Etalons : Paulo Duarte cherchera à prouver qu’il est un bon entraineur
vendredi 8 janvier 2016
Paulo Duarte a signé le 29 décembre 2015 un contrat de deux ans avec la Fédération burkinabè de football. Ce qui marque son retour sur le banc des Etalons. Après un premier passage aux résultats mitigés, le Portugais cherchera certainement à se racheter. C’est du moins ce que pensent les acteurs du monde du football que nous avons interrogés. Lisez !
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Jérémie Nion, journaliste sportif : Paulo Duarte avait toutes les qualités mais aussi toutes les insuffisances qu’on pouvait reconnaitre à un entraineur. Il reste, pour son premier passage, quelqu’un qui a profondément marqué le changement dans la gestion professionnelle de l’équipe nationale.
Pendant longtemps, ç’a été l’épine aux pieds du bon galop des Etalons. Parce que quand vous avez une équipe et qu’on ne sait pas qui fait quoi, avec un encadrement qui ne sait pas structurer ou qui n’a pas d’exigences pour que les joueurs se sentent plus à l’aise, la situation devient souvent compliquée. Duarte a, au-delà de ses propres intérêts, veillé à ce que ses joueurs aient des conditions de travail assez irréprochables aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Burkina. Du coup, cela redynamisait les garçons. On l’a même remarqué puisque les questions d’intendance, de matériel n’étaient plus au centre des débats et tout le monde était concentré sur le football.
La deuxième chose qu’on peut espérer avec le retour de Duarte est qu’il est non seulement un manager d’hommes mais il a su imprimer une identité de jeu aux Etalons. Parce qu’il travaille très bien et il est très proche des joueurs. Il échange beaucoup avec eux. Cela a manqué à plusieurs entraineurs après le départ de Duarte. Paul Put, malgré toute l’expertise qu’on lui reconnait, il n’était pas très communiquant. Cela a dégradé un peu les vestiaires. Il y a beaucoup de joueurs qui attendaient souvent qu’il y ait des échanges avec Paul Put. Puisque quand on est remplaçant éternel, on a besoin d’avoir des explications. Mais ce n’était pas le cas avec Paul Put. Donc la situation a contribué à créer beaucoup de frustrations. Pour Gernot, c’était encore plus grave. Il avait perdu sa boussole et ne savait pas où aller.
Avec le retour de Duarte qui avait eu l’intelligence de mieux organiser les Etalons, de mieux structurer les joueurs, pourra aider les joueurs à revenir à leur meilleur niveau. La deuxième chose est qu’actuellement les Etalons sont dans une situation d’immersion totale vers le découragement, la perte d’identité, des contreperformances qui ont fini par saper le mental de l’équipe. Les deux entraineurs n’ont pas su jouer sur ce plan. Alors que nous avons actuellement des urgences que sont les éliminatoires de la CAN et du Mondial 2018.
Pendant son contrat, il faut régulièrement le recadrer parce qu’il avait entretenu des relations incestueuses avec le Ministère des Sports et des loisirs lors de son précédent passage. Je le dis et le répète, il ne doit avoir d’interlocuteur que la Fédération.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Issoufou Dem, EFO : C’est un échec pour la Fédération qui opère un retour en arrière. S’il était aussi fort qu’on le dit, il aurait eu preneur ailleurs. A ce qui avait été dit, Gernot Rhor avait été recruté pour qualifier les Etalons à la CAN et au Mondial. Mais si quelques mois après, il est débarqué c’est une reconnaissance de la Fédération de son échec. Je vais même plus loin pour dire que les dirigeants de la Fédération se sont trompés en limogeant Paul Put. Parce qu’il était mieux indiqué pour renouveler l’équipe même s’il a échoué lors de la dernière CAN. Mais comme l’équipe fédérale voulait sauver sa tête, puisqu’elle était attendue après la CAN, elle a choisi de sacrifier Paul Put.
J’ose vraiment espérer que Paulo Duarte disposera des leviers nécessaires pour actionner le football burkinabè. Parce qu’à ce qu’on entend, ce sont les leaders du vestiaire qui ont exigé son retour. Je ne sais pas si c’est du lobbying. Mais si c’est le cas, c’est grave. Parce que ces leaders de l’équipe sont près de la sortie. Alors qu’on veut renouveler l’équipe. En faisant ainsi, on pourrait comprendre qu’ils veulent protéger leurs places parce qu’ils ne veulent pas partir. Ce sera désespéré si c’est ainsi.
