétence. Que Zakarie se taise ! » Pourquoi alors le comité central s’est montré peu enclin à défendre les droits de l’ASFA-Y dans le transfert de Louckmane Ouédraogo laissant l’offensive et l’action au Conseil d’administration non qualifiée ? « Je ne suis qu’un vice-président », se défend Moné. Le vice-président qui est apte à signer les lettres de libération mais ne se sent plus investi d’assez de pouvoir pour poursuivre l’argent de son club manque de logique. Car dans le transfert particulier de Louckmane Ouédraogo, il est impossible que l’ASFA-Y n’empoche rien. Le joueur n’a jamais évolué dans un autre club mis à part l’ASFA-Y. Forcément, la prime de formation doit être servie à l’ASFA-Y. Mais encore faut-il que les dirigeants arrêtent la guerre de chiffonnier et mettent en commun leur intelligence pour y arriver. Car quand un responsable en vient à insulter vulgairement les géniteurs d’un autre, quand un responsable affirme « si l’ASFA-Y n’est pas contente du transfert de Louckmane, libre à elle de saisir qui de droit ; moi ça ne m’intéresse pas », il y a un problème de solidarité dans la défense des intérêts du club. Autour de la question des transferts à l’ASFA-Y, il y a un véritable bazar. Qui fait quoi ? Qui doit-on voir ? Qui est qualifié pour ? Voilà des questions qui doivent trouver leur réponse. Le vice-président est-il la personne la mieux indiquée pour signer les lettres de libération ? Ne faut-il pas un comité pour juger de la question et prendre les décisions ? Absolument l’ASFA-Y a besoin d’ordre dans ses affaires. Les premiers responsables du club doivent prendre des décisions. Et c’est maintenant !
Jérémie NION