Le grand quotidien français libération a suivit les étalons pendant leur préparation du match contre le Mali en France. Il illustre le manque d'organisation de la fédération et on y apprend que un des joueurs retardataire et en manque d'implication (selon Aristide Bancé) ne serait autre que charles Kaboré et que Gernot Rhor ne serait plus payé depuis trois mois...
Voici l'article dans son intégralité :
C’est la même histoire, à chaque trêve internationale, en octobre ou en mars. Les oiseaux migrateurs du football africain nichent à Roissy-en-France, dans la zone hôtelière à quelques encablures de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Ils se laissent rencontrer et raconter avec plaisir. Mardi, on s’est d’abord pointé au Pentahotel, avec sa musique lounge, ses sols boisés, ses luminaires cheap façon Philippe Starck, ses larges et moelleux canapés. Engoncé dans l’un d’eux, Gernot Rohr, le sélectionneur allemand du Burkina Faso, jongle avec les questions d’intendance. Depuis [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] des hommes du général Gilbert Diendéré, mi-septembre, le pays vit au ralenti. Le mois dernier, Rohr a vu son vol vers Ouagadougou repoussé à deux reprises, avant de finalement renoncer.
A Roissy, il essaie de savoir quand vont arriver les deux joueurs évoluant au pays et surtout les équipements. «Bon, les gars ont loupé leur correspondance à Casablanca. Et il y a Patrick Malo, un attaquant qui joue en Algérie. Lui, je ne sais pas où il est ni même s’il a son visa», dit-il sans une once d’étonnement. Il reprend : «Et à cause du nouveau planning de vols mis en place par Air France après le putsch, on n’a toujours pas reçu les maillots, les chasubles, les survêtements, etc. Le gars du matériel est en transit, il devrait arriver ce soir. Hier, ça a commencé à gueuler dans l’équipe. J’ai dit : "Oh les gars, il ne fait pas froid." Quand il pleut, on fait de la musculation. Quand ça s’est arrêté ce matin, j’ai organisé un tennis-ballon dans le parc à côté. Ça s’est très bien passé. Puis, certains m’ont redemandé après le déjeuner, toujours les mêmes d’ailleurs : "Mais coach, si on s’entraîne avec des affaires mouillées, on va attraper la crève." Je leur ai dit : "Mettez-les dans le sauna, ça va vite sécher." J’ai finalement appelé le président du club d’Orry-la-Ville, un mec très sympa, et ils nous ont prêté un jeu de maillots et de shorts. Mais pas de chaussettes, on va donc en acheter, avec des K-way.»
Ce mardi matin, lors du tennis-ballon, les frangins Alain et Bertrand Traoré, joueurs respectifs de Lorient et Chelsea, ont expédié leur ballon dans les branches d’un grand chêne. Le seul ballon Adidas Ligue des Champions du lot. Les frères Traoré ne veulent pas rentrer à l’hôtel sans l’avoir récupéré. Pendant dix minutes, toute l’équipe se masse au pied de l’arbre et balance des bouteilles d’eau en direction des branchages. Rohr, un peu agacé par ce moment qui s’éternise : «Vous n’avez qu’à vous faire la courte échelle.» Le gardien Germain Sanou, sosie musculeux de Jean-Marc Mormeck, met les mains en creux, puis balance Bertrand Traoré à l’autre bout du tronc glissant. Le joueur de Chelsea grimpe et Rohr commence à penser à la réaction de José Mourinho si le petit tombe et se blesse. «C’est notre plus grand talent et [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], je pense, confie-t-il. Il avait prévu de venir le voir à Creil, mardi 13 octobre à 19 heures, mais le match face au Congo-Brazzaville a été annulé.» Rohr doit d’ailleurs trouver un adversaire de rechange à l’arrache, à moins que le stage ne se termine prématurément : «Il se pourrait qu’on arrête le 10 octobre, pour limiter les coûts, sur ordre du ministère des Finances.»