On est dans un éternel recommencement. En signant pour 2 ans avec lui, j’espère au moins que la Fédération a mis des garde-fous qui lui permettent de rompre le contrat au bout de quelques mois si les résultats ne suivent pas. Mais nous sommes dans le domaine du football, tout est possible. Duarte peut faire de grands résultats et nous allons oublier tout ce que nous sommes en train de dire. Prenons le cas de Paul Put. Mais cela n’exclut pas qu’on analyse froidement la situation parce qu’on a l’impression que c’est un pilotage à vue.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sylvain Zingué, promoteur de Moving Basket Camp (MBC) : On attend beaucoup de Duarte et lui il va chercher certainement à prouver qu’il avait les qualités d’un bon entraineur et que malheureusement les circonstances ne lui ont pas été favorables à un moment donné. Il est vrai que les gens se sont braqués en faisant des commentaires par rapport à ses résultats à la CAN 2012, mais ils oublient les autres résultats engrangés avec lui. En faisant un bilan général, on se rendra compte qu’il a fait de très bons résultats.
Pour ce qui est de la CAN 2010 en Angola, il y a des circonstances atténuantes à son égard. Le Togo, après l’attaque contre le car des joueurs à Cabinda, n’avait plus pris part à la CAN alors qu’il était dans le même groupe que le Burkina. En plus de cela, les Etalons ont vécu une situation difficile en lien avec ce qui s’était produit à Cabinda. Malgré tout, les Etalons avaient fait un nul face à la Côte d’Ivoire avant de tomber sur une équipe du Ghana très réaliste et très en forme qui a d’ailleurs fini finaliste de cette CAN-là. Vu le contexte, les résultats n’étaient pas négatifs à mon avis.
Pour la CAN 2012 en Guinée Equatoriale, le contexte avait également changé avec l’avènement de nouveaux dirigeants. Et ce n’est souvent pas évident d’avoir les mains libres pour travailler. Et Paulo Duarte savait très bien pendant la CAN là-bas que son sort était scellé au regard des résultats.
J’ai souvent suivi ses entrainements et j’ai remarqué qu’il est méthodique et a à cœur le travail bien fait. Compte tenu de ces deux échecs, je pense que Duarte voudra se racheter vaille que vaille. S’il est revenu, certainement que les joueurs l’ont demandé. Parce qu’au regard de la situation, on ne peut pas amener un entraineur qui ne connait pas le groupe et qui va chercher à le découvrir. Il faut être réaliste parce qu’on n’avait plus le temps pour cela. L’homme idéal était à mon avis Paulo Duarte.
Propos recueillis par Jacques Théodore Balma[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
vendredi 8 janvier 2016
Paulo Duarte a signé le 29 décembre 2015 un contrat de deux ans avec la Fédération burkinabè de football. Ce qui marque son retour sur le banc des Etalons. Après un premier passage aux résultats mitigés, le Portugais cherchera certainement à se racheter. C’est du moins ce que pensent les acteurs du monde du football que nous avons interrogés. Lisez !
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Jérémie Nion, journaliste sportif : Paulo Duarte avait toutes les qualités mais aussi toutes les insuffisances qu’on pouvait reconnaitre à un entraineur. Il reste, pour son premier passage, quelqu’un qui a profondément marqué le changement dans la gestion professionnelle de l’équipe nationale.
Pendant longtemps, ç’a été l’épine aux pieds du bon galop des Etalons. Parce que quand vous avez une équipe et qu’on ne sait pas qui fait quoi, avec un encadrement qui ne sait pas structurer ou qui n’a pas d’exigences pour que les joueurs se sentent plus à l’aise, la situation devient souvent compliquée. Duarte a, au-delà de ses propres intérêts, veillé à ce que ses joueurs aient des conditions de travail assez irréprochables aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Burkina. Du coup, cela redynamisait les garçons. On l’a même remarqué puisque les questions d’intendance, de matériel n’étaient plus au centre des débats et tout le monde était concentré sur le football.
La deuxième chose qu’on peut espérer avec le retour de Duarte est qu’il est non seulement un manager d’hommes mais il a su imprimer une identité de jeu aux Etalons. Parce qu’il travaille très bien et il est très proche des joueurs. Il échange beaucoup avec eux. Cela a manqué à plusieurs entraineurs après le départ de Duarte. Paul Put, malgré toute l’expertise qu’on lui reconnait, il n’était pas très communiquant. Cela a dégradé un peu les vestiaires. Il y a beaucoup de joueurs qui attendaient souvent qu’il y ait des échanges avec Paul Put. Puisque quand on est remplaçant éternel, on a besoin d’avoir des explications. Mais ce n’était pas le cas avec Paul Put. Donc la situation a contribué à créer beaucoup de frustrations. Pour Gernot, c’était encore plus grave. Il avait perdu sa boussole et ne savait pas où aller.
