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Can / Mondial 2010/ Vahid Halilhodzic, Sélectionneur des Eléphants : “Pour espérer gagner contre le Burkina, Avant le derby Etalons-Eléphants, le sélectionneur Vahid Halilhodzic dresse
le bilan de sa première année passée à la tête de l’encadrement
technique.
Quelles leçons tirez-vous de l’expédition guinéenne ?
On savait que le match contre la Guinée allait être difficile et nous
l’avions préparé en conséquence. Après la victoire du Burkina (1-0) au
Malawi, nous étions obligés de gagner pour préserver notre place de
leader. C’était une pression énorme que nous avons su gérer jusqu’au
bout. On n’a pas livré une grande partie, mais l’essentiel a été
acquis. Je m’en réjouis.
On avait des inquiétudes quand vous avez, pour la première fois, associé Touré Kolo Habib à Guy Demel. Qu’est-ce qui expliquait cela ?
Méité Abdoulaye qui était souvent associé à Kolo n’est plus constant dans son club. Il ne joue pas souvent. Ce qui sous-entend qu’il n’est pas en
jambe contrairement à Guy Demel, titulaire à part entière à Hambourg.
Je pense avoir fait un choix judicieux car, dans l’ensemble, Demel a
tiré son épingle de jeu auprès de Kolo.
Il y a eu cependant quelques sueurs froides dans le bastion défensif…
Les Guinéens possèdent des attaquants talentueux tels que Ismaël Bangoura, Alhassane Kéita, Pascal Feindounou (le métronome). Individuellement, ils sont très bons. Ils sont capables de déstabiliser n’importe quelle défense. En première mi-temps, ils se montrés menaçants. Heureusement, leurs essais n’ont pas fait mouche.
Sur l’action qui a provoqué le but égalisateur, notre gardien Copa Barry a été chargé par l’attaquant guinéen. Mais, nous n’avons pas paniqué et tout de suite nous avons réagi en inscrivant le but de la victoire par N’Dri Romaric.
Ce fut une réalisation d’école intervenue sur un contre bien orchestré
par Emmanuel Eboué. Ça a été difficile ; toutefois, la victoire a été
méritée. Nous aurions pu inscrire d’autres buts si nos attaquants
avaient fait preuve de lucidité devant les buts adverses.
Quel rôle avez-vous confié concrètement à N’Dri Romaric, certes auteur du but victorieux, mais qui, par moments, paraissait lent, lourd ?
Romaric et Yaya ont beaucoup joué avec leurs clubs respectifs, ils sont
fatigués. Cela s’est vérifié dans le match. Avec la chaleur, ils ont eu
des difficultés à accélérer le jeu. Romaric, avec son pied gauche
magique, sa vision de jeu et sa technique individuelle, est un joueur
intéressant. C’est un footballeur capable de réussir une passe décisive
ou de marquer. Je ne vois pas, pour l’instant, qui peut valablement
jouer son rôle. Je pense qu’il a réussi un match solide.
Après l’étape de la Guinée, celle du Burkina se dresse sur votre passage. Comment préparez-vous cette opposition qui s’annonce impitoyable ?
L’équipe du Burkina est notre plus sérieux concurrent. Comme nous, les Burkinabè totalisent deux victoires en deux matches. C’est au goal différentiel (+ 6 contre + 3) que nous les devançons pour l’instant. J’ai visionné la cassette de leur match contre le Malawi. C’est une équipe costaud.
Elle a certes moins de talents comparativement à la Guinée.
Cependant,elle est bien organisée, disciplinée, présente et très dure
dans le marquage, physiquement. Les Etalons ont de la volonté et de
l’agressivité à revendre. C’est un gros morceau qui nous attend dans
une semaine à Ouagadougou. Contrairement à Conakry, il faudra sortir
ses tripes, accepter de souffrir pour espérer obtenir un résultat
positif face au Burkina.
Au sein de cette sélection, se trouve un certain Moumouni Dagano, meilleur canonnier actuel des éliminatoires avec plus de dix buts. Le connaissez-vous ?
Je connais bien Moumouni Dagano quand il évoluait déjà en Ligue 1
française. C’est un chasseur de buts infatigable et très puissant. Il
constitue un danger permanent dans les 16 mètres adverses. Dagano est à
surveiller comme du lait sur le feu. Sa force physique est un atout
pour lui. En somme, nous allons préparer sérieusement cette bataille de
nerfs. L’enjeu est énorme et il faudra faire attention pour ne pas
laisser sa peau à Ouagadougou.
Dans tous les cas, j’ai confiance en mes joueurs qui progressent chaque jour. Il faut, toutefois, reconnaître que l’équipe est encore loin du niveau espéré.
Avoir une grande équipe nécessite un travail de longue haleine. Mais
elle est sur la bonne voie.
La priorité aujourd’hui, c’est la qualification pour la phase finale du
Mondial 2010. Mais (nous touchons du doigt) si cet objectif n’était pas
atteint, serait-ce un échec pour vous ?
Pourquoi n’êtes-vous pas positif ? Les journalistes sont souvent pessimistes. Vous aimez les «si». Et si l’on se qualifiait…
Tant mieux !
Ah bon ! Tant mieux pour tout le monde, mais pas seulement pour le
sélectionneur que je suis. Si l’on ne qualifiait pas, ce ne serait pas
mon échec. Ce serait plutôt l’échec de l’équipe nationale. Pour
l’instant, nous n’avons pas concédé de défaite. L’équipe progresse,
mais le travail se poursuit. Personnellement, je suis là pour donner un
coup de main.
J’ai eu cinq propositions plus alléchantes de la
part d’autres pays. J’aurais pu partir, mais j’ai préféré continuer
avec les Eléphants. Moi, je veux partir de la Côte d’Ivoire, la tête
haute. Je travaille en fonction de cela. Ce serait incompréhensif si ce
groupe ne se qualifie pas pour la phase finale du Mondial 2010. Cela ne
veut pas dire que la porte est grandement ouverte pour nous. Il faut
accepter de souffrir, de se battre et c’est dans la douleur que se
gagnent les grandes batailles…