Voilà le capitaine, Charles Kaboré, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], qui arrive avec un gros sac rempli de vêtements de luxe : «C’est pour ma fille de 3 ans, ma petite princesse, elle vit à Boulogne-Billancourt avec sa mère.» Lui évolue à Krasnodar, en Russie, un pays où sa couleur de peau interpelle certains supporters. Il dit, serein : «Ils comprendront bien un jour que le monde change !» Le racisme dans le foot n’est pas sa préoccupation première du moment, il veut surtout sécher l’entraînement du jour. Il dribble facilement le coach adjoint, José Cobos : «José, je viens de faire Krasnodar-Moscou-Nice-Paris en près de vingt-quatre heures, je suis fatigué. En plus, je n’arrête pas de jouer en Russie.» Sieste au chaud accordée, Cobos est résigné. Finaliste de la Coupe d’Afrique des nations en 2013, le Burkina a vu son niveau régresser. Ça reviendra.
Les deux formats de poche sont passés par l’AS Réal de Bamako, ils ont été formés dans l’académie du faiseur de rois, Jean-Marc Guillou.«Je suis de la même promotion qu’Adama, et pourtant je suis plus vieux, raconte Hamary de Reims, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Guillou voulait prendre les enfants à 11-12 ans, j’ai fait les tests à 15, et il m’a accepté, en me disant : "Par contre, si tu veux réussir dans le foot, tu oublies le poste d’attaquant et tu passes derrière." L’entraînement, c’était toujours avec ballon, même quand on n’avait rien à faire, on jonglait. C’était bien.» Guillou a fait d’Hamary Traoré une pile électrique, avec deux bornes plus au bout des pieds.
Et que dire du talentueux Adama, meilleur joueur du Mondial des moins de 20 ans en juin et passé de Lille à Monaco pour 14 millions d’euros. «Dans la famille, ils ont eu un peu de mal à comprendre cette somme», dit-il avec une voix si fluette qu’elle en est presque inaudible. Il vit sur le Rocher avec son seul cousin, s’améliore chaque jour à l’exigeante école du Portugais Jardim : «Il me dit d’être beaucoup plus agressif, de travailler mon placement, ma libération du ballon.»Il a 20 ans, le monde devant lui, et peut-être la carrière de son unique idole, Seydou Keita, qui l’attend. Le Mali n’a jamais disputé une Coupe du monde, mais c’est une autre histoire. Les joueurs doivent présentement rejoindre la salle de vie pour une réunion syndicale. L’Etat n’a pas respecté bien des engagements en matière de primes de matches et de renforcement du staff médical. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], face au Burkina, ce vendredi soir. Il aura sans doute lieu. Les oiseaux migrateurs du football africain ont l’habitude de sautiller sur un fil.
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Dernière édition par flow73 le Mar 20 Oct 2015, 14:14, édité 1 fois
Voici l'article dans son intégralité :
Les deux équipes africaines s'affrontent ce vendredi soir à Troyes, au stade de l’Aube. Elles ont passé la semaine dans un hôtel du Val-d'Oise et se sont préparés avec les moyens du bord.
C’est la même histoire, à chaque trêve internationale, en octobre ou en mars. Les oiseaux migrateurs du football africain nichent à Roissy-en-France, dans la zone hôtelière à quelques encablures de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Ils se laissent rencontrer et raconter avec plaisir. Mardi, on s’est d’abord pointé au Pentahotel, avec sa musique lounge, ses sols boisés, ses luminaires cheap façon Philippe Starck, ses larges et moelleux canapés. Engoncé dans l’un d’eux, Gernot Rohr, le sélectionneur allemand du Burkina Faso, jongle avec les questions d’intendance. Depuis [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] des hommes du général Gilbert Diendéré, mi-septembre, le pays vit au ralenti. Le mois dernier, Rohr a vu son vol vers Ouagadougou repoussé à deux reprises, avant de finalement renoncer.
