Eliminatoires CAN 2017 : Comores vs Burkina Faso: 0-1
05/06/2016
21:05
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Le retour du coach Paulo Duarte à la tête des Etalons avait déclenché une vague de scepticisme au sein des observateurs du football burkinabè, parmi lesquels, votre hebdomadaire sportif qui s’en était inquiété au regard des précédents négatifs (Idrissa Malo Traoré dit Saboteur, Didier Notheaux) et de l’atmosphère délétère qui régnait au sein du groupe sous la direction de Gernot Rohr. A la lumière de ses premiers résultats en compétition officielle et surtout du dernier face aux Comores, force est pour nous de virer notre cuti, tant le Portugais semble avoir imprimé sa marque sur le groupe, lui redonnant envie et détermination de gagner. Pour peu qu’il reste fidèle à lui-même, que les Etalons pourront à nouveau tutoyer les sommets pour le plus grand bonheur du public sportif burkinabè
L’expédition des Etalons à Moroni ne se présentait pas sous les meilleurs auspices avec un groupe décimé par les absences de nombreux titulaires, avec en sus, un stage eupatoire pour le moins "bâclé” avec une confrontation face à une équipe française de troisième division. Ce qui n’a pas permis de juger les capacités réelles de nos vaillants ambassadeurs. Dans cette occurrence inquiétante, seul le génie tactique du coach pouvait nous sauver d’un naufrage programmé et entretenir le rêve d’une participation à la CAN gabonaise. Surtout qu’à la veille du match, nos adversaires directs les Ougandais, avaient défait les Botswanais et s’étaient emparé de la tête du groupe. La pression était donc montée d’un cran et l’on conjecturait sur l’issue de cette confrontation capitale.
Des inquiétudes qui seront gommées dès l’entame du match, car, les Etalons poseront très tôt leurs sabots sur ce match avec ce tir violent et précis d’Alain Traoré dès la 11e minute, qui fera frissonner le stade du Bonheur de Moroni. Ce d’autant qu’à la 20e minute, Jonathan Zongo, sur un caviar de Cyrille Bayala aurait pu faire mouche, n’eut été sa trop grande fébrilité et son manque d’application dans le dernier geste, ce qui semble être la marque de fabrique de nombre de nos attaquants, posant en filigrane la question fondamentale de la formation de nos joueurs. Heureusement pour nous, le coach portugais qui a compris comme tout bon entraîneur que l’assise défensive est la force principale de toute équipe qui aspire à se faire respecter, avait trouvé la bonne combinaison notamment au milieu de terrain avec le duo Adama Guira et Abdoul Razack Traoré, (un "monstre” technique et physique celui-là) qui colmatait les brèches, permettant ainsi à la charnière centrale Koné-Dayo de respirer et de ressortir sans trop de difficultés les rares ballons qui échappaient audit duo. Dès lors et malgré la volonté farouche des Comoriens de faire plaisir à leur président au stade, il ne pouvait pas nous arriver grand chose malgré cette chaude alerte de la 25e minute où le feu follet Comorien Bakar Djamel, aurait pu faire mouche, n’eut été la classe et la vista de Daouda Diakité. Idem à la 48e, où il effectue un sauvetage royal sur une rapide incursion des Comoriens, alors que tout le stade voyait le ballon au fond des filets. Grande satisfaction du match, Daouda l’aura été au même titre que Razack Traoré qui, en l’absence du capitaine Charles Kaboré, a été le véritable patron médian, ratissant nombre de ballons et éclairant le jeu de sa technique au-dessus de la moyenne. Autres grandes satisfactions, Patrick Malo, Issoufou Dayo et Cyrille Bayala, nouveaux venus qui ont joué sans complexe, prouvant qu’ils avaient leur place dans le team Etalons pour peu qu’on leur donne leur chance. Idem pour Banou Diawara qui a remplacé le fantomatique Aristide Bancé, et dont l’activité sur le front de l’attaque a fortement perturbé le bastion défensif comorien et permis à Alain Traoré d’inscrire son but de la 79è minute.
Le talent seul ne suffit pas
C’est dire qu’en football et dans toute discipline sportive en général, le talent seul ne suffit pas. La "grinta” et la forme du moment étant d’autres paramètres à prendre en compte. Une assertion justifiée au regard de la prestation décevante de Bancé qui a erré comme une âme en peine sur le terrain, durant 60 minutes avant d’être "sauvé” par Duarte qui a fini par faire appel à Diawara pour sauter le verrou comorien. A la décharge du "blond” burkinabè il faut dire qu’il est en manque de compétition depuis quatre mois, ce qui nous amène à nous interroger sur sa titularisation alors que sur le banc, il y avait des solutions plus judicieuses en ce 5 juin 2016. L’occasion pour nous de nous interroger sur certaines idées fixes de Duarte dont il devrait se départir pour le bonheur de l’équipe.
Oui, les titulaires doivent être caressés dans le sens des "poils”, mais, l’intérêt supérieur de la Nation (si, si) commande de se départir de tout sentimentalisme à l’heure de la composition de l’équipe. Hormis ce bémol, on peut affirmer qu’un groupe est né à Moroni et qu’il faut lui donner la chance de se bonifier en faisant jouer ceux qui le méritent. Pour le reste, on convient avec Duarte que le calendrier de la CAF est très mal ficelé avec ces matchs placés à l’orée des vacances des pros, alors que ceux-ci sont cuits physiquement, ce qui explique entre autres cette cascade de blessures au sein du groupe. Issa Hayatou et son staff doivent très vite engager la réflexion pour remédier à cet état de fait préjudiciable au football africain dans son ensemble. Pour revenir à notre sujet, disons que l’horizon est maintenant dégagé pour les Etalons qui ont leur destin en mains et qui devront finir le travail à domicile pour figurer dans le gotha du football africain en janvier prochain. Nous n’en doutons pas au vu de la dynamique actuelle, même si dans une perspective plus lointaine, la prospective devra continuer car certains cadres sont vieillissants et atteindront "le fond de leur fond” à Libreville. Pour l’heure, Duarte a les clés et il doit bien s’en servir pour éviter un retour de bâton qui pourrait lui être préjudiciable. De l’audace monsieur, encore de l’audace.
Boubacar SY
Envoyé spécial à Moroni (Comores)