Paulo Duarte : « le Burkina m’a beaucoup apporté » Paulo%20duarte
Paulo Duarte

Parti de Londres lundi matin, j’ai eu l’indicible bonheur de partager 5
heures de vol en compagnie des héros de Blantyre à bord de l’Airbus
d’Air France qui les ramenait au bercail après la victoire du week end
contre le Malawi. J’ai ainsi pu faire la causette avec certains d’entre
eux. Ainsi par exemple, Badou Kere m’a vanté « la bonne ambiance au
sein du groupe et l’apport significatif de l’entraineur Duarte »,
Patrick Zoundi a évoqué « ses douleurs à la cuisse en raison des
nombreux coups reçus pendant le match », Momo Dagano m’a
raconté sa saison au Qatar « loin de tout » et son désir « de changer
d’air au cas ou , une offre sportivement intéressante se présenterait »
, Boureima Maiga et Daouda Diakité repassaient le film de la CAN des
cadets de 1999 en Guinée .


Jonathan Pitroipa et Ousseini Zongo étaient absorbés par un film, alors que Wilfried Sanou animait un débat à l’arrière de l’avion en compagnie de Bebe Kambou et d’Alain Traore .Tous étaient pratiquement là .Tous, sauf Aristide Bance qui a pris la direction d’Abidjan pour reoxygener auprès de sa tendre
Balkissa, Narcisse Yameogo qui s’est arrêté au Portugal pour embrasser son fils Eduardo et Charles Kabore, resté en France pour « régler quelques détails ».
L’occasion était par ailleurs trop belle, pour ne pas la manquer, de discuter à bâtons rompus avec l’entraineur national, le portugais Paulo Duarte pour prendre le pouls de la sélection nationale à travers une interview exclusive accordée à Fasozine.com à plusieurs milliers de mètres d’altitude …

Fasozine.com : Quel est le secret de votre victoire contre le Malawi ?
PauloDuarte : Notre engagement et notre détermination ont eu raison de
l’équipe du Malawi. Nous voulions absolument ces trois points, même si
je savais que le Malawi n’allait pas être facile à manœuvrer. J’avais
demandé à mes joueurs ne pas sous estimer cette équipe qui a une très
bonne circulation de balle. Ce match est le plus tactique que nous
ayons jamais livré depuis que je dirige cette équipe du Burkina.[/size]
[size=12]J’avais fait une bonne lecture des matchs antérieurs du Malawi et
j’ai par conséquent donné des consignes précises à mes poulains :
mettre la pression d’entrée de jeu et fermer les couloirs gauche et
central. Ils ont respecté mes consignes.


0-0 à la mi temps, quel était votre message dans les vestiaires ?
J’ai demandé à mes joueurs de rester concentrés. Je n’ai pas changé mon
schéma de jeu. J’ai maintenu mon 4-3-3, en faisant quelques
remplacements pour faire entrer des éléments plus physiques à la place
de joueurs rapides. Ces changements se sont avérés bénéfiques puisque
nous avons remporté le match et on aurait même pu gagner par 2 à 0 si
l’arbitre n’avait pas refusé injustement un but de Dagano.


Comment allez-vous préparer la confrontation du 20 juin contre la Cote d’ivoire ?

Dans les meilleures conditions possibles. Tout d’abord j’ai donné une
semaine de congés à mes joueurs pour qu’ils puissent se reposer .Ils
sont fatigués après la longue saison professionnelle. Certains sont
blessés et doivent récupérer. Et je souhaite aussi qu’ils puissent
revoir leurs familles avant de commencer le stage des samedi prochain
pour préparer le match contre la Cote d’Ivoire.

Vous mettrez en place une préparation spéciale ?
Non pas vraiment. Mes joueurs savent ce que j’attends d’eux durant les
entrainements , de la rigueur. Ce match est sans doute très particulier
pour eux et pour le pays, je connais la rivalité qui existe et croyez
moi nous aurons à cœur de tout donner. C’est vrai que notre objectif
prioritaire reste la CAN – nous sommes en passe de l’atteindre, mais
soyez en sur, si nous avons les moyens d’aller au mondial, nous allons
tout donner. Nous devons cependant rester modestes et aborder ce match
avec humilité, avec le respect de l’adversaire et de ce qu’il
représente, mais nous entrerons sur le terrain pour gagner.