A Roissy, il essaie de savoir quand vont arriver les deux joueurs évoluant au pays et surtout les équipements. «Bon, les gars ont loupé leur correspondance à Casablanca. Et il y a Patrick Malo, un attaquant qui joue en Algérie. Lui, je ne sais pas où il est ni même s’il a son visa», dit-il sans une once d’étonnement. Il reprend : «Et à cause du nouveau planning de vols mis en place par Air France après le putsch, on n’a toujours pas reçu les maillots, les chasubles, les survêtements, etc. Le gars du matériel est en transit, il devrait arriver ce soir. Hier, ça a commencé à gueuler dans l’équipe. J’ai dit : "Oh les gars, il ne fait pas froid." Quand il pleut, on fait de la musculation. Quand ça s’est arrêté ce matin, j’ai organisé un tennis-ballon dans le parc à côté. Ça s’est très bien passé. Puis, certains m’ont redemandé après le déjeuner, toujours les mêmes d’ailleurs : "Mais coach, si on s’entraîne avec des affaires mouillées, on va attraper la crève." Je leur ai dit : "Mettez-les dans le sauna, ça va vite sécher." J’ai finalement appelé le président du club d’Orry-la-Ville, un mec très sympa, et ils nous ont prêté un jeu de maillots et de shorts. Mais pas de chaussettes, on va donc en acheter, avec des K-way.»
L’affaire du ballon coincé dans l’arbre
Gernot Rohr est un ancien défenseur très rugueux des Girondins de Bordeaux, qu’il a entraînés par la suite, comme Nice, Ajaccio ou Nantes, et puis il a goûté aux sélections africaines. Le Gabon, le Niger, puis le Burkina. Nommé sélectionneur fin février, il n’est plus payé depuis trois mois. Pas grave. Il est accro au job, n’allez surtout pas lui demander de s’occuper de ses deux petits hôtels, au Cap Ferret et à la Réunion. Il aime trop affronter le système D, il sait qu’il ne s’ennuiera jamais.Ce mardi matin, lors du tennis-ballon, les frangins Alain et Bertrand Traoré, joueurs respectifs de Lorient et Chelsea, ont expédié leur ballon dans les branches d’un grand chêne. Le seul ballon Adidas Ligue des Champions du lot. Les frères Traoré ne veulent pas rentrer à l’hôtel sans l’avoir récupéré. Pendant dix minutes, toute l’équipe se masse au pied de l’arbre et balance des bouteilles d’eau en direction des branchages. Rohr, un peu agacé par ce moment qui s’éternise : «Vous n’avez qu’à vous faire la courte échelle.» Le gardien Germain Sanou, sosie musculeux de Jean-Marc Mormeck, met les mains en creux, puis balance Bertrand Traoré à l’autre bout du tronc glissant. Le joueur de Chelsea grimpe et Rohr commence à penser à la réaction de José Mourinho si le petit tombe et se blesse. «C’est notre plus grand talent et [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], je pense, confie-t-il. Il avait prévu de venir le voir à Creil, mardi 13 octobre à 19 heures, mais le match face au Congo-Brazzaville a été annulé.» Rohr doit d’ailleurs trouver un adversaire de rechange à l’arrache, à moins que le stage ne se termine prématurément : «Il se pourrait qu’on arrête le 10 octobre, pour limiter les coûts, sur ordre du ministère des Finances.»