Avec le retour de Duarte qui avait eu l’intelligence de mieux organiser les Etalons, de mieux structurer les joueurs, pourra aider les joueurs à revenir à leur meilleur niveau. La deuxième chose est qu’actuellement les Etalons sont dans une situation d’immersion totale vers le découragement, la perte d’identité, des contreperformances qui ont fini par saper le mental de l’équipe. Les deux entraineurs n’ont pas su jouer sur ce plan. Alors que nous avons actuellement des urgences que sont les éliminatoires de la CAN et du Mondial 2018.
Pendant son contrat, il faut régulièrement le recadrer parce qu’il avait entretenu des relations incestueuses avec le Ministère des Sports et des loisirs lors de son précédent passage. Je le dis et le répète, il ne doit avoir d’interlocuteur que la Fédération.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Issoufou Dem, EFO : C’est un échec pour la Fédération qui opère un retour en arrière. S’il était aussi fort qu’on le dit, il aurait eu preneur ailleurs. A ce qui avait été dit, Gernot Rhor avait été recruté pour qualifier les Etalons à la CAN et au Mondial. Mais si quelques mois après, il est débarqué c’est une reconnaissance de la Fédération de son échec. Je vais même plus loin pour dire que les dirigeants de la Fédération se sont trompés en limogeant Paul Put. Parce qu’il était mieux indiqué pour renouveler l’équipe même s’il a échoué lors de la dernière CAN. Mais comme l’équipe fédérale voulait sauver sa tête, puisqu’elle était attendue après la CAN, elle a choisi de sacrifier Paul Put.
J’ose vraiment espérer que Paulo Duarte disposera des leviers nécessaires pour actionner le football burkinabè. Parce qu’à ce qu’on entend, ce sont les leaders du vestiaire qui ont exigé son retour. Je ne sais pas si c’est du lobbying. Mais si c’est le cas, c’est grave. Parce que ces leaders de l’équipe sont près de la sortie. Alors qu’on veut renouveler l’équipe. En faisant ainsi, on pourrait comprendre qu’ils veulent protéger leurs places parce qu’ils ne veulent pas partir. Ce sera désespéré si c’est ainsi.
On est dans un éternel recommencement. En signant pour 2 ans avec lui, j’espère au moins que la Fédération a mis des garde-fous qui lui permettent de rompre le contrat au bout de quelques mois si les résultats ne suivent pas. Mais nous sommes dans le domaine du football, tout est possible. Duarte peut faire de grands résultats et nous allons oublier tout ce que nous sommes en train de dire. Prenons le cas de Paul Put. Mais cela n’exclut pas qu’on analyse froidement la situation parce qu’on a l’impression que c’est un pilotage à vue.
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Pour ce qui est de la CAN 2010 en Angola, il y a des circonstances atténuantes à son égard. Le Togo, après l’attaque contre le car des joueurs à Cabinda, n’avait plus pris part à la CAN alors qu’il était dans le même groupe que le Burkina. En plus de cela, les Etalons ont vécu une situation difficile en lien avec ce qui s’était produit à Cabinda. Malgré tout, les Etalons avaient fait un nul face à la Côte d’Ivoire avant de tomber sur une équipe du Ghana très réaliste et très en forme qui a d’ailleurs fini finaliste de cette CAN-là. Vu le contexte, les résultats n’étaient pas négatifs à mon avis.
Pour la CAN 2012 en Guinée Equatoriale, le contexte avait également changé avec l’avènement de nouveaux dirigeants. Et ce n’est souvent pas évident d’avoir les mains libres pour travailler. Et Paulo Duarte savait très bien pendant la CAN là-bas que son sort était scellé au regard des résultats.
J’ai souvent suivi ses entrainements et j’ai remarqué qu’il est méthodique et a à cœur le travail bien fait. Compte tenu de ces deux échecs, je pense que Duarte voudra se racheter vaille que vaille. S’il est revenu, certainement que les joueurs l’ont demandé. Parce qu’au regard de la situation, on ne peut pas amener un entraineur qui ne connait pas le groupe et qui va chercher à le découvrir. Il faut être réaliste parce qu’on n’avait plus le temps pour cela. L’homme idéal était à mon avis Paulo Duarte.
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