Une victoire est à votre portée ?
Pourquoi pas ? Le ballon est rond pour tout le monde. Regardez notre parcours.
Aujourd’hui au classement FIFA, le Burkina est le 7e pays africain. C’était encore impensable il y a quelques années. Nos adversaires nous accordent désormais beaucoup de respect. Je pense que nous assisterons à une belle rencontre de football.

Le mérite de cette 7e place au classement Fifa vous revient aussi en partie …
Oui c’est vrai, j’ai apporté une nouvelle organisation, un nouveau savoir faire. Mais c’est aussi grâce aux joueurs qui ont tous adhéré à mon projet. Ensemble nous avons crée une nouvelle ambiance au sein de l’équipe. Nous sommes tous fiers d’être là et de participer à l’aventure .Je dois aussi avouer que le Burkina m’a beaucoup apporté, m’a offert des opportunités, m’a fait connaitre au niveau mondial. C’est grâce au Burkina que je suis connu et sollicité par de nombreux clubs. Ma reconnaissance planétaire est en fait l’aboutissement de tout ce travail abattu avec mes joueurs.

Cette reconnaissance vous a justement valu un contrat béton avec le Mans. Pourquoi le Mans ?

Parceque c’est une expérience intéressante, entrainer une équipe de 1ere division dans un grand championnat européen, sans compter que le discours du président a été séduisant. Il a su me convaincre. J’ai signé pour deux ans . C’est un projet sportif plus intéressant que les offres que j’avais en Lybie et au Koweït, qui étaient alléchantes d’un point de vue financier.

Vous gardez cependant votre poste d’entraineur du Burkina. Pourriez-vous concilier les deux ?
Oui
biensur. J’ai passé en revue tous les paramètres d’une telle décision, vous vous en doutez bien .Je vais tout simplement faire comme les joueurs professionnels et je retrouverai la sélection nationale chaque fois qu’il y a aura des plages de regroupements prévus par le calendrier de la Fifa. Gus Hiddink l’a fait avec la Russie et Chelsea sans problèmes. Rassurez vous, ce sera facile à gérer.
En signant au Mans, j’ai posé une condition aux dirigeants du club : poursuivre mon engagement avec le Burkina jusqu'au bout. Je suis un homme de parole et je tenais à respecter mes engagements avec les étalons.

Et comment avez vous convaincu le président de la fédération Theodore Zambede de ce double emploi ?
Je suis allé le voir et lui ai exposé la situation. Je lui ai dit que le Mans me voulait avec insistance, mais que je ne voulais pas abandonner mon projet avec le Burkina, que l’équipe nationale me tenait à cœur. C’est un homme d’une très grande écoute. Il s’est rangé à mes arguments .Il a conscience que je connais mon équipe à 100% et que la mécanique est bien huilée aujourd’hui. Il m’a donc accordé sa confiance.

Mais si vous passez la saison au Mans, comment allez-vous superviser les joueurs locaux du Burkina ?

Tout est prévu .Pas de problèmes pour cela, puisque deux de mes adjoints
vont rester en permanence au Burkina pour détecter et suivre les matchs
du championnat.


Et si le Burkina se qualifie pour la CAN 2010, allez vous partir en Angola pour 3 semaines ?
C’est clair dans mon contrat avec le Mans, si le Burkina est qualifié, je pars avec l’équipe nationale tout le long de la compétition. C’est une condition que j’ai posée avant de signer avec le Mans.

Avez-vous l’intention de recruter certains étalons au Mans ?
Pourquoi pas ? Je verrai le moment venu. Je dois aller au Mans le 25 juin pour faire le point des effectifs et franchement si j’en ai la possibilité je prendrai des joueurs avec moi

Quelle empreinte souhaitez-vous laisser au Burkina ?
Celle d’avoir pu bâtir une cohésion et un véritable esprit d’équipe. J’ai apporté de la rigueur dans la préparation des rencontres, dans les regroupements, dans la façon d’aborder les matchs. Il y a une joie de vivre au sein de l’équipe. Vous savez, j’ai parcouru près de 18 000 kilomètres en 47 jours pour aller rencontrer individuellement tous les joueurs, leur parler et écouter leurs attentes .J’en ai établi un diagnostic dont les résultats sont visibles aujourd’hui et plaident en faveur de ma stratégie.