Les voyageurs du Burkina
Rohr reprend son téléphone et les joueurs du Burkina défilent dans le hall de l’hôtel. Mohamed Koffi, défenseur de Zamalek (Egypte), a acheté un sweatshirt et des protège-tibias pour l’entraînement, et il narre la fin progressive des huis clos dans un championnat égyptien marqué par [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Koffi évolue là-bas depuis presque dix ans, il parle couramment arabe. Le colosse Aristide Bancé, cicatrice sur la joue gauche, porc-épic jaune sur le crâne, raconte sa nouvelle vie à Port Elizabeth et sa découverte du championnat sud-africain. Il n’a pas digéré la défaite du Burkina en Algérie, en novembre 2013, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : «A Blida, la veille du match, on n’a pas beaucoup dormi, les supporteurs algériens ont fait du bruit sous nos fenêtres toute la nuit… Dommage, on aurait été plus loin que l’Algérie, on aurait battu l’Allemagne !»Voilà le capitaine, Charles Kaboré, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], qui arrive avec un gros sac rempli de vêtements de luxe : «C’est pour ma fille de 3 ans, ma petite princesse, elle vit à Boulogne-Billancourt avec sa mère.» Lui évolue à Krasnodar, en Russie, un pays où sa couleur de peau interpelle certains supporters. Il dit, serein : «Ils comprendront bien un jour que le monde change !» Le racisme dans le foot n’est pas sa préoccupation première du moment, il veut surtout sécher l’entraînement du jour. Il dribble facilement le coach adjoint, José Cobos : «José, je viens de faire Krasnodar-Moscou-Nice-Paris en près de vingt-quatre heures, je suis fatigué. En plus, je n’arrête pas de jouer en Russie.» Sieste au chaud accordée, Cobos est résigné. Finaliste de la Coupe d’Afrique des nations en 2013, le Burkina a vu son niveau régresser. Ça reviendra.
Les promesses du Mali
On marche quelques centaines de mètres et on pénètre dans l’hôtel Relais Spa, plus massif, plus froid. En parlant de spa, voilà Modibo Maïga, l’attaquant de la sélection du Mali, qui ressort en peignoir d’une session sauna. Son coéquipier Bakary Sako, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], va chercher à l’accueil un nouvel écran de télé. Le costaud latéral Adama Tamboura nous fait part de ses progrès en danois. Il joue dans le championnat local depuis trois ans et a épousé une jolie blonde du coin. Le sélectionneur, Alain Giresse, ancien coéquipier de Rohr à Bordeaux dans les années 80, a la poignée de main ferme, mais pas d’envie de s’épancher. Le chaleureux coordinateur, Amadou Pathé Diallo, tient, lui, à nous présenter Hamary Traoré (Reims) et Adama Traoré (Monaco), les dernières pépites du Mali.Les deux formats de poche sont passés par l’AS Réal de Bamako, ils ont été formés dans l’académie du faiseur de rois, Jean-Marc Guillou.«Je suis de la même promotion qu’Adama, et pourtant je suis plus vieux, raconte Hamary de Reims, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Guillou voulait prendre les enfants à 11-12 ans, j’ai fait les tests à 15, et il m’a accepté, en me disant : "Par contre, si tu veux réussir dans le foot, tu oublies le poste d’attaquant et tu passes derrière." L’entraînement, c’était toujours avec ballon, même quand on n’avait rien à faire, on jonglait. C’était bien.» Guillou a fait d’Hamary Traoré une pile électrique, avec deux bornes plus au bout des pieds.
Et que dire du talentueux Adama, meilleur joueur du Mondial des moins de 20 ans en juin et passé de Lille à Monaco pour 14 millions d’euros. «Dans la famille, ils ont eu un peu de mal à comprendre cette somme», dit-il avec une voix si fluette qu’elle en est presque inaudible. Il vit sur le Rocher avec son seul cousin, s’améliore chaque jour à l’exigeante école du Portugais Jardim : «Il me dit d’être beaucoup plus agressif, de travailler mon placement, ma libération du ballon.»Il a 20 ans, le monde devant lui, et peut-être la carrière de son unique idole, Seydou Keita, qui l’attend. Le Mali n’a jamais disputé une Coupe du monde, mais c’est une autre histoire. Les joueurs doivent présentement rejoindre la salle de vie pour une réunion syndicale. L’Etat n’a pas respecté bien des engagements en matière de primes de matches et de renforcement du staff médical. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], face au Burkina, ce vendredi soir. Il aura sans doute lieu. Les oiseaux migrateurs du football africain ont l’habitude de sautiller sur un fil.
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Dernière édition par flow73 le Mar 20 Oct 2015, 14:14, édité 1 fois